Le constat de l’urgence climatique a été clairement énoncé et scientifiquement démontré depuis des décennies. Il est brutalement éprouvé ces dernières années dans notre quotidien, par des étés caniculaires, accompagnés de sécheresse, d’où découle la mise en danger, quand ce n’est pas la mise à mort, des catégories les plus vulnérables de la population et de milliers d’espèces animales.
La crise climatique renforce les inégalités sociales. Pourtant, les réactionnaires se barricadent face à tout changement. Au nom d’une lutte imaginaire contre le «wokisme» ils tirent à vue sur ce qui invite à répondre aux défis de notre temps et à évoluer. Refusant d’aller vers une société plus égalitaire, moins nocive pour l’environnement, ils se barricadent derrière la défense de vieilles statues ou de voies automobiles comme autant de vaches sacrées.
L’effet contraignant des accords de Paris en vue de plafonner l’augmentation de la température à 1,5 degré, le fait de devoir réduire de 40% le trafic motorisé à Genève d’ici à 2030, tout cela est connu, archiconnu… mais toujours contesté par ceux pour qui tout va très bien. L’inégalité croissante des richesses, la concentration grandissante des fortunes entre les mains de quelques-uns nous engage à agir plus rapidement et fortement. L’augmentation de la pauvreté est marquante. En Suisse, 46’000 aînés vivent dans une pauvreté sans issue. À Genève 15,9% de la population a un revenu mensuel sous le seuil de pauvreté absolue. Des mesures de correction sont prises avec un filet social qui joue son rôle, mais en regard de la violence de la crise, les mailles s’élargissent. Il faut donc s’attaquer résolument aux conditions de production de la pauvreté.
Quand il s’agit d’ancrer dans des lois des volontés et prendre des mesures concrètes, la droite majoritaire dans les enceintes parlementaires joue la montre ou, procédurière, se tourne vers les tribunaux. D’une manière pernicieuse elle invoque le fait qu’il ne faut pas trop contraindre, mais plutôt inciter mollement, car sinon: «Vous allez faire fuir les riches et empiéter sur les libertés individuelles.»
C’est ainsi que, depuis des décennies, la rénovation des bâtiments et leur nécessaire meilleure isolation a été laissée au libre arbitre des propriétaires qui s’en moquaient. De toute façon, au final, les charges sont payées par leurs locataires. Ne pas contraindre les propriétaires revient au final à faire payer ceux qui n’ont pas d’autre choix que de le faire. Les classes précaires et moyennes trinquent. Le climat est flingué au passage.
Opposer l’enjeu économique et climatique est un contresens. Si l’un continue de prédominer sur l’autre de manière écrasante, nous n’aurons bientôt plus le luxe de pouvoir peser ces deux intérêts. Il n’y aura plus ni économie ni climat. Des choix importants doivent être faits, dans les mois qui viennent. Celles et ceux qui défendent encore le déni et l’immobilisme au nom des «libertés individuelles» et du culte des années 70 sont des capitaines de Titanic. Ils seront les premiers à prendre les chaloupes de sauvetage pendant que les moins fortunés resteront coincés dans les cales.