Aux douves du doute

  • 26. juin 2022
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A l’homme capturé à quatre heures du matin. A celui que l’on sépare des siens. A celui qui entend: tu n’as rien à voir avec nous. A nous qui ne sommes rien

A la femme qui pleure. A l’enfant qui l’attend. Au chien qui se terre

A la paille. A la craie

 

A celui que l’on pousse dans la rue. Aux principes fondateurs. Aux mots qui ne disent rien. Au pouvoir de nommer. A la fin du capitalisme. Au monde qui vient

A celui qui se perd. A celui qui se place

A la liberté de croire

Au poreux des frontières. Aux murs de verre. A la gaze sur tes jambes

Aux sorties sans retours

 

 

A l’hospitalité reine. Aux frissons dans les reins

Aux vies qui se sauvent. Au bastingage qui tangue. A la corde sans relâche. Aux coudées affranchies. Aux pensées sans histoires. Aux poissons paresseux. Aux pupilles dilatées. Aux ports de détente. Aux attaches qui tiennent. Au khat et au chanvre. A cela qui résiste. Aux points de passages.

Aux bras dans le dos. Aux gâchettes sous les doigts. Au bandeau sur la tête. A Leila Alaoui. Au sel sur la langue

A l’avion qui se pose. A celui qui s’en va. A la lampe d’Aladin. A la parole donnée. Au bouquet de jasmin. Aux poignées de riz

Au dumping lexical

Au dompteur

Au dompté

A celui qui a froid

Aux douves du doute.

 

A l’enfant qui se trompe de porte. A la femme qui entre. A l’inanité du rien. A celui qui retombe en amour. A l’enfance. A l’amour sans contenant. A l’apport sans limites. Au guetteur qui s’endort. A Hannah Arendt

A celui qui ne baisse pas les bras. Au transparent. A l’éthéré. Aux poèmes de Char. Aux chants de Taizé. A la fidélité des chiens. Aux films de Miyazaki

A la Pâques. Aux compteurs à zéro. Au pardon. Aux fragments.

A l’irruption du don. Aux rêves prémonitoires

Au sol meuble. A la sève sans nom. Au printemps. Aux palissades hautes. Aux murs des prisons. Aux graffitis ducon. Aux becs des pinsons

Aux trous dans les grillages. A Amanuel. A Ayop. A la foi

Aux partis sans leaders. Aux leaders sans armures

A Mirko Locatelli

Aux fragments et au tout

 

au langage du coeur

à l’arrêt

au retour du un

aux douves du doute.

Au visage vu comme la toute première fois.

 

 

 

Photographie : Eric Roset

Hommage à Mirko Locatelli par Yannis Youlountas : http://blogyy.net/2016/03/14/un-compagnon-de-lutte-nous-a…

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12/03/2016

 

L’intimidation, c’est simple comme un coup de fil

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Vous n’avez probablement pas lu la chronique dans le Temps du journaliste Olivier Francey: Bibi fricotin au pays des Mollahs. Et pour cause. Retirée 2h après avoir été mise en ligne et supprimée du print, elle a été gommée, mais demeure toutefois accessible pour les spéléologues du web dans ses strates souterraines, ou ici. [1]

Avec finesse et un esprit mordant dont il a le secret, le journaliste analysait le 3 mars la visite du président de la confédération Johann Schneider-Ammann avec le magistrat Pierre Maudet et le Fribourgeois Beat Vonlanthen à Téhéran: capitale de l’Iran, royaume des riz aux mille saveurs et des paysages contrastés mais aussi chef-lieu des grandes manifestations anti-occidentales et des pendaisons à la chaîne.

Le journaliste dressait alors un portrait non-complaisant et critique du Magistrat Maudet. Il révélait son tête à tête avec l’ayatollah Ali Khamenei  comme « un évènement un peu surréaliste lorsque l’on se rappelle que l’édile, quelques jours plus tôt, s’époumonait contre une employée de la Ville de Genève, voilée à son travail. »

#jesuisolivierfrancey ?

Olivier Francey, avec son style libre et jubilatoire, nous rappelait que c’est quand la presse fait usage de sa liberté de parole qu’elle joue vraiment son rôle démocratique de contre-pouvoir. Est-ce alors le style ciselé et percutant de cet article qui l’a condamné aux oubliettes? Ou alors sa trop grande liberté de ton, voire, oh crime de lèse majesté, d’avoir mis en exergue les contradictions et hypocrisies du magistrat Maudet, qui l’a conduit à disparaître en 2 petites heures?

Ceux qui se sont levés en lançant #JesuisCharlie et défendant la liberté de la presse seraient bien inspirés de ne pas réserver leur indignation aux atteintes qui se portent à des centaines ou milliers de kilomètres mais à celles qui se déroulent dans notre Genève réputée si libre et démocrate. Alors, à quand le hashtag #jesuisolivierfrancey ?

Le pouvoir de l’omerta

Il se dit que le journaliste Didier Tischler, ayant osé être critique envers le magistrat Maudet, pointe désormais au chômage de longue durée après s’être fait virer du Matin[2]. Comment nommer cela ? Le vrai pouvoir, c’est celui qui n’a même plus besoin de s’exercer pour que ses effets se fassent sentir. Faites des articles vitaminés sur comment Maudet fait de la course à pied, son activisme médiatique avec les djihadistes, mais un lien entre ses postures sur la laïcité et sa docilité devant un mollah qui pend des gens; ça, ça ne passe pas.

Le courage le pouvoir le rappel à l’ordre    

Ce qui est certain, c’est qu’Olivier Francey a franchi une ligne rouge. Et il semble que dans notre régime, si on peut prétendre à la liberté de parole, il n’est pas certain que l’on puisse l’exercer librement et surtout sans conséquences. En s’exprimant avec mordant, ce journaliste a dépassé une limite. Laquelle? Et qui l’a rappelé à l’ordre?

Il serait intéressant qu’un journaliste de la place se donne la liberté de faire un petit article sur ce sujet.

 

[1]  https://www.anony.ws/i/2016/03/12/LeTempsIran01.jpg

https://www.anony.ws/i/2016/03/12/LeTempsIran02.jpg

[2]http://didiertischler.blog.tdg.ch/index-12.html

 

 

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07/03/2016

 

Pourquoi je marche ?

Pourquoi je marche ?
Marcher est tout d’abord une expérience de la liberté. Celle de pouvoir aller ici et là, sans retenue ni limites. Elle est liée au balancement des bras, au poids du corps et à la légèreté de l’esprit. La marche permet de choisir son rythme, décélérer ou s’arrêter. Personne ne tire, personne ne pousse derrière. Quand on marche, on a le temps avec soi. Dans une vie rapide, où en général ce sont le vélo ou le train qui m’entraînent, marcher est avant tout une expérience du ralentissement, de l’ouverture à la rencontre possible. La marche est la promesse d’une rencontre… avec soi d’abord.

