Voilà un mois que Poutine a lancé son effroyable guerre contre l’Ukraine.
Un mois que l’écoeurante tuerie dure.
Des hommes, des femmes combattent courageusement pour leur liberté et pour la nôtre.
Un peuple uni lutte et force l’admiration du monde entier. Des civils sont assassinés, des enfants mutilés, des théâtres, des maternités bombardées et l’insondable barbarie de cette guerre nous sonne.
L’armée russe commet des crimes de guerre contre des populations civiles prises au piège.
Elle applique les mêmes stratégies qu’en Tchétchénie où lors de l’hiver 2000 plus de bombes étaient tombées sur Grozny que sur toute l’Allemagne durant la seconde guerre mondiale. Le monde a laissé faire. En 2008 en Géorgie, et dès 2015, en Syrie, quand les troupes russes se sont alliées à Bachar al-Assad, les mêmes barbaries se sont déroulées, avec des bombardements sans pitiés de civils, etc. Le monde a laissé faire.
Le sang coule. Un mois déjà qu’il coule à un rythme effréné.
Les réfugiés sont là. Ils vivent avec nous.
Natalia, tes proches luttent armes à la main. Tu es sans nouvelles de ta famille. Tu vis le deuil, l’inconnu, la perte et la peur. Tu es arrivée épuisée, après 6-7 jours de voyage à travers l’Europe. Mais tu es debout, en recherche d’un lieu où continuer de vivre.
Tu es dans le bus, tu montes dans le train. Tu viens d’à-côté, à deux mille kilomètres d’ici. Tu viens d’un monde qui nous est lunaire: celui de la guerre. Tu en est sortie par les poils, avec rien : un sac plastique, quelques biens.
Chaque histoire est une leçon de vie, est un drame.
Ejectée de ton quotidien, tu te retrouves dans ici, dans une langue étrangère. Mais la vie se poursuit. La diaspora se constitue, les informations s’échangent. Il faut d’abord être logé. Les enfants ont faim, doivent être scolarisés. Se soigner, s’informer. S’orienter, choisir, s’enregistrer.
Agir pour ne pas penser, ne pas devenir dingue. Agir pour ne pas sombrer, d’impuissance, de rage face à la violence qui s’est abattue. Alors, tu t’engages, naturellement. Pour accueillir ceux qui arrivent, traduire, orienter, faire à manger, dénoncer, manifester.
Il nous revient de t’accueillir à la hauteur de la tragédie. Proposer des relais, mettre en mouvement une énergie de vie avec les ressources qui existent et aussi avec les besoins que tu peux combler.
Aux yeux du monde, tu es devenue une réfugiée. Par le regard posé sur toi, c’est comme une nouvelle peau, une nouvelle identité : « permis S ». Quand tu montres ton passeport ukrainien, les regards changent. Chassons le misérabilisme. Organisons-nous. Il n’y a ici que des semblables qui poursuivent leur lutte pour la vie et l’indépendance. La vie d’avant s’est brutalement effondrée. Il faut parer à l’urgence et construire la vie d’après, vite, dans l’urgence, ensemble.
Ce qui est clair, c’est que la lutte pour la vie de plus de 11 millions d’ukrainiens ayant fui leur pays, parmi lesquels environ 11’000 sont arrivés en Suisse, nous concerne directement toutes et tous.
La lutte pour la vie des femmes, des jeunes et des enfants accueillis à Genève est aussi la nôtre. Elle est celle de tous les réfugiés dans la droite ligne de la tradition de Genève, ville d’accueil. Il ne faut rien opposer, mais rassembler.
Car il est désormais certain que le sort actuel des réfugiés ukrainiens est le miroir du nôtre si nous ne faisons rien pour arrêter le dictateur et son immonde guerre impériale.
Exerçons une pression maximale sur nos autorités pour qu’elles condamnent cette guerre, poursuivent l’accueil inconditionnel des réfugié-e-s; pour que les entreprises suisses toujours actives en Russie (Nestlé & co) s’en retirent ; que les avoirs des oligarques russes soient effectivement gelés, leurs biens confisqués, et leurs sociétés paravents sanctionnées.
Manifestation ce jeudi 24 mars à 17h devant la mission Russe, 10 av. de la Paix. Genève.