Deux événements nous réclament cette semaine : le rassemblement mardi 9 juin à 18h place de Neuve pour rendre hommage à Georges Floyd et dénoncer les violences policières, les crimes racistes. Black lives matter : Les vies noires comptent ! Et le rassemblement du dimanche 14 juin du mouvement pour la Grève féministe, à Genève et dans toute la Suisse. Déjà une année que des centaines de milliers de femmes* et alliés sont descendus dans la rue. Et ? Avons-nous atteint l’égalité ? – Non. La manifestation genevoise s’organisera autour de 16 postes dans la Ville. Les manifestant-e-s sont invité-e-s à faire le parcours entre les postes. A 15h24 un grand cri d’alerte féministe partout en suisse sera poussé sur toutes les grandes places du pays.
Sur la RTS, l’émission Infrarouge a décidé de poser la question : « la Suisse est-elle raciste ? » plutôt que de plonger concrètement dans l’analyse des abus et des rapports de domination. Cette question, nommant « la Suisse » anonymise et déresponsabilise. La Suisse: soit tout le monde et personne. Pourquoi ne pas se demander: « la Suisse est-elle sexiste » pendant qu’on y est ? Ou: « il y a-t-il un racisme anti-blanc ? » hein, alors que ce genre de mythe est infirmé et exécuté en 5mn. [1] Les émissions à grosse écoute sont-elles condamnées à avoir de grosses ficelles pour maintenir leur taux d’écoute?
Cette façon de monter en généralité en niant les études scientifiques et les rapports de terrain escamote les rapports de pouvoir et de domination. Cela maintient le déni, le tabou et la sourdine sur les voix qui réclament l’égalité et la fin des violences contre les minorités. Le rapport d’Amnesty « police, justice et droits humains » n’a pas pris une ride depuis 2007 [2] Il faisait déjà le constat de violations régulières des droits humains. Et rien n’a changé. Mais incriminer la police sans admettre qu’elle est un reflet de notre société serait trop facile. Le racisme est partout, dans tous les milieux, toutes les classes sociales, et c’est de partout qu’il doit être extirpé, à chacun-e d’y travailler.
De la même manière qu’il est intolérable que la presse parle encore de « drames familiaux » alors qu’il s’agit de féminicides, parler de « bavure policière » alors que les violences policières sont régulières et systémiques choque. La police base structurellement son travail sur la violence et le profilage racial.[3] Il ne s’agit pas de dysfonctionnements ou d’erreurs mais d’une violence soutenue, tacitement encouragée ou placidement acceptée. Cette violence structurelle contre les personnes racisées, les minorités sexuelles, les femmes * pose la question de qui contrôle la police.
Ces deux manifestations, cette semaine, placent au premier rang les droits des minorités et les droits des femmes* ; et la nécessité de penser ces luttes comme convergentes. Le système de valeur et de hiérarchie de notre société donne prééminence à certains sur d’autres considérés comme quantité négligeable et négligée.
Si vous êtes un homme blanc vous ne vivrez de facto pas dans la même réalité qu’une femme racisée sans statut légal. L’appareil d’État, administratif et policier fait férocement la distinction. Ces inégalités structurelles doivent changer. Et notre démocratie purgée de toutes formes de racisme, de sexisme, et de domination. C’est un combat citoyen, politique, que nous devons gagner.
Toutes et tous à la manifestation ce mardi 9 juin et dimanche 14 juin.
[1] https://youtu.be/Ubk_SkJgRfg
[3] https://lafabrique.fr/la-domination-policiere/