Le 7 mars, nous voterons sur un accord de libre-échange avec l’Indonésie. Cet accord ne va pas dans le sens des circuits courts, de l’écologie et du respect des droits des travailleurs et travailleuses. Il aura pour conséquence directe d’encourager l’achat d’huile de palme au détriment des huiles produites en Suisse et en Europe de manière plus durable. Le résultat sera une baisse de la qualité des biens consommés et une menace sur les emplois locaux. De plus, la baisse prévue du prix de l’huile de palme dans le commerce entre l’Indonésie et la Suisse encouragera encore davantage la déforestation. Des centaines de milliers d’hectares des dernières grandes forêts tropicales humides d’Asie du Sud-Est sont menacés.
Le concept « extensif des « accords de libre-échange que la Confédération souhaite étendre à tous nos partenaires commerciaux pose problème. Il faut nécessairement encadrer et imposer de strictes conditions à ce type d’accords, notamment au niveau du respect des accord de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), des normes environnementales et des droits humains (en exigeant que nos importations obéissent aux mêmes règles que celles en vigueur dans notre pays). C’est toute la question de la hiérarchie des accords internationaux qui se posent. Aujourd’hui, le commerce veut imposer ses règles et dans le développement de la mondialisation. Dans les faits, l’OMC l’emporte sur l’OIT et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Cette hiérarchie doit être contestée. De ce point de vue l’accord de libre-échange avec l’Indonésie est un cas d’école, mais le même problème se pose également avec la Chine, et se posera demain avec les accords de libre échange AELE-Mercosur.
La crise du coronavirus nous alerte sur le fait que nous devons préserver et développer chez nous, en Suisse, une partie de nos productions nécessaires, sans aller les chercher à l’autre bout du monde en créant des concurrences déloyales. Huile de noix, de tournesol, de colza, une production locale de qualité est une garantie d’emplois également pour notre agriculture et nos artisan-e-s. La crise actuelle invite à repenser nos modes de consommation. Importer des biens de consommation courante par avion du bout du monde nous conduit à très brève échéance dans l’impasse et la dépendance. Vous aimeriez toujours davantage d’huile de palme dans votre boulangerie, alors que le beurre fait très bien l’affaire ? Non.
Il est acquis que la production d’huile de palme pose de grands problèmes environnementaux et sociaux. Les adeptes de l’accord aiment rappeler qu’il y aura une certification sur l’huile importée. Or, comme le rappelle l’ONG Public Eye : les directives sur cette certification sont faibles. Elles autorisent la destruction des tourbières, des forêts secondaires ou l’emploi de pesticides hautement toxiques. Les systèmes de contrôle et les mécanismes de sanction sont inefficaces. Cette certification de complaisance, c’est un peu comme si un renard promettait des règles de bonne conduite sur les poules afin de pouvoir entrer dans le poulailler… en se proposant comme garant du système.
Certains diront : business is business ! C’est oublier un peu vite que les bénéficiaires de cet accord de libre-échange seront uniquement les grands groupes, ceux de la pharma, de l’agroalimentaire et des banques, sur le dos des travailleuses et travailleurs, sans retombée pour notre économie locale.
Genève est une Ville engagée pour la promotion des droits humains, en particulier les droits économiques, sociaux et culturels. L’initiative pour des multinationales responsables a été acceptée par une majorité de la population le 29 novembre dernier, échouant de peu à la majorité des cantons. Refuser le 7 mars l’accord de libre-échange avec l’Indonésie bénéficiera directement à l’économie réelle et durable de notre pays. Le libre-échange ne doit pas passer avant l’environnement et les droits humains.