Les casseurs sont au parlement!

  • 11. mai 2020
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Les député.e.s étaient réuni.e.s au Grand Conseil pour le vote du budget. La droite cantonale a procédé alors au massacre de Noël en biffant 412 postes du budget 2020 de l’Etat de Genève (des postes d’enseignant.e.s, au service de la protection de l’adulte, au service de la protection des mineurs, etc.,); cassant violemment l’équilibre social. Un collègue partageait alors avec moi la photo prise lors de l’inauguration officielle du Leman Express ce jeudi 12 décembre. Et que montrait cette terrible photo? un tag! Sur le nouveau train ! Blasphème.

Avec un brin d’humour, et un clin d’oeil décalé rendant hommage à l’acte créatif et politique d’appropriation d’une rame de train flambant neuve par des adeptes de peinture, je soulignais brièvement le caractère subversif et créatif de ce trait sur un réseau social. Pour rappel, la culture du graff est une culture non-violente, et avant tout un mode d’expression. Les graffitis existent depuis des époques reculées, certains exemples remontent à la Grèce antique et à l’Empire romain. Le graffiti est aussi une forme d’art graphique. Certains le trouvent beau et esthétique, d’autres y voient du vandalisme. Au moment où les officiels étaient réunis autour du Léman Express, ce graffiti ramenait sur le devant de la scène ceux qui n’y étaient pas été conviés, ceux qui, au milieu des délais et budgets respectés, avaient réussi à glisser un trait décalé. Il y avait dans cet acte aussi quelque chose de fort Pas de quoi casser trois pattes à un canard?

Tempête à droite !

Mon commentaire a gravement déplu au Conseiller national PLR Christian Lüscher. Cet élu en est même venu à faire l’éloge de la violence sur les enfants pour justifier sa position, réclamant des coups de pieds au cul pour nettoyer ce train. Alors que les violences sur les enfants ne cessent d’augmenter en Suisse[1],  en faire l’éloge d’une manière complètement décomplexée devrait susciter une forte réprobation. Défendre le matériel plutôt que l’humain est une une position malheureusement constante chez cet élu, et encore globalement trop présente dans notre société où la défense des propriétés privées passe avant la défense des gens.

Se sont aussi indignés avec lui d’autres politiciens de droite, voyant dans ce coup de peinture une infâme balafre sur le nouveau train régional. Mais ce qui devrait plutôt alerter ces élus de droite c’est le fait que la pollution atmosphérique en Suisse cause près de 3’000 décès par an, plus de 20’000 cas de bronchites, 20’000 jours d’hospitalisation et que la pollution atmosphérique a des conséquences désastreuses sur la santé publique en Suisse. Son coût humain, comme son coût environnemental et financier est massif. Il est causé principalement par l’industrie, les chantiers, le transport aérien et le trafic motorisé (70% de la pollution pour les PM10 à Genève) et que ces élus, notamment Christian Lüscher ont toujours TOUJOURS voté contre l’écologie et contre la santé publique. Ce qui devrait alerter ces élu.e.s de droite, c’est leur inaction concernant la politique écologique, et la protection de la santé[2], et la casse sociale préméditée au Grand Conseil : 412 postes biffés ce vendredi, et 24 millions de coupes par une alliance PDC-PLR-UDC-MCG[3] … cela n’est pas une simple peinturette sur un train.

 

Le graffiti : une culture urbaine 

Le graffiti est une culture urbaine, un mode d’expression artistique, comme l’est un film, un poème. Le film la belle verte de Coline Serreau (1996) en est une autre et reste un des films les plus visionnaire concernant l’écologie et la manière dont les humains se traitent. Une scène mérite le coup d’oeil, celle du rétroviseur.[4] On y voit un homme dans sa voiture perdre la tête parce qu’on lui a effleuré son rétro. En espérant qu’elle puisse susciter un sourire à ceux qui savent rire d’eux-mêmes, et une piqûre d’éveil aux autres, elle nous rappelle aussi combien il est facile de passer à côté de l’essentiel.

Le budget du Canton de Genève a été, ce funeste vendredi 13 décembre, raboté de 412 postes qui étaient essentiels à son fonctionnement. Mais ce qui serait grave, ce qui serait terrible, comprenez-vous, c’est que l’on aie graffé un train! Cette tempête dans un wagonnet rappelle la polémique du début de l’été quand des pots de couleurs avaient été déversés sur le mur des Réformateurs.[5] Certains souhaitant immédiatement mettre sous caméras et barbelés le monument, alors que l’acte dénonçait les violences homophobes et transphobes. Pour certains, dans cette République, il faut encore et toujours défendre les biens avant les gens. C’est triste.

Défendre la créativité, lutter contre la casse sociale !

Le budget du Canton de Genève a été, ce funeste vendredi 13 décembre, raboté de 412 postes qui étaient essentiels pour son fonctionnement. Les casseurs sont au parlement. Mais il semble qu’à Genève, les pots de couleurs sur les murs, ou sur les trains, fassent réagir plus fort que la pollution atmosphérique, les violences domestiques et la casse sociale.[5]

 

[1https://www.rts.ch/info/suisse/9608739-les-cas-de-maltraitance-envers-les-enfants-ont-augmente-de-10-en-2017.html

[2]https://www.ate-ge.ch/nos-themes/qualite-de-lair/

[3] http://bit.ly/36C59VP‬

[4]https://www.youtube.com/watch?v=6ShBEsmPvhg

[5]http://commecacestdit.blog.tdg.ch/archive/2019/07/16/calvin-barbouille-299776.html

[6]https://www.rts.ch/info/regions/geneve/10892885-pres-de-50-des-violences-recensees-a-geneve-sont-domestiques.html

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