Merci aux femmes*

  • 11. mai 2020
  • air du temps
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En cette journée de grève du 14 juin, les rassemblements aux quatre coins des villes ont commencé, les coups de cuillères sur les casseroles y résonnent depuis minuit déjà. La cathédrale de Lausanne s’est embrasée, Genève va suivre, et Bâle et Zürich et toutes les campagnes. Les journaux font leur une sur cette grève. Le soulèvement est déjà un énorme succès. Désormais, c’est depuis la France, à l’internationale que les messages de soutien, d’émulation affluent. Les réseaux sociaux se couvrent de violet, tout le monde en parle, partout. Avec cette grève, on va en voir de toutes les couleurs. Les femmes* se soulèvent! Quelque chose de grand, d’énorme est en marche. Alors que cette incroyable force se déploie, un mot simple et fort vient sur les lèvres : merci!

Merci aux femmes* qui se lèvent aujourd’hui, et qui depuis une année ont préparé, milité, travaillé, offert des heures, des jours et des semaines, pour être fidèles au rendez-vous, prêtes pour ce tête à tête du 14 juin avec la société. Merci à celles qui portent le badge, la pancarte, la voix et supportent celles qui ne pourront pas être dans la rue.

Merci aux femmes* qui nous indiquent un autre chemin, secouent la torpeur des inégalités banalisées, subies, tolérées. Merci à la colère, à la tristesse, à la joie, aux émotions qui nous permettent d’évoluer. Merci au refus de la honte, de la gêne, du silence. Merci aux femmes* de parler clair et fort, d’avoir le menton haut, et le poing levé. Merci aux femmes* qui disent : ça suffit, nous ne baisserons plus les yeux, nous ne nettoierons plus derrière vous, ne ferons plus le travail à votre place. Prenez vos responsabilités comme nous prenons les nôtres.

Notre société a plus à craindre du silence des abus que des cris du changement. 

Merci aux femmes* qui nous montrent le chemin et répètent : regardez la loi sur l’égalité, lisez les textes, comparez avec la réalité. Regardez ce que vous dites, et comparez avec ce que vous faites. Regardez vos mythes fondateur, les noms de vos rues, et la complaisance avec laquelle vous vous bercez d’un passé révolu. Regardez vos vieilles statues et le monde tel qu’il est aujourd’hui. Regardez vos choix politiques, comment vos élus votent contre vous. Réveillez-vous.

Merci aux femmes* de donner un coup de pied dans la fourmilière, nous inviter à dessiller nos regards.

Merci à elles de donner aux hommes* l’opportunité d’être déplacés, remis en question, bouleversés, d’exprimer leur ras-le-bol d’être coincé dans une identité masculine archaïque, assigné à résidence dans un machisme où à force de vouloir être des superman ils deviennent de tout petits humains.

Quand les femmes* choisissent leur place, les hommes doivent bouger.

Les discussions autour des réunions en non-mixité choisie, ont permis par ricochet de questionner l’emplacement des hommes (seront-ils en queue de peloton, à la fin du cortège, resteront-ils à la maison, iront-ils bosser comme si de rien?). Cela a ouvert une jolie perspective au renversement de la question qui a toujours habité les minorités : Où est-ce que je me mets ? Ai-je ma place? Qu’est-ce que je fais là ?

Merci aux femmes* de mettre en évidence les rapports de pouvoir et de domination, en remettant en cause les usages acquis, les places de droits, de choix, en invitant les hommes à se bouger les fesses aussi.

Il n’y a pas, il ne devrait pas, en aucun cas, y avoir de place assignée à son sexe, sa race, son héritage ou sa fortune. Dans un état de droit, en démocratie, il y a de la place pour toutes et tous, d’une manière égale.

Merci aux femmes* pour ce bouleversement, d’avoir secoué puissamment notre société et d’amplifier l’onde de choc. Merci à elles de nous proposer un autre modèle de société, et nous inviter à le mettre en oeuvre ensemble ce 14 juin.

Une femme m’a dit : eh toi tu veux pas te peindre les ongles en rouge aussi ? Après avoir hésité un peu -fallait-il être féministe jusqu’au bout des ongles- brusquer les codes du genre, j’ai dit oui.

Et avec mes deux doigts rouges, j’ai pris ma place dans le cortège, j’ai suivi la marche en chantant : Merci aux femmes*

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