 

Relier les oasis de la Ville
La grandeur de la marche, je la trouve dans le livre de Saint-Exupéry, Terre des Hommes, où il relate son accident dans le Sahara libyen en 1935 où il manqua de peu de mourir de soif. Il y a ce moment extraordinaire où il se met à marcher, sans savoir où il va, pour sauver sa peau. Ce qui lui permet de tenir, la certitude que quelqu’un viendra, qu’il n’est pas possible qu’il n’y ait personne. Dans les jungles urbaines, les villes surchauffées, c’est le même désert. Et la même question : quelqu’un viendra-t-il ? Serait-il possible que personne ne vienne ; que plus personne ne relève la tête de son téléphone portable, qu’aucun visage n’émerge de la multitude ; que ces rues restent désertes la nuit ? Un seul moyen de le savoir : descendre dans la rue, marcher encore, se mettre en chemin, et interroger l’autre, par la parole ou le regard. Questionner celui qui vient, celui qui cherche aussi. Oui, la ville d’aujourd’hui est peut-être le plus peuplé des déserts. Mais elle est aussi riche d’oasis. Comment relier ces différents lieux, et les nomades qui y transitent ?

 

Bienheureux ceux qui marchent

Quand je marche, je me déplace facilement. Le plaisir simple d’aller est déjà un luxe, une source de joie. Qui a fait l’expérience d’avoir des béquilles, d’avancer difficilement en supportant son poids ne me contredira pas. Bienheureux ceux qui marchent, rien ne peut les arrêter.
La marche est un usage révolutionnaire de la Ville. Elle n’a pas d’arrêt prédéfinis, ni de fonction autre qu’en elle-même. Aucun coût. Elle ne connaît pas les bouchons, ni les contraintes. La marche est un usage fluide, où le regard peut se poser où il veut, explorer son environnement, à 360 degrés. Telle couleur de toit, telles moulures sous une vieille charpente, ce petit restaurant… je ne les avais jamais remarqué auparavant. Je les découvre en marchant. Et puis la lumière change. Un léger vent se lève et tout est perçu autrement. D’où vient alors ce plaisir simple et gratuit de contempler, immobile, ce qui bouge alentour ?
La marche est une expérience de la vulnérabilité. La pluie vient, le froid me saisit. La fatigue monte. Le corps est présent. Il rappelle son existence, ses besoins. Et puis, il y a cet homme qui vient vers moi et me demande quelque chose : cinq francs ou une cigarette je crois, mais peut-être que ce n’est pas une pièce qu’il désire en fait, mais surtout de faire un petit bout de route ensemble…

Pourquoi je marche ?  Pour pouvoir m’arrêter. Pouvoir rejoindre et être rejoint.

Et à cette femme qui me demande : comment ça va ?

Je lui réponds, heureux, simplement : ça marche… donc ça va.

25/02/2016

 

La politique, c’est comme le sexe

Voilà, nous arrivons au terme de cette longue campagne de votations dotée de 4 objets fédéraux, 8 objets cantonaux, et un vote municipal. Nous n’avons plus que ce jeudi pour voter par correspondance, et sinon il faudra se lever dimanche matin, sortir de la couette pour glisser son enveloppe dans l’urne.

Alors quoi, finies les joutes autour du Musée d’art et d’histoire ? La mauvaise foi crasse des opposants, les coups sous la ceinture, et la volonté malgré tout d’aller de l’avant pour Genève en votant Oui, un oui libérateur et joyeux à ce projet? Eh quoi tout aurait été dit ? Eh non, on n’y est pas encore, pas tout à fait. Alors, encore un petit argument pour aller voter, un petit stand, un mail, un dernier ballon gonflé! Encore une personne ou deux à convaincre, oui !

 

Oh OUI

Quoi qu’il en soit, dimanche on sera délivré. Souvenez-vous du vote sur la loi sur la police à Genève (le oui l’avait emporté par 42 voix, de la votation du 9 février 2014, accepté à 50.3%: 19’000 voix! De la Loi sur la redevance Radio/TV du 14 juin 2015. 3669 voix avaient fait pencher la balance dans le camp du oui). Cela encourage à poursuivre encore le débat, la dispute, l’échange, donner encore de l’énergie avant l’échéance de dimanche…

Car enfin, c’est notre héritage démocratique, citoyen, transmis par les grecs, d’entrer dans cette arène politique et d’y débattre. Et puis, la politique, osons cette comparaison, n’est-elle pas comme le sexe, à savoir : plus on le pratique et plus on en a envie, avec tout de même, une inversion, car si l’on dit du sexe que c’est ceux qui en parlent le plus qui le goûtent le moins, et qu’il est, en général savouré dans la sphère intime, en politique, le silence est onanisme et la retenue revient à s’abstenir de tout débat public. Au final, ce sont celles et ceux qui s’engagent et s’expriment qui l’exercent avec le plus de plaisir…

 

Plus que 3 nuits dormir

Dimanche, c’en sera fini ? Ouf disent certains ! Encore! murmurent d’autres ! Regrets, remords, entre ceux qui sont partis trop tôt, ceux qui se sont arrêtés trop tard : joie de l’aboutissement. Fatigue. Comment seront les uns et les autres dans la victoire ou la défaite ? Ce qui est certain, c’est que notre système démocratique en sortira gagnant.

Une certitude: je ne partage pas le point de vue de ceux, inquiets, qui pointent du doigt la surcharge démocratique, et la crainte, pour le peuple, de ne plus pouvoir suivre. Au contraire, le travail civique des citoyen.ne.s se trouve renforcé par des votations dotées d’enjeux d’importance, passionnants, voire passionnels, touchant au rapport à l’autre, au droit, à la culture, à la durabilité de notre société et à sa santé économique, éthique.

Des votations gourmandes

Les taux de vote annoncés relativement hauts pour ces votations du 28 février (37% à J-4), laissent entendre que les citoyen.ne.s se déplacent pour voter quand ils perçoivent que leur vote fera la différence. Les partis sortent aussi renforcés de ces votations gourmandes. Dans le doute, s’inspirer des mots d’ordre d’un parti permet de trouver repère et cohérence de vote. Dans l’abondance des choix, suivre une ligne permet d’y voir plus clair et de se faire une idée plus précise des enjeux.

Si la politique est comme le sexe, il faut alors penser uniquement le 28 février comme un coïtus extaticus. Après, on se repose, on souffle un peu… et dès le 29 février on se remet en jambes en vue de la nouvelle ronde pour les votations du 5 juin. Car le menu s’y annonce tout aussi copieux avec plusieurs objets agendés (Initiative populaire en faveur du service public, pour un revenu de base inconditionnel, pour un financement équitable des transports, la modification de la loi fédérale sur la procréation médicalement assistée, la modification du 25 septembre 2015 de la loi sur l’asile (Lasi), l’éventuel Personal stop, la traversée de la rade, les référendums sur les coupes dans le domaine de la culture et du social en Ville de Genève, etc.,) Miam.

