Jésus Christ, le chocolat et la chasse aux oeufs

  • 13. avril 2021
  • air du temps
  • Pas de commentaire
artworks-000123515687-jemzsx-t500x500.jpgLe vendredi saint est un jour de deuil où les chrétien-ne-s commémorent la passion et la crucifixion du Christ. Un ami me demandait ce qu’était au juste ce vendredi saint. Je lui ai expliqué en peu de mots qu’il y a plus de 2000 ans, un homme avait vécu une vie si extraordinaire que l’on s’en souvenait encore aujourd’hui et que l’on marquait sa mort comme une fête, car elle préfigurait quelque chose d’inconcevable : une résurrection (rien de moins) et surtout : la confirmation d’un engagement pour l’autre total menant à une vie éternelle (j’en vois déjà grincer des dents).

Ce vendredi est un jour de cendre, de tristesse, où un innocent est mis à mort, broyé par les pouvoirs du monde; où la volonté du bien est annihilée par les pouvoirs de l’indifférence, de la jalousie et de la voracité. Pas de quoi se réjouir, pas de quoi fêter non, vraiment pas.  Pas de quoi aller griller ses saucisses avec ses potes, monter au chalet en Valais en sifflotant une main sur le volant, surtout si l’on pense une seconde que les prisons du monde entier sont pleines de petits Jésus cassés en deux, les orphelinats aussi, les abattoirs et les tranchées de même en ce vendredi 2 avril 2021.

Mais attention à ne pas culpabiliser hein : ne nous laissons surtout pas trop envahir par les misères du monde. Il y a le Covid, on est toutes et tous au bout du rouleau (même si certains ont des rouleaux de réserve alors que d’autres sont bien au-delà du dernier scotch). On ne va pas en plus nous charger de tous les péchés du monde.

Ce n’est pas de notre faute si des individus continuent à se faire crucifier aux quatre coins de la planète, brûler la plante des pieds et percer les flancs à coups de perceuse (l’humanité a progressé depuis les lances de la soldatesque romaine, ça s’est raffiné). Ce n’est pas de notre rapacité qu’il est question, pas de notre indifférence, ni de notre quête de pouvoir, pas de notre volonté de puissance ni de notre mort que parle cette histoire, ni de notre peur de perdre, non, bien entendu. Ce vendredi saint, c’est juste un jour de congé en plus pour se détendre un coup avant de reprendre le boulot… lundi, ah non, mardi…

Ok, si c’est la fin du monde le vendredi, pourquoi se souhaite-t-on « joyeuses Pâques » en faisant ripailles, mangeant du chocolat à tire-larigot? – Parce que justement ce n’est pas la fin de l’histoire. Pour faire court ni tuer tout suspens, trois jours après avoir été décroché enterré oublié déserté annihilé et balancé du côté des nobody’s pour l’éternité,  l’homme d’il y a plus de 2000 ans revient à la vie et à la gloire (mais ça personne ne le sait encore).

C’est dingue, non? Il rebondit de la mort à la vie. Et ça, on peut le dire, c’est une bonne nouvelle dans l’enfer de ce monde. Tout le monde n’y croit pas, et c’est bien compréhensible tellement c’est incroyable, surréaliste à souhait. D’ailleurs, même les croyant-e-s les plus endurci-e-s, si on les travaille sur ce point, si l’on creuse, y vacillent. Quoi : tout le monde casse sa pipe, plus personne ne revient depuis belle lurette et vous y croyez encore vous ?

Comment se fait-il que plus de 2000 ans après sa mort et le récit (fictif ? imaginaire? incroyable? fakenewisé ? miraculeux ?) de sa résurrection, on se souvienne encore de ce type aux pieds nus ? Et que chaque fois que l’on croise les yeux de l’étranger, du prisonniers, du malade ou de l’assoiffé, il nous dit : je suis là, je suis là, je suis ici aussi et là, et qu’il ouvre deux chemins devant nous : celui de la mort ou celui de la vie.

Il y en a eu des sorcières flamboyantes, d’illustres sages, des inspiré-e-s, de brillantes politiques et de fameux stratèges… passés à la trappe par milliers. On les a oublié – c’est moche mais c’est la vie-  alors que lui : toujours au haut de l’affiche, au firmament du mystère et de l’attractif, toujours pareillement haï, également méprisé, raillé.

Mystère.

Aujourd’hui, il y a plus de 2000 ans, un homme se faisait découper par la soldatesque, humilier sur la croix et railler par les brigands qui partageaient son sort: un homme démuni de tout sauf d’une foi plus grande que lui.

Cette histoire demeure d’une affolante actualité. Le message que porte ce va-nu-pied, d’une féroce actualité.

Se souhaiter « Joyeuses Pâques », en regard de l’état du monde ? – Folie.

Sur ce:  bonne chasse aux oeufs !

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