Qui penserait à vider les réservoirs de son bateau avant une périlleuse traversée ?

  • 29. septembre 2020
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Les organisations engagées dans les domaines de l’aide alimentaire, des aides sociales, de la santé, de l’asile ou de la lutte contre les violences sexistes ont fait un travail incroyable. Les associations impliquées dans la prise en charge des besoins sociaux et sanitaires des populations précarisées ou fragilisées par la crise économique et sociale ont lutté d’arrache pied en première ligne et continuent de le faire. Engageant des ressources importantes, puisant dans des budgets extraordinaires, impliquant leur personnel pour assurer des permanences, ces entités ont fait un travail fantastique et sauvé des vies.

Les fonctionnaires (de la santé, police, social, administration) ont courageusement fait face et sauvé des vies.  Il faut leur rendre hommage. Mais il faut surtout leur donner les moyens de poursuivre leur action. Or, que nous annonce la cheffe des finances du Canton : « Il faudra se serrer la ceinture en 2021 et diminuer les dépenses de l’État ».[1] Cette décision politique est à rebours du bon sens. Et les applaudissements de 21h résonnent comme un funèbre écho aux propos de la grande argentière au sujet du budget 2021.

Ces dernières semaines, le Grand Conseil a voté successivement des projets de loi dégageant des moyens pour soutenir : les vignerons, l’hôtelerie, le salon de l’auto, l’économie… la clause d’urgence a été votée pour tous ces objets. Le Grand Conseil a également voté 5 millions pour répondre à l’urgence alimentaire ; 15 millions ce jeudi pour indemniser les personnes qui ont perdu leur revenu (sans clause d’urgence!). Oui l’État a répondu présent (davantage pour l’économie que pour le social), mais il serait naïf de penser que la crise est derrière nous.

Les violences familiales ont été sous-évaluées durant cette crise. L’augmentation de femmes qui se retrouvent à la rue avec des enfants et viennent actuellement frapper à la porte des associations nous alertent fortement. La crise sociale est là, dévastatrice. Elle va durer et s’intensifier. Ses conséquences vont se renforcer durant les prochains mois et durant toute l’année 2021, avec une probable « deuxième vague » de la pandémie qu’il va falloir affronter.

Affaiblir l’État et les associations au coeur de la tornade est une absurdité. On a beaucoup raillé l’impréparation de la Confédération qui n’avait pas stocké de masques. Et au moment où la crise sociale frappe et une deuxième vague s’annonce, certain-e-s affirment vouloir réduire la voilure de l’État pour faire des économies? Inconscience!

Les prochains mois seront violentissime. L’État et les associations oeuvrant en première ligne doivent être renforcés afin d’être en capacité de faire face à l’afflux supplémentaire de personnes qui perdront leur logement ces prochains mois, seront sous pression pour rembourser leurs emprunts, verront leur couple éclater, perdront leur logement, ne pourront plus subvenir à leurs besoins vitaux.

Ces personnes ne sont pas des « profiteurs » comme l’a affirmé l’extrême droite d’une manière méprisante, mais des gens qui s’occupent de nos enfants, de nos grands parents, lavent le linge sale de la collectivité, ont maintenu des espaces propres pour toutes et tous, risquant leur propre santé. Pour que ces gens puissent continuer de vivre et travailler, il est important de soutenir les associations qui leur viennent en appui.

Il n’y a pas les nôtres et les autres. Il y a une seule barque et nous sommes toutes et tous dans celle-ci, et nous sommes toutes et tous à deux doigts du naufrage. Il est de notre responsabilité de soutenir et renforcer celles et ceux qui souquent ferme pour maintenir notre barque à flot au travers de la terrible tempête que nous traversons, et dans laquelle, malheureusement, nous ne faisons qu’entrer.

La crise n’est pas derrière nous, Elle n’est pas circonscrite à mars et juin 2020. Ses effets vont malheureusement se déployer et faire sentir tout au long de l’année 2021.

Qui oserait vider les réservoirs de son bateau pour faire des économies avant une longue et périlleuse traversée ? C’est pourtant bien, ce que certains, à droite, ambitionnent de faire.

Gouverner, c’est prévoir. Au moment où le Conseil d’État finalise son budget 2021 qu’il présentera fin août aux député-e-s ; au moment où la capitaine des finances veut rationner le carburant, cette stratégie suicidaire d’affaiblir celles et ceux qui ont lutté en première ligne en leur plantant l’harpon de l’austérité dans le dos risque de faire chavirer notre embarcation. Elle nous expose toutes et tous à un danger aggravé.

Ne nous laissons pas déboussoler.

[1] https://www.tdg.ch/nathalie-fontanet-veut-diminuer-les-depenses-533114865922

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