 

Votons, encore, et encore ! 

Alors, sitôt fini, on recommence? Mais oui ! C’est là la joie et jouissance de notre démocratie helvétique. Celle que l’on partage. Alors, pour conclure, ne boudons pas notre plaisir… votons et faisons voter. Il reste encore quelques jours d’ici dimanche pour faire durer le plaisir et profiter pleinement de ces dernières heures qui, si elles nous prennent entièrement nous rappellent que la vie continue, grande, pleine et belle.

Oui, la politique, c’est comme le sexe. Et peut-être même qu’au final, le plaisir qu’on y trouve dépend tout autant des partenaires avec qui on le pratique et du niveau de participation, que du « résultat ».

 

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17/02/2016

 

Dynamisme d’un musée

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Il est un petit livre intéressant qu’il faudrait parcourir avant la votation du 28 février sur la rénovation et l’extension du musée d’art et d’histoire. Museum of the future, aux Presses du réel, édité par Cristina Bechtler et Dora Imhof, et dont Lionel Bovier, actuel directeur du Mamco, dirige la collection. Ce livre donne la parole à des artistes, aux curateurs, aux directeurs et directrices de musées. Il permet d’envisager celui-ci autrement qu’en terme d’argent et d’architecture, sur un plan culturel, créatif, et participatif.

 

Transformer, cultiver, évoluer

« Les musées sont en continuelles transformation et évolution. Le futur des musées dépend de leur flexibilité et de leur capacité à se transformer » (Gerhard Bott, 1970). Pendant trop longtemps, ils ont été considéré et envisagé avant tout comme des lieux de dépose d’oeuvres uniquement, de replis les jours de pluie, royaume d’un conservatisme sans âme ni perspective.

Questionner la place d’un musée dans la cité, c’est questionner le rôle de la culture en son sein. En ce sens : refuser un projet de rénovation de musée conduit aussi à refuser le rôle de rénovation de la culture, surtout si ce sont pour des raisons financières, de jalousie ou de conservatisme suranné, qui n’ont que peu à voir avec celle-ci. Rénover c’est évoluer, sans sacralisation, sans vénération excessive; dans le respect du patrimoine, certes, comme c’est le cas dans le projet du Mah+, mais surtout dans le respect du public.

 

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l’église de Salemi, Alvaro Siza, 1982
la situation après le tremblement de terre en haut, le projet de Siza en bas

 

La culture toute la culture

En ce sens, le slogan « la culture, toute la culture » porte en son sein un dynamisme, celui de ne pas vouloir opposer les différentes formes d’expression culturelles, et surtout de placer celles-ci à un niveau plus haut que les considérations la réduisant à telle chapelle contre telle autre.

Respect du patrimoine, entretien, soin pris à restaurer les oeuvres. Travail d’archivage, de catalogage, dans des conditions adéquates et digne des oeuvres que le musée a hérité des anciens; respect du personnel, de ses conditions de travail: le oui au musée d’art et d’histoire dynamisera tous les secteurs culturels : médiateurs, graphistes, danseurs, dessinateurs, etc. Tous les créateurs qui se sont exprimés dans le cadre des soirées culturelles du MAH, peuvent en témoigner. C’est tout le secteur social et culturel qui bénéficiera du nouveau dynamisme du musée d’art et d’histoire.

Le musée sera plus vivant et accueillant quand il sera rénové et agrandi qu’actuellement alors qu’il suinte sous la chaleur et macère les jours de pluie. Ce coup de fouet culturel que permettra le nouveau musée, nous ne pouvons nous payer le luxe de l’attendre pour dans 20 ou 30 ans.

 

Dynamisme d’un musée!

« Si les circonstances ont fait que, dans le même espace soient réunis l’histoire et l’art, le passé et les espérances de l’avenir, il faut que cet édifice soit non pas un tombeau consacré seulement aux souvenirs du passé, il faut qu’il soit surtout une source de vie et de lumière » – Alfred Cartier, discours d’inauguration du musée d’art et d’histoire, Genève, 1910.

Cette phrase vaut son pesant d’art et d’émerveillement. Parce qu’un musée est un lieu ouvert, inclusif, qui forge des identités et des débats. Ceux qui voudraient nous faire croire que refuser et exclure est la bonne solution, et que l’unanimisme naîtra, comme par magie du refus, d’un hypothétique plan B, plus coûteux et hasardeux, se paient de mots et veulent nous faire avaler un bouillon pour les morts.

 

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Ne nous rendormons pas

C’est parce que ce projet de rénovation et d’extension du MAH est si décrié et si férocement combattu, qu’il démontre peut-être aussi combien il touche à l’essentiel concernant les enjeux actuels pour Genève, la plus petite des grandes villes. Notre ville ne s’est pas vu grandir, au point de s’étonner aujourd’hui de découvrir ses vêtements trop serrés et trop courts.

Ce projet de rénovation et d’extension, dont le sort est désormais entre les mains des habitant.e.s de la Ville, hésitant entre le passé et l’avenir, l’ouverture et la fermeture, la culture ou les économies, servira en quelque sorte, d’épreuve pour les ambitions de Genève et sa créativité future.

Le vote du 28 février démontrera s’il est possible d’aller de l’avant, pour la culture, toute la culture, ou s’il faut prendre – et perdre?- plus de temps encore pour se mettre d’accord avec tous sur tout avant de commencer quoi que ce soit, au risque de la sacralisation de l’identique, d’une Genève qui se fige, par nostalgie ou romantisme d’un passé idéalisé.

Je crois, pour ma part, fortement, que les habitant.e.s de la Ville sont prêts à faire un pas en avant le 28 février, par curiosité et désir de découvrir ce que ce musée pourra continuer à raconter sur eux et ce qu’ils pourront y vivre de neuf.

 

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16/02/2016

 

Un oui qui vaut son pesant d’art et d’ouverture

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Ce qui se joue le 28 février, avec la votation sur la rénovation et l’extension du Musée d’art et d’histoire, est bien plus qu’un enjeu architectural. Il s’agit véritablement de la manière dont Genève se voit grandir et dépasser ses limites, se projette dans une autre dimension. Voulons-nous rester un village avec notre petit musée encyclopédique où les bourgeois de la cité ont légué leurs oeuvres, ou passer dans une dimension cosmopolite, dans la contemporanéité, en empoignant ces enjeux passionnant des partenariats privés-publics, de la médiation, d’un nouvel outil muséographique pour le public, afin de repenser notre histoire et notre futur?

