Ce vendredi 14 juin, jour national de grève des femmes* et féministe, une foule immense, que l’on n’avait jamais vue de mémoire de Genevois-es, s’est réunie sur la plaine de Plainpalais pour exiger la fin des inégalités salariales et des discriminations dans le monde du travail, l’établissement de rentes qui permettent de vivre dignement.
Cette foule immense et résolue de femmes* habillées en violet regroupant plusieurs générations, demandait que le travail domestique, éducatif et de soins soit reconnu et partagé, de même que la charge mentale, afin que que le travail éducatif et de soins soit une préoccupation collective. Cette mobilisation impressionnante, s’est levée dans toutes les villes et les campagnes de Suisse ainsi qu’à Genève. Elle exigeait, ce 14 juin, d’une même voix, la fin des violences sexistes et sexuelles ainsi que la fin de toute forme de discrimination basée sur le sexe. L’intensité émotionnelle ce 14 juin était dingue, le moment historique. Combien étaient-elles ?
Etaient-elles 10’000, 20’000, 30’000? On ne le sait pas. Pourtant chaque voix compte, car elle est unique, et chaque personne qui était là exprimait des vérités trop longtemps tues dans notre société patriarcale et bourgeoise.
Il apparaît donc que le comptage de cette foule immense ait été cochonné. Genève arrivant à des jauges similaires que Fribourg ou Sion, ce qui n’a pas manqué d’étonner plus d’un.e manifestant.e.
Comme le relève la journaliste Lisbeth Koutchoumoff sur les réseaux sociaux : » Quand une manifestation à Genève s’étend des Rues basses, au pont du Mont Blanc et jusq’au bas de Saint-Gervais, cela ne fait pas 20’000 personnes mais beaucoup, beaucoup plus ! »
Comment se fait-il que l’entité en charge du comptage des manifestant.e.s aie visiblement sous-estimé le nombre de manifestant.e.s, transmettant des chiffres estimé à une fourchette de 10’000 à 12’000 personnes aux responsables des medias alors que la plaine de Plainpalais était déjà noire de monde et n’a cessé de se remplir et les femmes* d’affluer ?
Cela soulève plusieurs questions sur lesquelles il serait intéressant d’entendre le Conseil d’Etat, parce que quand même, alors que tout est comptable dans notre société et soumis à statistique,, que chaque franc compte, et chaque minute, il est étonnant que l’on ne puisse connaître un nombre de manifestant.e.s.
Il serait donc intéressant de connaître quelle entité est chargée du comptage de nombre de manifestant.e.s, quelles sont les méthodes employées et le nombre de personnes dédiées à cette tâche;
Vu que le nombre de manifestant.e.s. a un poids politique. Il serait aussi d’évidence démocratiquement important d’en rendre fidèlement compte, soit avec le plus grand sérieux possible. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait et anticipé correctement ce 14 juin, la manifestation étant annoncée depuis plus d’un an ?
A l’ère du #metoo alors que l’on répète que « la voix des femmes s’est fait entendre », sous-estimer de 50% leur nombre peut-il être considéré comme une manière de minimiser cet élan ?
Enfin, ne serait-il pas intéressant que le Conseil d’Etat envisage de confier le comptage des manifestant.e.s à l’avenir à une entité neutre, objective et outillée pour le faire afin de pouvoir disposer de chiffres fiables ?
Donner réponses à ces quelques questions permettrait à l’avenir que chaque voix soit bien prise en compte, et que ce moment historique, unique, qui restera dans les livres d’histoire et dans la mémoire de toutes celles et tous ceux qui y ont participé d’une manière indélébile, ne soit pas soumis à l’aléatoire des forces de sécurité plutôt que des forces démocratiques.
Cela étant dit, nonobstant le nombre précis de manifestant.e.s, il semble que le message de fond porté par une masse immense soit tout du moins clairement passé :
Patriarcat tu es foutu, les femmes* sont dans la rue.