Pourquoi fêter le 1e août?

  • 08. août 2018
  • air du temps
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Si le 1e août peut être fêté, c’est pour rendre hommage à toutes celles et ceux qui par leur présence, leur énergie, leur travail, leur folie, ont contribué à l’élaboration d’un territoire où la liberté de parole est défendue, et à côté de la liberté d’entreprendre celle de ne pas se faire détruire par ceux qui entendent la libre entreprise comme le droit de s’approprier les biens et l’air du voisin.

Si le 1e août peut être fêté, c’est pour rendre hommage aux binationaux, aux apatrides, aux retraité.e.s aux oiseaux rares, aux borgnes et aux cyclothymiques, aux migrant.e.s et mineurs, aux enfants et aux fleurs, à toutes celles et ceux qui font que la Suisse fait plus qu’exister, mais qu’elle vit, avec une humanité diverse, métissée.

Si le 1e août peut être fêté, c’est pour rendre hommage à celles et ceux qui passent quelques jours ou quelques années, y travaillent ou contemplent, offrant le meilleur de leur vie avant d’être parfois mis dehors comme des chiffonniers par des lois iniques, ou de partir d’eux-mêmes ailleurs, la planche leur ayant été savonnée. Si le 1e août peut être fêté c’est parce que nous avons l’espoir de changer les lois, et soutenir ceux qui entendent par liberté d’association non pas le pouvoir des lobbyistes et affidés, mais celui de l’engagement citoyen.

Si le 1e août peut être fêté, c’est pour celles et ceux qui ont quitté un temps famille et enfants pour contribuer au bien être de notre société, s’y sont sentis assez de force, pour y rester. Nous leur devons reconnaissance et respect. Si le 1e août peut être fêté, c’est pour celles et ceux qui se sont occupés des ancien.ne.s, des enfants, des silencieux et des tristes.

Dit-on d’un humain qu’il est humain de 1e de 2ème ou 3ème génération? Non. On s’en fout. Et un passeport ne conditionnera jamais la valeur de quiconque. Ceux qui s’appuient dessus pour se valoriser ou en exclure d’autre sont davantage à plaindre qu’autre chose. ‘Y’en a point comme nous’ étant le comble de l’obscurantisme et du communautarisme.

Si le 1e août peut être fêté, c’est pour tous les autres jours de l’année, pour les féministes et les colleurs d’affiches, ceux qui bondissent encore de leur siège, les anarchistes, les doux rêveurs, les empêcheuses de tourner en rond, les funambules, les insomniaques, les éditeurs, tous les chercheurs et chercheuses de possibles.

Si le 1e août peut être fêté, c’est pour Agota Kristof, Georges Haldas et l’Ovomaltine, Max Frisch, Thomas Hirschhorn, Griselids Réal, Aloïse Corbaz, Maurice Bavaud, Niklaus Meienberg, Ruth Dreifuss et l’Eiger, Ella Maillard, Giacometti et Tinguely, Shaqiri et les faux monnayeurs, ceux qui ne font des plis, celles qui parlent fort et toujours davantage.

Nous leur devons quelque chose de fondamental : de continuer à vivre au lieu d’exister bêtement en ânonnant par atavisme le refrain éculé d’un cantique, mais de continuer à débattre et poser des critiques pour renforcer la Suisse de demain.

Nous leur devons quelque chose de fondamental: de conchier le nationalisme berceau de toutes les étroitesses et préférences endogamiques, de reconnaître dans l’autre, dans tout autre, un égal de soi et même davantage :un supérieur, car il nous sort de l’esprit de cocon et confort, nous enseigne le relativisme, et que la chance de vivre dans ce pays s’accompagne d’une responsabilité : celle d’en être de simple récipiendaires et donc transmetteur.

Aux gens bien nés : le hasard de la naissance aurait pu vous envoyer ailleurs, au fond de la Méditerannée aussi.

Si le 1e août peut être fêté, c’est pour ne pas ressortir jusqu’à la nausée les vieux mythes fondateurs éculés, il y a suffisamment d’héroïnes et de héros modernes engagé.e.s au quotidien pour se passer d’une histoire militaire ou de légendes fantasmées.

 

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