Sur les terrasses des cafés, restaurants, tea-room, c’est un joli ballet qui a lieu ce week-end. Ça frotte, ripoline, ça karchérise, recloue ici, repeint-là, balaie tout, sous un petit air printanier et de redémarrage qui chauffe le coeur.
Les blagues s’enchaînent. Au Portofino ça pince l’arrivée d’eau du Karcher pour chambrer le patron qui nettoie sa terrasse. Peut-être pour lui éviter de trop se prendre la tête sur comment il va disposer ses tables, mesurer les séparations en Plexiglas entre celles-ci, les remonter de la cave. C’est un peu comme avant un jour de fête: il y a une effervescence pour tout remettre en ordre, que ce soit beau et accueillant. Les habitué-e-s promettent qu’ils seront là lundi, même s’il fait froid, même s’il pleut. Ils lancent de joviaux : « ça m’a manqué », de joyeux : « vivement un petit espress’ en terrasse », pour ponctuer les échanges et se dire à demain, à défaut de se serrer la main.
Pourtant rien n’est rose. Les tenancier-e-s devront s’assurer que les client-e-s laisseront leur coordonnées, respecteront les distances physiques, se désinfecteront les mains, porteront le masque quand ils ne seront pas en train de consommer. Quoi répondre quand ces dernier-e-s voudront aller aux toilettes? Etc etc.,
Certes, il y aura suffisamment de monde pour créer du travail supplémentaire, mais pas forcément de trop pour engager du personnel supplémentaire. Bref il faudra être au bar et en terrasse, se démultiplier, avoir les yeux partout et la responsabilité de tous: du respect des normes sanitaires et des contraintes légales. La réjouissance de lundi n’aura rien d’une fête improvisée. Pour les professionnel-le-s de la branche, c’est un nouveau défi. Une demie-ouverture qui ne résout rien, un risque, mais aussi une espérance d’embellie.
Une terrasse fait le printemps?
« Le paradis c’est d’être assis à la terrasse un soir d’été et d’écouter le silence » (Alec Guiness). Si l’on pouvait aussi utiliser l’arrière-salle ce serait magnifique. À nous toutes et tous d’être à la hauteur, de respecter les mesures sanitaires, ne pas charger les cafetiers restaurateurs de la surveillance d’incorrigibles récalcitrant-e-s du masque, des je-m’en-foutiste de la distance physique, des crachoteurs invétérés, rebelles du postillon et autres contestataires de la petite cuillère à café. Les professionnel-le-s de la restauration auront suffisamment à faire sans se charger en plus de la police de la terrasse. Épargnons leur ces soucis et surtout… remercions-les de réouvrir ce lundi!
Cette ouverture des terrasses paraît aussi exotique qu’un voyage à l’étranger, autant chargé de souvenirs que l’ouverture d’une vieille malle dans un grenier rempli de parfums. Faisons-en une véritable fête de retrouvailles. L’Homme est un animal de terrasse, la commensalité la base de notre culture et de notre vivre ensemble. Merci à toutes celles et ceux qui prendront la responsabilité d’ouvrir leur terrasse ce lundi.
Vous nous êtes essentiel-le-s !