Malgré une situation qui ne pousse pas du tout à l’optimisme sur le front des nouvelles contaminations, les annonces de réouvertures s’enchaînent. Alors que les bars, restaurants, salles de concert, cinéma, théâtre, bibliothèques, musées, coiffeurs, réouvrent ou ont réouvert, et que la justice impose au Conseil d’État d’ouvrir les lieux de culte, un domaine manque à l’appel, c’est celui du sport. Étrange. Alors qu’il est en général invoqué en premier lieu comme garantie de santé, ce domaine est tenu à l’écart des réouvertures. Pourquoi ?
Alors que l’activité physique est essentielle, le maintien en forme un gage de plaisir et de vitalité, quelle est la justification pour maintenir les centres sportifs barrés, les murs de grimpe verrouillés, et les piscines réservées à l’élite ou aux seuls membres de clubs?
Certains diront peut-être que le sport peut toujours se pratiquer en plein air. Certes. Mais à moins de réduire celui-ci au seul jogging, ce qui est quand même présumer des forces de bon nombre de nos concitoyen-ne-s, force est de constater que la gym douce, la natation manquent à beaucoup.
Un certain nombre de personnes trouvent en hiver, dans la natation par exemple, une activité essentielle à leur équilibre et à leur santé. La rééducation physique, la lutte contre le surpoids trouve dans les bassins un lieu d’exercice essentiel. Les piscines permettent aisément de respecter les plans de protection sanitaire. Elle sont de plus généralement municipales, ce qui permet de disposer de personnel compétent, suffisamment nombreux, pour garantir les distances nécessaires. Elles en ont fait la preuve d’ailleurs dans un passé récent.
Une explication à cet « oubli » : le manque de lobby. Ceux qui ont obtenu réouverture sont ceux qui ont fait pression, réussi à faire entendre leur voix et leurs soucis économiques. Cela donne l’impression que c’est à celui qui crie le plus fort que réponse est donné. Ce n’est pas rassurant alors que le Conseil d’État prétend mettre la santé en priorité.
En Valais, les centres thermaux réouvrent. L’omission du Conseil d’État de s’occuper du sport doit-il être compris comme une invitation à aller faire trempette à Ovronnaz ou aux bains de Saillons plutôt qu’à Crecy ? – Ce serait une folie.
Comment expliquer que les hôtels, eux, exploitent leurs fitness et piscines à bien plaire ? Faut-il accepter que celles et ceux qui sauront se payer des nuitées pourront faire de l’exercice, et pour les autres : les aîné-e-s, les populaires, les prolos, ils feront du footing sous la pluie ou regarderont la télé ?
Le sport, qu’on l’aime ou non, est bon pour la santé physique et psychique, éléments qu’il nous faut absolument renforcer.
Le Conseil d’État, dépassé dans sa gestion économique de la santé, semble l’avoir, à ce stade, bien oublié.