 

La culture n’attend pas 

Le 28 février, ce n’est pas juste un oui ou un non à la rénovation et à l’extension du MAH que le peuple prononcera, mais une réponse à la question de savoir si nous souhaitons rester dans la crainte du saccage ou de l’attente éternelle de l’éblouissement ou nous engager, d’une manière pragmatique, avec le meilleur projet possible, à actualiser un musée qui tombe en ruine.

Un musée n’est pas un lieu pour plaire, c’est un lieu pour provoquer, créer le débat. En ce sens, on est tenté de dire que le projet Nouvel dépasse déjà toutes les espérances. Quelles passions, quels échanges, que d’émotions et d’énergies entre les nostalgiques du conservatisme et ceux qui souhaitent voire l’architecture mise au service des oeuvres ; entre ceux pour qui un musée est un lieu mort, où les nouvelles formes de médiation et les soirée de type afterwork ayant secoué la vénérable institution n’ont pas leur place, et ceux qui placent le public au centre.

 

Débat sur les liens entre privé et public

Mais diable, pour une fois qu’un privé sort ses collections de ses caves ou de ses appartements particuliers, n’y a-t-il pas de quoi se réjouir? Le public aura accès à ce qui d’habitude dort aux ports francs ou dans des villas cossues et auquel il n’a jamais accès. Le musée, par l’ajout d’une collection privée, prendra une nouvelle dimension avec des oeuvres capables de dialoguer avec le fond genevois existant.

C’est donc aussi l’ouverture à l’autre que questionne ce projet, la capacité de se lier dans un partenariat qui n’est ni soumission ni absorption, mais tension, et dialogue. N’est-ce pas d’ailleurs pleinement là le sens d’un musée et de toute culture: réveiller, stimuler, exacerber les débats sur des enjeux de société? Ne pas laisser entendre que les choses soient figées une fois pour toutes, mais au contraire en évolution, dans la complexité du présent, en lien avec passé et avenir ?

 

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Nostalgie quand tu nous tiens    

Ce qui est certain, c’est qu’un non le 28 février signifierait repartir pour une même campagne, dans 10 ans, avec un projet plus cher, les mêmes oppositions, les mêmes j’aime-j’aime pas d’experts auto-proclamés, la perpétuelle sacralisation de la cour, de la butte, des arbres, de chaque clou et caillou sacralisé d’une cour en friche. Pouvons-nous nous payer ce luxe ?

A un moment donné, ne faut-il pas assumer le risque, le changement, et évoluer? Ou alors, et c’est peut-être secrètement ce que souhaitent les opposants, on fermera le musée, sa cour se remplira d’herbes folles pour nostalgiques, où les opposants de la première heure se souviendront des heures tendres et figées du temps d’avant, où ils venaient compter fleurette un doigt sur la touche play de leur walkmann chargé des premiers tubes des années 80 sur bande magnétique.

Genève pourra alors rester le village du bout du lac qu’ils ont toujours rêvé. Et comme de bons provinciaux, pour ceux qui en ont les moyens, ils monteront voir des expos à Paris, à défaut d’avoir pu s’imaginer les réaliser ici. Et tant pis pour ceux qui n’ont pas 500 balles à mettre pour visiter un musée parisien… ils auront toujours la nostalgie grise de la cour d’un Musée d’art et d’histoire en ruine pour se consoler.

Je ne crois pas que les genevois.es se reconnaîtront dans cette logique du refus, alors que leur oui vaut son pesant d’art et d’ouverture.

 

 

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14/02/2016

 

MAH : ni sacccage ni éblouissement, une évolution!

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Faut-il laisser le musée d’art et d’histoire tomber en ruine, au nom de la sacralisation de la margelle d’une cour? Faut-il renoncer pour les 15 prochaines années à tout changement, par peur d’évolution ?

Pourtant, les opposants s’arque-boutent autour de la margelle de la cour, parlent de saccage et figurent Jean Nouvel comme un démon venant tout détruire. Du délire.

Il faut tout d’abord rappeler que la Commission des monuments de la nature et des sites (CMNS) a validé le projet Nouvel comme ne portant pas atteinte au bâtiment. Ensuite, que Patrimoine Suisse, principal opposant, a obtenu 80% de ses demandes de modification sur le projet initial. Il est désormais acquis que les mezzanines, qui offriront des espaces d’exposition supplémentaires, ne toucheront pas au bâtiment; que la lumière naturelle continuera d’illuminer la cour intérieure, qui évoluera comme un plateau d’accueil central, permettant enfin la circulation dans le musée; le restaurant panoramique sera inscrit dans le gabarit du bâtiment, l’espace en sous-sol sera maximalisé (un nouveau forum de 300 places, et surtout 2000m carrés dédiés aux expositions temporaires qui manquent aujourd’hui cruellement pour développer ou accueillir des expositions de format international).

Le projet Nouvel, fruit d’un appel d’offre en 1998, est au final un projet que les opposants ont grandement contribué à améliorer. En fait, mieux que tout concours, il a bénéficié de leur participation directe à l’élaboration du projet. Ni saccage ni éblouissement, c’est désormais un projet mature, comme on en fait chez nous, fruit du compromis, des contraintes patrimoniales et politiques, bien dans les clous financièrement, sur lequel le peuple se prononcera.
La haine des opposants ne saurait être récompensée 

Les opposants ont choisi de faire une campagne qui salit. Paranoïa, théorie du complot, haine, leur stratégie est de jeter le discrédit total sur ce projet. Ils voient des liens d’intérêts partout, travestissent Nouvel en Nosferatu, un mécène en tyran, et Sami Kanaan, magistrat démocratiquement élu, en potentat soustrayant des informations. Chaque semaine, les mensonges deviennent plus gros… et grossiers. Est-ce que cela marchera? Est-ce que les genevois se laisseront abuser ? Les opposants salissent aussi la Ville de Genève et ses employé.e.s, qui ont calculé au franc près le coût de réalisation de ce projet en les décrivant comme des amateurs, au motif qu’en calculant des volumes à la louche et au pif les opposants arrivent eux à des prix plus élevés. A la longue liste des griefs des opposants, il faut donc ajouter leur mépris pour la fonction publique, qui a travaillé pour ce projet, et oeuvre dans le musée aujourd’hui.

 

Revenir au temps des machines à vapeur ?

Pourquoi un tel déchaînement de négativité? Parce que la margelle d’une cour: c’est sacré! Sérieusement ? Pourtant, si vous êtes allé une seule fois de votre vie au musée d’Orsay, à Paris, vous ne pouvez pas oublier que ce musée autrefois était une gare [1]. Et personne aujourd’hui ne pleure le tabac-journaux qui se trouvait au bout des quais. Personne, aujourd’hui, ne regrette la pissotière qui se trouvait là où, aujourd’hui, on découvre l’entier du musée. Quand vous pensez au musée d’Orsay, demandez-vous si vous souhaiteriez revenir au temps des locomotives à vapeur, et en pensant au MAH, si Genève aurait dû conserver ses fortifications. N’est-ce pas dans l’ordre des choses que les architectures évoluent ?

 

Nostalgie quand tu nous tiens

Sacraliser la cour du MAH, avec ses quelques herbes folles, et ses flaques d’eau noire, fréquentable 4 mois par an est un réflexe de nostalgie et de refus du changement. Il y a pourtant, au jardin botanique, de belles serres et de magnifiques jardins. Il semblerait donc plus raisonnable qu’un musée soit dédié à l’exposition des oeuvres et à l’accueil de collections, plutôt que de sacrifier une rénovation complète au profit d’une cour vide.

 

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[1] http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/de-la-gare-au-mu…

 

 

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10/02/2016

 

MAH : le choix de l’intérêt public

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Le moment de voter pour la rénovation et l’extension du Musée d’art et d’histoire a sonné. Ce moment, le MAH le réclame depuis des années. Notre vénérable musée de la vieille-ville tombe en ruine, et tout laisse entendre que si rien n’est fait, il devra être fermé à très courte échéance. L’heure du  choix a sonné également pour effacer la volonté pusillanime d’argumenter et contre–argumenter sans fin. Assez de palabres infinies et actons la volonté de ne pas sacraliser une ruine mais de la rénover!

Les opposants rabâchent depuis des semaines le même article sur un appel d’offre qui aurait dû être un concours… il y a bientôt 20 ans! Ils ne semblent pas voir qu’ils y sacrifient le musée, ses collections, et son public dans une guerre procédurière dont les genevois.es sont les grands perdants. Et tout cela, parce que l’un d’entre eux n’a pas été retenu à cet appel d’offre. Désolant. Regardons plutôt où se trouve l’intérêt public prépondérant plutôt que de laisser aux aigris trop d’importance.

 

Le grand gagnant sera le public !

Voter oui, c’est voter pour le doublement des surfaces d’exposition, le doublement des surfaces d’accueil, la création d’un restaurant panoramique, une muséographie repensée, avec un nouveau projet scientifique et culturel qui vient d’être présenté par le magistrat Sami Kanaan. C’est s’offrir un musée renouvelé et agrandit qui réouvrira en 2022. Il sera alors toujours en mains publiques, toujours gratuit, et permettra à chacun.e d’apprendre, de questionner, se renseigner sur l’histoire de Genève, de l’art, et lutter contre l’obscurantisme. De l’emploi sera créé. Ce musée sera un atout touristique de plus pour notre Ville, et les retombées pour celle-ci: majeures. Oui à ce nouveau souffle en vieille-ville et pour tout le bassin genevois !
Un forum de 300 places sera créé sous le musée, une pompe géothermique alimentera le musée qui, a 80%, sera énergétiquement autonome. Le restaurant et le forum seront indépendants du musée. Ils pourront être ouverts même quand celui-ci sera fermé. Le musée de l’horlogerie sera établi et le musée des instruments anciens créé. Certains se demandent encore si ce projet est un projet de gauche ou de droite? Mais ce débat transcende les front politiques. L’extrême gauche s’est d’ailleurs alliée avec l’extrême droite pour le combattre. Il ne s’agit donc pas d’un front idéologique, mais d’un front qui sépare ceux qui regardent vers demain de ceux qui regardent vers hier.

Financé à 50% par les privés, ce projet préserve les finances publiques. Il permettra d’investir l’argent public ainsi économisé dans d’autres domaines (crèches, écoles, installations sportives), pour le bénéfice et le bien être de toute la collectivité.

 

Le débat démocratique a lieu

Malgré ce que prétendent les opposants (accusations paranoïaques d’opacité), ce projet a été étudié et décortiqué sous toutes ses coutures au Conseil Municipal et dans ses commissions. Un référendum a été lancé et a abouti. Des débats ont lieu désormais presque quotidiennement, le prochain ayant lieu ce jeudi[1], organisé par la Tribune de Genève. Que les opposants annoncent déjà des recours devant les tribunaux montre en fait le peu de confiance que ces derniers ont du peuple, de sa sagesse et de son vote. Leur côté procédurier à l’extrême illustre la faiblesse de leurs arguments.

 

Je voterai oui le 28 février pour le musée d’art et d’histoire. Car ce projet est bon. C’est le meilleur que nous avons en main. Il bénéficiera directement et concrètement aux genevois.e.s, à la culture, au vivre-ensemble et à toute notre région. 

 

[1] http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/saisir-vite-quatre-enjeux-grand-debat/story/20072159

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31/01/2016

 

Ne remettons pas à demain ce qui peut être voté aujourd’hui

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Ouf, le projet de la nouvelle Comédie a été voté par le Grand Conseil ! Malgré les arguties d’un député PLR qui a tout tenté pour bloquer le projet, allant jusqu’à évaluer la jauge qui n’était pas la bonne (depuis quand la mission d’un député est-il de jauger le nombre et la taille des sièges d’une installation culturelle?), au fait que le projet n’avait pas été présenté assez tôt aux députés (alors que les services cantonaux travaillent dessus depuis des années, suivant un processus normal) ; qu’il ne répondrait pas à un besoin tout à fait ciblé. Objections balayées !

Un nouveau dynamisme culturel est lancé. Renforçons-le maintenant par un vote positif le 28 février pour le Musée d’art et d’histoire, afin que Genève rattrape son retard en terme d’infrastructures culturelles et réhabilite son patrimoine.

 

Ne plus perdre de temps

Les opposants conviennent que le musée d’art et d’histoire doit être rénové. Bien. Ne perdons plus de temps et évitons de nous replonger dans 20 ans de tergiversations.

L’exemple du projet de la Maison de la danse devrait nous inspirer à ne pas remettre à demain ce qui peut être voté aujourd’hui[1].

Rappel: le projet de la Maison de la danse a été formulé en 1997. Son implantation dans le projet du centre socioculturel à Lancy a eu lieu en 2002. En 2004, l’association pour la danse contemporaine trouve refuge dans… une école, aux eaux-vives pour poursuivre ses activités.

En votation populaire, en octobre 2006, le projet de la Maison de la danse dans le centre socioculturel de Lancy est enterré. Un nouveau projet est alors construit, grâce à l’important travail de l’association pour la danse contemporaine, celui d’un pavillon de la danse… réversible!

Présenté aux autorités, discuté, validé par le conseil municipal, il est (sous réserve d’oppositions), destiné à être implanté à la place Sturm en… 2018… si tout va bien. Mais déjà un ou deux riverain trouvent mille et une raison de chercher des noises au projet…. Résultat : 20 ans après… toujours pas de maison de la danse ni de pavillon de la danse…

La politique du non, du refus, du blocage et de l’opposition constante à tout nouveau projet conduit à des impasses ou à des projets redimensionnés à minima. Cela devrait nous amener à douter de la facilité avec laquelle les opposants évoquent des plans B ou C sortis de leurs chapeaux pour le MAH. Il n’en va pas ainsi à Genève.

 

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Repousser la rénovation du musée d’art et d’histoire aux calendes grecques?

Que se passera-t-il le 29 février si le non l’emporte ? L’ouverture d’un nouveau cycle de discussions avec une demande de rénovation simple à 80 millions, qui sera âprement discutée, et après renvois en commission, peut-être une version bis à 70 millions verra le jour, plan C qu’une courte majorité du Conseil Municipal ne votera peut-être pas, arguant du coût, que l’on fait trop pour la culture, par peur des opposants, d’un référendum, etc.,  chacun se renvoyant la patate chaude, la responsabilité du fiasco, plus personne n’osant rien faire, pour un musée maudit qui devra probablement rapidement être fermé pour question de sécurité et de vétusté avancée.  

Ce scénario catastrophe pour Genève, pour la culture et toute ambition nous pend au nez.  Si le non venait à l’emporter le 28 février 2016, s’en serait fini pour tout projet d’envergure sur le Musée d’art et d’histoire avant 20 ans. Toute rénovation a minima coûterait plus cher que le projet soumis en votation le 28 février. 

Comment éviter de casser le nouveau dynamisme culturel à Genève ?

Comment valider une planification durable, consolidée et soutenable de ses investissements en matière culturel et sportif (pavillon de la danse, centre sportif des eaux-vives, patinoire), après des années de jachère et de navigation à vue ?

En n’opposant pas les projets.

En ne remettant pas à demain ce qui peut être voté aujourd’hui.

Par un OUI franc et net au Musée d’art et d’histoire le 28 février.

 

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[1]http://www.adc-geneve.ch/pavillon/historique/1996-2006.html

 

 

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29/01/2016

 

Les barbouzes de Barbier Mueller attaquent le musée d’art et d’histoire

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La transparence et l’éthique tant réclamées par les opposants au projet du musée d’art et d’histoire ne s’appliquent-elles qu’aux autres? Je reste étonné devant les moyens engagés, les tout-ménage déversés dans les boîtes aux lettres, et l’appui de milieux financiers opaques qui ne disent pas leur nom. Par exemple : combien d’argent le promoteur-régisseur Barbier Mueller met-il dans la campagne du Non ? No comment répond-il [1]  … en terme d’éthique et de transparence on a connu mieux!

Les opposants ont affirmé que leur campagne était budgétisée à 30’000.- Cela fait pourtant un long mois que l’on voit les affiches du Non sur les bus et dans les espaces d’affichage payant de la SGA, dans les journaux. Les opposants qui critiquent la provenance des fonds privés pour le projet de rénovation et d’extension, sont pour le moins discret sur l’argent qui alimente leur campagne, sa provenance.[2]

Alors : qui finance la campagne des opposants ? Quels sont les intérêts de ceux qui l’alimentent ?

Les opposants se drapent dans une éthique de la transparence. Bien. Ce principe supérieur ne s’applique-t-il qu’aux autres ? Il se dégage désormais une désagréable impression d’une petite troupe d’opposants prête à tout, financée d’une manière opaque, ayant l’objectif de dézinguer un projet public. Ce projet public est pourtant passé totalement au filtre du tamis démocratique, est transparent sur la provenance de ses fonds, tant privés que publics. On ne peut en dire autant de la campagne des opposants.

 

Dénigrer pour bloquer  

Si je résume la liste (non-exhaustive) de tous les projets que les opposants au musée d’art et d’histoire invoquent à tort et à travers en terme de dépassement budgétaire pour bloquer la situation : il y a le Musée d’ethnographie, l’Opéra des nations, la plaine de Plainpalais, le skate parc, le stade de Genève, le CEVA, la salle de l’Alhambra, ainsi que tous les projets que l’architecte Jean Nouvel aurait fait ou pu faire de par le monde.

A les entendre, tout projet, du moment qu’il engage une dépense, est à bannir; tout engagement est envisagé d’abord sous l’angle du risque inconsidéré. Tout projet est comparé au passé. Allez envisager, après cela, si le projet du MAH+ est bloqué le 28 février, comment on pourra à nouveau engager de grands projets à Genève… le mal sera fait. Le signal désastreux de ceux qui ne veulent rien faire, affirmé.

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Vers un triomphe du blocage? 

Que les opposants au projet de renouvellement et d’extension du Musée d’art et d’histoire soient transparents et disent tout de suite qu’ils ne veulent plus jamais que la Ville ou le Canton construise quoi que ce soit.

Qu’il disent qu’ils souhaitent maintenir les infrastructures à Genève au début du siècle, là au moins on savait combien il y avait de cailloux autour du feu pour se chauffer.

Qu’ils reconnaissent aussi les intérêts qu’ils servent plutôt que ceux contre lesquels ils prétendent s’opposer.

La dernière trouvaille des opposants est de demander au Cercle de soutien du MAH+ de s’engager à payer la différence en cas de dépassement budgétaire. Tiens donc, je croyais que les opposants étaient contre la privatisation des biens publics ?

Cette incohérence totale dans l’argumentation dévoile leur volonté de faire obstruction, de gripper la rénovation et l’extension de ce musée à tout prix, même au prix de coûteuses procédures judiciaires.

 

L’argent, moteur unique des opposants

Le projet de rénovation et d’extension du MAH a été voté par le Conseil municipal, il est budgétisé comme investissement. Il est financé pour moitié par des privés ce qui allège la facture pour la collectivité. Entretenir un musée qui tombe en ruine, n’est plus aux normes, et met en danger ses oeuvres s’il n’est pas réhabilité, coûtera chaque jour plus cher, à tel point qu’il faudra fermer le musée, et continuer de payer des gens qui ne pourront même plus y travailler.

Pris dans leurs contradictions et leurs liens d’intérêts, les opposants invoquent l’exemple du sauvetage des bains des Pâquis en votation populaire en 1988. C’est pourtant bien en votant OUI au MAH le 28 février que les genevois-e-s préserveront le musée d’art et d’histoire, lui garantiront une rénovation et valoriseront leur patrimoine. Ce n’est pas en le laissant à sa ruine qu’il sera sauvé, ni en spéculant sur un nouveau projet miraculeux magique et subitement consensuel à l’horizon 2030 au profit d’un quelconque privé qui aura torpillé le projet de 2016.

Il faut arrêter de croire le mensonge que voter non le 28 février provoquera des économies, c’est malheureusement tout le contraire qui est vrai.

Il faut arrêter de croire que les opposants, financés d’une manière opaque et entamant des procédures judiciaires avant même le vote populaire du 28 février servent les intérêts de la population.

Combien le promoteur-régisseur Barbier Mueller met-il d’argent dans la campagne du Non et à quelles fins, pourrait-on maintenant le savoir ?

 

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[1] https://www.letemps.ch/culture/2016/01/22/nebuleuse-opposants-musee-art-histoire

[2] http://www.lecourrier.ch/135676/mah_les_opposants_denonce…

 

 

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28/01/2016

 

Le Musée d’Art et d’Histoire s’active !

Ouvrir un musée une soirée par mois pour y inviter le public à découvrir les œuvres autrement, quelle idée rafraîchissante ! Depuis le mois de septembre 2015, le Musée d’Art et d’Histoire s’y emploie. L’idée n’est pas révolutionnaire … des villes comme Paris, New-York, l’ont éprouvée, mais elle a le mérite de secouer les bonnets de nuit vissés à 18h dans notre bonne Cité de Calvin pour ouvrir le musée à un tout autre public.

 

Quoi, un musée ouvert après 18h ? Scandale ! Les deux premières éditions de l’après-travail,  l’une sur l’Italie, l’autre à Halloween ont attiré à chaque fois entre 2000 et 4000 personnes. Qu’est-ce qui faisait courir cette foule ? La curiosité ? La promesse de petits fours ? La curiosité pour les œuvres ?

 

Initiation artistique ou botellón muséal ?

On a assisté à la dernière soirée culturelle au MAH, avec des résistances. Allait-elle être un botellón géant ? Les plafonds irradiaient d’un rose bonbon faisant écho au thème de la soirée : Monde imaginaire, au parfum de fraises tagada. Les jeux de lumières ne parvenaient pas à cacher la peinture qui s’écaille, ni les stores qui pendouillaient misérablement.  Les animations sonores et visuelles ne remplissaient pas le grand vide de la cour. Il faisait froid, c’était l’hiver. On sortait vite fumer une cigarette et l’on rentrait dare-dare. L’ambiance était pourtant chaleureuse. Le MAH est une vieille dame qui peut encore s’égayer le temps d’un soir.

Avec des couleurs et un brin d’imagination, le musée s’anime ! Au programme du soir : installations, danse, et performances. Le public présent, jeune, sympa, ne vient pas pour boire mais pour voir, découvrir ce  Musée d’Art et d’Histoire dans une autre atmosphère. Et ça marche !

 

Faire bouger ce musée 

Le public se presse à la salle des antiquités égyptiennes et grecques. Cette salle a-t-elle déjà été aussi pleine ? Pleine à craquer je veux dire ? Pas possible. Sur des podiums, des danseurs établissent un  face à face avec des statues ; création qui permettent de s’approprier autrement notre héritage. Les amphores tanguent mais ne chutent pas ; ça slalome entre les statues d’Apollon. Les gardiens de salle, avec tact et sensibilité, veillent à ce que tout se déroule bien. Un peu de stress quand même… autre ambiance que lors des dimanches pluvieux.

Une visite guidée commence au 2e étage. Vite, remonter le grand escalier majestueux joliment décoré pour redécouvrir les peintures de Vallotton. Une médiatrice s’engage dans un véritable corps à corps avec les tableaux, les mimant, les jouant, emportant l’adhésion du public.  Est-elle comédienne murmure un spectateur ?

 

La foule se rassemble à la salle des armures. Éclairée rouge vif. Les sacs à main sont suspendus aux lances (ou presque), les portables se rechargent aux prises.  Il y a là quelque chose d’un brin décalé, un zeste carnavalesque. Le public se prend en photo, part voir une autre performance, avant de revenir en parler autour d’un verre et d’un heaume du 17e siècle.

Oser le changement 

Il est à craindre que les garants du dogme ne s’offusquent d’un tel charivari, de peur qu’un musée crapoteux ne commence à s’animer et vive sa vie d’aujourd’hui. Le public, lui, se réjouira qu’une fois par mois ce bon vieux MAH devienne un peu plus ce qu’il pourra être à l’avenir : un musée vivant, accueillant, chamarré même, mêlant allégrement la vie et les gens aux œuvres.

Le 28 février, c’est l’ouverture au public du musée qui se joue. Votons OUI. Osons le changement. Osons renouveler et agrandir ce musée, afin de proposer de nouvelles formes de médiations pour tout public.

 

MAH Soirée d’après-travail. Musée d’art et d’histoire. 2 rue Charles Galland. www.mah-geneve.ch

 

Jeudi 28 janvier 2016 : L’âge de glace. Le MAH de retour à l’âge glaciaire.  

Vendredi 12 février 2016 : En attendant Saint-Valentin… une soirée placée sous le signe de l’amour.  

Gratuit, sans réservation. Bar et restauration payants. 18h-22h. 

24/01/2016

 

Musée d’art et d’histoire : Voter OUI, c’est faire l’histoire!

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Je n’étais pas, dès le départ, acquis au OUI à la rénovation et l’extension du Musée d’art et d’histoire. Ce qui m’a convaincu, c’est de creuser les arguments, engager le débat avec des opposants, des personnes acquises au projet. Je me réjouis que notre démocratie helvétique permette ce débat d’idées, avec cette qualité d’information et de décision.

 

Opposants à un projet ou à des personnes?

Certains opposants énoncent le fait que le projet divise, et qu’il serait donc par là-même un mauvais projet. C’est un argument très faible. Au contraire, si l’objectif est d’avoir un projet qui rassemble tout le monde, et que tout le monde il soit gentil avec, le résultat sera un projet particulièrement lénifiant et triste. A ne pas vouloir prendre de risques et satisfaire tout le monde, on obtient au final des projets rabotés, au rabais, sans ambition.

Le projet du musée d’art et d’histoire crée un vif débat. C’est un indice supplémentaire de sa qualité et de sa dimension innovante!

Je m’interroge par contre sur le fait que certains opposants se fassent de plus en plus virulents, au fur et à mesure que la population affine son opinion. Les attaques sont de plus en personnelles, portant avant tout uniquement sur l’architecte, un mécène, le magistrat Sami Kanaan, et même sur la personne des médiateurs culturels avec un personnage qui appelle à les tuer [1]!

Cela montre bien que certains opposants, dans leur nihilisme, confondent la critique avec la haine.

Il finira par apparaître à chacun que ce n’est pas ce projet qui leur déplait… mais qu’il y en ait un, tout simplement.

 

Tout projet culturel est un projet critiqué 

Tant les musées Guggenheim, à New-York qu’à Bilbao, que le Centre Pompidou, la pyramide du Louvre, et plus récemment la rénovation et l’extension du Rijksmuseum à Amsterdam[2], ont fortement divisé, été décrié comme trop grands, trop chers, pas beaux… avant d’être adulés par la suite!

