Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour les autres

  • 04. février 2021
  • air du temps
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Nous arrivons à l’époque la plus noire de l’année. Nous sommes en route vers la nuit la plus longue. Il en faut du courage pour accompagner le rétrécissement des jours, et avec la covid-19, ne pas se sentir mentalement étriqué, réduit dans le noir.

Mais au solstice d’hiver, le 21 décembre, tout basculera. Les jours rallongeront par la suite. Si nous sommes à une période critique, nous allons vers l’ouverture. Il est facile, dans la brume, de perdre le fil, s’y égarer. Pourtant, c’est au moment de la nuit la plus noire que l’aube vient (Edmond Fleg). Plus que jamais, il est important de veiller les un-e-s sur les autres.

Chacun-e est libre de son comportement, tant qu’il ne nuit pas aux autres. C’est la fameuse règle d’or, et son éthique de la responsabilité : « Traite les autres comme tu voudrais être traité », ou : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse », soit : « Ne contamine pas les autres, comme tu ne voudrais pas être contaminé », ou : « Ne prends pas le risque d’être contaminé pour ne pas contaminer les autres ».

Je porte un masque quand il le faut, et quand on me le demande. Je me lave les mains avec de l’eau et du savon, avec le renouveau d’un plaisir enfantin. J’ai même redécouvert la brosse à récurer que l’on passe sur et sous les ongles, vieux souvenirs d’enfance.  Je respecte les distances afin de préserver les autres et y découvre une autre manière d’être au monde. Il me revient en mémoire de vieux cours d’anthropologie qui étudiaient la distance sociale entre les gens. Cette distance diffère entre les peuples, certains se plaçant très loin les uns des autres pour échanger, d’autres tout proche, jusqu’à se toucher. Faire varier les distances, c’est une expérience. Serait-ce parce qu’il faut changer d’habitudes que nous perdrions toute liberté? – Non.

Au coeur des contraintes, je demeure libre. Liberté et contraintes ne sont pas corrélées. Ma liberté est intérieure. Elle n’est pas réductible à une question de masque ou de distance physique. Ce serait la ramener à rien, et même laisser entendre qu’elle était déjà absente que de croire qu’elle pourrait être dissoute dans du gel hydroalcoolique. De la même manière : si la liberté était de prendre l’avion où je veux quand je veux, magasiner et emmagasiner jusqu’à plus soif, boire tout mon saoul au bistrot, quelle triste « liberté » était-ce alors. N’étais-je pas déjà un esclave, et celle-ci une chimère?

N’ayant jamais vraiment atteint la liberté, comment aurais-je pu la perdre ; ou qui que ce soit me la retirer? 

Je n’aurai aucun scrupule à me faire vacciner contre la grippe et contre la covid-19 dès que possible. Pas pour moi, non, je n’ai pas peur, mais pour toutes celles et ceux, vulnérables, à risque, que je pourrai contaminer malgré moi.

J’ai commandé une pizza dans un restaurant du quartier. Le patron a maintenant une barbe fournie. Il dit qu’il n’a plus de quoi aller se la faire tailler. Pourtant, il continue à servir ses client-e-s avec le sourire. C’est pour lui qu’il faut se battre. Ce n’est pas ma « liberté » que je défends, c’est son travail.

N’avons-nous évolué depuis les pithécanthropes ?  

Quand il pleut, je mets un anorak. Quand il neige, des gants. Quand le soleil cogne fort, un chapeau de paille n’est pas une honte. En temps de pandémie: je me protège pour protéger les autres. Quelle folie ! Faut-il croire que le premier primate qui couvrit son corps pour se protéger du froid fut raillé par ses congénères car il ne vivait plus à « l’état de nature »?

Quand il fait nuit, j’allume une bougie. Quand le soleil revient, je souffle sur la mèche. A chaque instant, je m’adapte.

Porte un masque, mets ton gel, comme tu prends ta douche.

Ta « liberté » n’est pas en jeu.

Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour les autres.

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Illustration : Collage @brknwrld #Plainpalais

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