Un enfant qui a faim, on ne lui demande pas son titre de séjour, on lui donne à manger

  • 29. septembre 2020
  • Genève
  • Pas de commentaire

IMG_6577.jpeg

Alors qu’au plus fort de la crise de la Covid-19 une unanimité se dessinait pour rappeler que personne ne devait être laissé de côté, on voit aujourd’hui des groupes à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique travailler pour en laisser tomber le plus grand nombre. La mise en cause du projet Papyrus dans un reportage de la RTS la semaine passée salit le remarquable travail des associations et des syndicats.[1] Pour rappel : l’action Papyrus a permis de régulariser la situation de 2390 résident-e-s du canton de Genève. Cette opération doit évidemment être reconduite. Les associations et les syndicats ont immédiatement rappelé que les allégations colportées dans ce reportage risquaient de porter discrédit sur l’opération dans son ensemble.[2]Selon eux, les faiblesses de l’Office Cantonal de la Population et des Migrations (OCPM) en termes d’effectifs ou de compétences ne relèvent pas de l’Opération Papyrus, mais sont davantage structurels. Papyrus est d’évidence une avancée importante pour le droit des personnes migrantes et pour l’état de droit. Pourquoi certains veulent-ils le salir maintenant ?

Au moment où le Grand Conseil se saisit cette semaine du projet de loi du magistrat Thierry Apothéloz sur l’indemnisation pour perte de revenu liée aux mesures de lutte contre le coronavirus, certains veulent le torpiller. Ce projet de loi vise à atténuer de manière urgente les conséquences économiques exceptionnelles liées au Covid-19 par le biais d’une indemnité financière unique et à limiter la précarité frappant certaines personnes domiciliées dans le canton ayant eu, avant la crise du coronavirus, une activité lucrative, et ne bénéficiant pas d’autres aides fédérales ou cantonales. Ce projet de loi a été renvoyé une première fois en commission sociale. Le magistrat MCG Poggia s’étant entre temps rué pour en dire tout le mal qu’il en pensait à la télévision. Il semble loin le temps où une unanimité régnait pour affirmer que personne ne devait être laissé de côté. Le journaliste Eric Budry a pourtant adéquatement rappelé que « lorsqu’une personne se noie, on ne lui apprend pas à nager, on lui lance une bouée ». [3]

Aujourd’hui, la majorité de droite au Grand Conseil, après avoir voté 100 millions pour l’économie, 17 millions pour le salon de l’automobile, sort sa calculette pour les plus précaires de notre cité. Les fuites anonymes sur Papyrus, c’est un travail de sape pour miner ce projet de loi pour les plus précaires, ce dernier prenant pareillement appui sur les associations et syndicats pour la préparation des dossiers.

Heureusement, la Ville de Genève ne louvoie pas. Annonce de prolongation d’ouverture de la caserne des Vernets, ouverture d’un appel à projets pour offrir un accueil réservé à des femmes avec un accompagnement social. Pour la magistrate socialiste Christina Kitsos, la ligne est claire : personne ne doit être laissé de côté.

Il est toutefois évident que la Ville ne pourra pas, à elle seule, absorber toute l’urgence sociale et les immenses défis posés par celle-ci. Il est donc important qu’au niveau cantonal les député-e-s prennent aussi leurs responsabilités, en ne faisant pas la guerre aux pauvres en prétextant qu’il y aurait des misères légales et des misères illégales.

Un enfant qui a faim, on ne lui demande pas son titre de séjour.

On lui donne à manger.

 

[1] https://www.rts.ch/play/radio/le-12h30/audio/loperation-genevoise-de-regulation-de-clandestins-papyrus-entachee-de-gros-dysfonctionnements?id=11391093

[2] https://asile.ch/2020/06/18/operation-papyrus-reponse-aux-allegations-publiees-par-la-rts/

[3] https://www.tdg.ch/il-est-lheure-de-secourir-pas-de-gloser-292378688015

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *