Bye bye Conseil Municipal, bonjour Grand Conseil

  • 08. août 2018
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Après 7 ans passés au Conseil municipal de la Ville de Genève, je quitte celui-ci ce mardi 5 juin à 19h. Je pars avec une pointe d’émotion mais surtout une grande satisfaction, celle d’avoir donné de mon temps et de mon énergie pour le bien de la collectivité. Dans toutes les commissions où j’ai pu siéger, durant les séances plénières, je me suis toujours efforcé d’honorer la confiance que les habitant.e.s de notre ville m’ont faite en m’y portant.

Siéger à 80 élu.e.s, avec les conseillers administratifs et conseillères administratives, 7 groupes politiques, et des indépendants, est un bel exercice de dynamique de groupe, une exigeante école de vie, qui oblige à une forme de modestie et de relativisme, à dialoguer avec d’autres personnes qui n’ont pas toujours, voire rarement les mêmes idées, tentant de trouver, y parvenant parfois, souvent, des convergences, des points communs, obtenant des résultats, se voyant opposer des objections, tentant de travailler les consciences, en se confrontant aux logiques et idéologies de chacun.e.

La politique municipale c’est du concret, une belle illustration que rien n’est facile ni ne va de soi. Il ne suffit pas de mettre des gens ensemble pour qu’ils soient d’accord, ni n’obtiennent des résultats. Regardez bien votre famille, vous y êtes 5 ou 6? Eh bien imaginez, en étant 80 à chaque repas où il faudrait décider de quelque chose, ce que ça donnerait… Alors bien entendu, il faut s’armer de patience, avoir un brin de philosophie et une louche de bonne volonté pour durer, accueillir victoires et défaites en continuant à travailler.

J’ai aimé ce rôle de lien avec des associations, les habitant.e.s individuel.le.s, afin de formuler et porter des enjeux à travers la voie délibérative (pour le sport, la culture, pour une ville plus accueillante, plus en phase avec son époque en terme de mobilité douce et de place pour les piétons et vélos dans la ville; pour des repas végétariens dans les écoles, des espaces plus inclusifs pour les diverses minorités, pour défendre les moyens d’une collectivité prospère mais avec de grands écarts en terme de revenus individuels, et de grandes zones d’ombre où s’exercent les discriminations ; ayant le pouvoir de favoriser la redistribution des richesses au maximum, luttant contre la précarité et le sans-abrisme.

J’ai eu beaucoup de plaisir à être ce relais critique, d’être à disposition (nos numéros sont accessibles à chacun.e.sur le site de la Ville) des celles et ceux qui portent des idées, des plaintes et des combats : les associations, des habitant.e.s engagé.e.s, les magistrats. Ce n’est pas un engagement facile, mais c’est une chance aussi. Il se fait certes en plus d’un engagement professionnel, sur le temps que l’on rêve parfois d’employer pour des loisirs ou la détente, de la lecture, mais il est terriblement gratifiant et nourrissant.

Certains disent parfois qu’un mandat politique est une forme de formation continue. C’est aussi vrai. C’est en tout cas une belle manière de découvrir le pouvoir que l’on peut avoir comme citoyen.ne, et saisir le système dans lequel on baigne pour mieux l’utiliser et le mettre au service de la collectivité. C’est surtout un bon antidote au défaitisme ou aux mouvements dépressifs de type: « de toute façon on est foutu », « ils ne font que ce qu’ils veulent », « on n’a aucun pouvoir ». C’est à mes yeux, au contraire, l’apprentissage limité et tonifiant de constater que l’on obtient le pouvoir que l’on conquiert et qu’on a besoin d’aller le chercher collectivement. Mauvaise nouvelle : il ne tombe pas du ciel, il faut aller le conquérir. Bonne nouvelle : une fois que l’on est en route, il n’y a pas de limite à ce que l’on peut obtenir, et les possibles sont immenses. Tout dépend, au final, de l’énergie déployée et de la force des collectifs.

Aujourd’hui, je me réjouis qu’une socialiste reprenne la place que je quitte dans ce Conseil. Elle défendra avec la même ardeur des politiques publiques incisives pour atteindre la justice sociale et renforcer la lutte contre les discriminations et inégalités frappant les habitant.e.s de notre belle ville. Je prolongerai pour ma part désormais ce combat à une autre échelle, mais d’une manière identique sur le fond, au sein d’un autre groupe socialiste, au Grand Conseil.

J’aimerai, pour conclure ces quelques lignes, remercier chaleureusement le groupe socialiste du Conseil municipal, ma section, mon parti, pour l’engagement sans faille que nous avons porté ensemble au cours de ces années pour nos idéaux et notre projet de société. Remercier aussi chaleureusement les collaborateurs et collaboratrices de l’administration qui garantissent la qualité des prestations municipales et font un travail essentiel pour le vivre ensemble et la lutte contre les inégalités à Genève.

Bye bye Conseil municipal, bonjour Grand Conseil.

Mon engagement, lui, reste le même.

 

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