Des zones de rencontre? – La droite n’en veut pas!

  • 11. mai 2020
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La majorité de droite du Grand Conseil (PLR-PDC-MCG-UDC) a refusé la pétition lancée en mars 2019 par l’association Actif-TrafiC, présente en Suisse depuis plus de 25 ans et qui milite pour la mobilité douce, la mobilité d’avenir et les transports publics. La droite refuse de promouvoir une politique favorisant la mobilité, respectant l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair) et l’ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB) et améliorant la sécurité et la santé des Genevois-es.  

Cette pétition demandait quelque chose de très simple, et qui est déjà largement répandu dans d’autres villes de Suisse: que le Canton et la Ville de Genève établissent un plan de développement et de réalisation des zones de rencontre dans l’objectif de réduire le bruit, les nuisances et l’insécurité liés au trafic routier et d’ainsi créer des espaces de convivialité dans les quartiers. Elle demandait un doublement du nombre de zones de rencontres en 10 ans, soit d’ici… 2030. Cet objectif était modeste et parfaitement réalisable. L’accent aurait été mis sur les zones sensibles où il y a des écoles, des EMS, des commerces de proximité, etc.

Cette pétition découlait en droite ligne de la LMCE (Loi pour une mobilité cohérente et équilibrée), acceptée en votation populaire en juin 2016 par plus de 67% des votant-e-s. Cette loi stipule qu’en zones 1 et 2, la priorité d’aménagement et de gestion du trafic est donnée à la mobilité douce et aux transports publics. La vitesse en zone 1 est au maximum de 30 km/h. L’accès à ces zones pour les autres modes de transport est restreint, les zones à priorité piétonne sont favorisées. La loi ancre une volonté pour le développement des zones de rencontre. Il est grand temps de la mettre en oeuvre, de passer à l’action afin de respecter cette votation populaire. La population a également voté en faveur de l’initiative 144 « Pour la mobilité douce (initiative des villes) » en 2016…. mais la droite a dit NON ! 

Qu’est-ce qu’une zone de rencontre?

Pour rappel, une zone de rencontre désigne des zones où le trafic motorisé est limité à 20 km/h, où les piéton-ne-s ont la priorité et peuvent traverser partout. Du stationnement peut exister dans ces zones, mais il doit rester relativement modeste. On peut comprendre qu’il soit important pour des commerçant-e-s et des habitant-e-s de pouvoir y accéder ponctuellement en voiture. La zone de rencontre ménage cette possibilité. C’est donc un bon compromis qui permet aussi de créer des lieux socialement pertinents. 500 zones de rencontre existent en Suisse, dont 111 à Berne, 80 à Bâle-Ville et…. 30 seulement à Genève! 

Des exemples réalistes qui montrent les bienfaits des zones de rencontre

A Genève, la rue Leschot était une rue viciée avec le passage de 5000 véhicules par jour et beaucoup de pollution. Aujourd’hui, il s’agit d’une rue pacifiée, avec un accès garantit aux véhicules motorisés des riverain-e-s. Le boulevard du Pont-d’Arve, deux rues plus loin, montre, si nous ne faisons rien, à quelle pollution et nuisances sonores les habitant-e-s sont exposé-e-s. 

Si les accès à des parkings souterrains rendent difficile la piétonisation complète des rues, les zones de rencontre permettent un compromis réaliste. Aménager des espaces en zone de rencontre n’est pas coûteux. Les commerces en profitent largement. La clientèle revient dans des espaces agréables où elle peut déambuler. D’expérience, les commerçant-e-s ont l’enthousiasme lent, mais par la suite, ils constatent qu’ils en bénéficient fortement. Les habitant-e-s ont davantage tendance à y flâner et y fréquentent davantage les commerces. C’est également ce qui est en train de se passer au quai des Bergues, aménagé par la Ville de Genève, où les commerçant-e-s d’abord frileux veulent maintenant aller plus loin dans la piétonisation. Il y a de nombreux exemples en Suisse alémanique qui illustrent le caractère bénéfique pour l’économie de limiter l’emprise des voitures; renforcer les centre-ville et les rendre plus conviviaux. Les zones de rencontres sont en cela, parmi d’autres, un outil idéal. L’exemple des zones de rencontre en Ville de Carouge est également là pour le prouver.

Dépasser les positions dogmatiques : pour une meilleure mobilité et qualité de vie 

Monsieur Vincent Kaufmann, professeur de sociologie urbaine et d’analyse de la mobilité à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), rappelle toujours l’importance de redistribuer l’espace public au profit des piéton-ne-s et des cyclistes. Les scientifiques constatent une baisse significative de la motorisation des ménages depuis deux décennies tant en ville de Genève que dans sa couronne. Redonner de lespace aux habitant-e-s est important.

Les zones de rencontre répondent à un véritable besoin. La réduction de la circulation permettra de favoriser dautres modes de circulation, mais aussi de renforcer la dimension sociale dans les quartiers. La venue du Léman Express nous invite particulièrement à fournir des efforts à proximité des gares inaugurées à la fin de l’année passée, afin de gérer les importants flux piétons et cyclises. Les trams ne parviendront malheureusement pas à embarquer tout le monde. La marche, si elle est encouragée, est un élément de mobilité fondamental. Il y a d’ailleurs eu un report vers la marche très important au cours des trente dernières années, malgré un retard dans les infrastructures.  

Conclusion

Genève a un important retard à rattraper en comparaison avec la Suisse alémanique. Malheureusement, la droite continue de défendre les lobbys de la voiture qui la nourrissent contre les habitant-e-s et leur santé. Les habitant-e-s sont toujours plus nombreuses et nombreux à se passer de véhicules motorisées et n’en peuvent plus d’être coincé-e-s dans les embouteillages, risquer leur vie sur les routes. Aujourd’hui, ce sont les usagères et usagers vulnérables qui en paient le prix fort.

Notre petit Canton manque d’espace. Pourtant ce dernier continue d’être sacrifié et bétonné, comme dans les années 60. Demander davantage de zones de rencontres, était aussi une possibilité d’obtenir davantage d’arbres et d’espaces verts.

Alors que l’urgence climatique prétend préoccuper maintenant tous les partis ou presque, et que ces derniers disent vouloir prendre des mesures, les partis du PLR, MCG, UDC, PDC, ont montré, en refusant une pétition toute simple, réaliste et concrète, quelles étaient leurs véritables options en terme de mobilité et de défense du climat.

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