Le ministre de la santépolice perd les pédales

  • 09. juin 2020
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Le lundi 18 mai, une manifestation spontanée a réuni plus de 2000 cyclistes en soutien à la politique du Conseil d’Etat d’ouvrir de nouvelles pistes cyclables en lien avec le COVID-19. Le magistrat Poggia s’en est trouvé fort marri et a haussé le ton suite à celle-ci, menaçant indistinctement d’amendes les personnes qui y étaient présentes. Le Grand Conseil, le Conseil municipal de la Ville de Genève, les chambres fédérales ont pourtant pu siéger. Pas les cyclistes. Le droit de manifester est ainsi gelé pour certain-e-s et autorisés pour d’autres. L’exercice des droits démocratique serait-il uniquement à disposition des élu-e-s?

Il faut remercier les services de police présents le 18 mai qui ont encadré ce rassemblement spontané cycliste et permis que les droits démocratiques soient respectés ; que la sécurité de toutes et tous soit garantie. Il demeure toutefois regrettable qu’une logique répressive et punitive soit proclamée par le ministre de la santépolice plutôt que de chercher à faciliter la vie des gens et l’exercice de leurs droits démocratique. Plutôt que de participer à une dangereuse escalade (cf.appels d’automobilistes à rouler sur les pistes cyclables voir sur les cyclistes sur les réseaux sociaux) le ministre de la santépolice ne devrait-il pas plutôt chercher à ramener la sérénité, le dialogue en sortant des logiques d’invectives pour dégager un chemin garantissant les droits démocratiques et la santé publique?

L’intervention de Monsieur Poggia soulève plusieurs questions : Pourquoi les droits démocratiques sont-ils garantis à certains et interdits à d’autres ? Quels sont les critères pour accepter ou refuser une demande de manifestation? Ces critères ont-ils été explicitement communiqués à la population, ainsi que la marche à suivre pour obtenir une autorisation de manifester? Pourquoi le Conseil d’Etat a-t-il autorisé des député-e-s et des élu-e-s municipaux/ales à siéger en les protégeant, et interdit-il aux citoyen-ne-s défendant leurs droits et jusqu’à la politique du Conseil d’Etat de le faire ?

De nombreux appels d’automobilistes à rouler sur les pistes cyclables et sur les cyclistes eux-mêmes sont apparus sur les réseaux sociaux. De quelle manière la police y a-t-elle répondu : des personnes ont-elles été interpellées à ce sujet ?

Il est regrettable que le ministre de la santépolice annonce qu’il poursuivra (sur quelles bases légales, avec quels moyens de vidéosurveillance?) les cyclistes qui ont pacifiquement roulé sur des pistes que le Conseil d’Etat a aménagé pour eux le 18 mai, tout en ne disant mot sur les appels au meurtre visant les cyclistes.

Cette politique du deux poids deux mesures n’est pas acceptable. De la même manière que passer des menottes et amender lourdement les citoyen-ne-s ayant répondu à #apppel4mai après leur avoir refusé une autorisation de manifester relève plus de l’arbitraire que d’une saine gestion de l’Etat.

Il est urgent que monsieur Poggia retrouve mesure et équilibre plutôt que de menacer à tout va les citoyen-ne-s et leur interdire l’exercice de leurs droits démocratiques.

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