Les opposants prennent alors appui sur le temps qui passe pour dénoncer le projet du Musée d’art et d’histoire. Le projet serait un vieux projet. Mais là aussi, l’argument est faible. Prétendre défendre le patrimoine, l’héritage historique, et faire du jeunisme en dégommant un projet parce qu’il ne date pas d’hier, quand bien même il n’a cessé d’évoluer depuis 1998 serait comique, si ce n’étaient au final les genevois qui paieront l’addition de cette triste rhétorique!

Exiger un projet tout neuf estampillé 2016, c’est faire fi de toute l’histoire de l’art et de l’humanité. Combien de temps a-t-il fallu pour construire les pyramides ? La construction du Louvre s’étend sur 800 ans ! il a fallu 33 ans pour que Marseille fasse aboutir son projet du MUCEM.[3] Et puis, n’est-ce pas la démocratie helvétique qui impose son rythme, ses recours, ses votes, ses référendums et ajustements ? Tout nouveau projet passera par le même tamis. Au final, si le projet du OUI était refusé le 28 février, on repartira à nouveau pour 20-30 ans de coûteux débats et avis « d’experts » en frustrations et haine.

Il n’y a pas, en Suisse, de projet parfaitement parfait que l’on puisse sortir d’un chapeau du jour au lendemain, n’en déplaise aux opposants.

Votons OUI le 28 février ! Oui au Musée d’art et d’histoire, à un projet qui renouvelle, dynamise notre muséographie, notre Ville, honore son patrimoine, restaure ses collections, réimplante le musée de l’horlogerie, établit enfin un musée des instruments de musique anciens, et permet d’aller de l’avant. Pour notre ville, son histoire, pour la culture, toute la culture!

 

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[1]http://www.bilan.ch/node/1032805

[2] http://www.bbc.com/news/entertainment-arts-22149807

[3] http://www.mucem.org/fr/le-mucem/un-musee-pour-leurope-et…

 

 

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23/01/2016

 

La culture, toute la culture

MAH+, musée d'art et d'histoire, culture,

A qui appartient la culture? C’est la question qu’a cherché à poser Leila el-Wakil dans son blog « la culture confisquée »[1] avant de l’abandonner rapidement pour casser ceux qui défendent le OUI au Musée d’art et d’histoire et adopter une posture partisane. C’est dommage.

Que reproche exactement Leila el-wakil à ceux qui disent OUI à un musée agrandi et rénové en Ville de Genève? Elle leur reproche de s’approprier la culture, en apposant un  autocollant Oui au musée sur le panneau d’un volet du célèbre retable de Konrad Witz, et de faire ainsi « main basse sur les biens publics ». Elle va même jusqu’à se demander ce que Witz aurait pu penser de ce « kidnapping », et du « mauvais goût » de ce collage. Elle ajoute là un anachronisme à sa réflexion avant de juger lourdement les incultes qui ont osé taguer le retable sur un flyer. La culture se pratique « dans l’intelligence et passe par la connaissance » énonce-t-elle avant de reprocher aux incultes de la dénaturer… ne voyant pas combien elle démontre là une vision élitiste et réductrice de l’art.

La question  » à qui appartient la culture » s’est dès lors muée en acte d’accusation et de dégradation de ceux qui ne pensent pas comme elle, et c’est dommage. C’est dommage pour elle d’abord, qui oublie toutes nuances, et finit par faire exactement ce qu’elle prétend dénoncer: prendre en otage la culture. C’est dommage ensuite pour sa position politique qui se mue en refus d’un projet novateur pour Genève et d’une culture en évolution et changement. Après l’affiche du NON qui montrait un architecte changé en Nosferatu casser le Musée d’art et d’histoire, on découvre à nouveau une vision négative, recroquevillée sur elle-même, dénigrante de la culture, s’opposant à tout changement au nom d’une vision classieuse de la culture ou figée dans le passé. Il est faux d’opposer culture ancienne et moderne. Elles devraient idéalement pouvoir voisiner, se visiter ensemble. Il n’y a pas une culture. Il y en a plusieurs. La question est plutôt: comment les faire coexister ?

Au secours Konrad Witz ! 

Il est ridicule d’appeler au secours Konrad Witz, prétendre parler en son nom, pour lui faire exprimer son dégoût d’avoir un autocollant sur sa toge. Cela nie toute l’histoire de l’art, qui est faite d’emprunts, d’ajouts, de collages et de détournements. Depuis la nuit des temps, de Lascaux, en passant par le mouvement Dada qui fêtera ses cent ans le 5 février, au surréalisme, au situationnisme, aux emprunts occidentaux aux arts premiers, au futurisme, jusqu’aux post-matérialistes, la culture est faite de recouvrement, de provocation et de collage…. jusqu’à l’affiche des opposants détournant Nosferatu pour le mettre à leur profit ! Il s’agit là de créativité, d’expression culturelle encore, dans toute leur dimension, et tant mieux ! Il faut d’ailleurs vraiment être un taliban de la culture pour ne pas faire la distinction entre une oeuvre d’art et un flyer de soutien à un musée renouvelé et étendu ; manquer singulièrement d’humour et de second degré pour y voir une dégradation.

     

La culture, toute la culture 

Alors, à qui appartient la culture ? A personne! Autrement dit : à tout le monde! Ou plutôt : à tous ceux et toutes celles qui la servent, par la création, l’imagination, l’inventivité et leur sensibilité. L’enjeu n’est alors plus de savoir, contrairement à ce que pense Leila el-wakil, qui la possède, mais qui favorise son éclosion et son développement… qui passe aussi, ne lui en déplaise, par des mutations.

Qui soutient la culture, toute la culture, qui refuse de la casser, de la limiter? Qui refuse de la diviser, de couper dans les budgets culturels, que des corniches tombent, que le Musée d’art et d’histoire s’enfonce dans la marasme ? Qui lutte pour permettre une meilleur conservation des oeuvres et une augmentation des surfaces d’exposition, mais aussi qu’elle puisse continuer d’émerger dans des lieux improbables de la Ville, se transmettre, et demeurer une aventure humaine multiple? Qui lutte pour que les artistes soient reconnus, que leur travail soit rémunéré à sa juste valeur, sans mépris ni fausse considération? Qui dit oui à la culture, toute la culture?

On l’aura compris, la question à se poser n’est pas à qui appartient la culture mais qui est à son service. La culture nous constitue. Ne la limitons pas, n’empêchons pas son renouvellement. Acceptons la créativité, comme nous soutenons tout projet culturel qui augmente la qualité de vie et l’intelligence collective en Ville de Genève, en lui donnant les moyens d’exister, de rayonner.

Il serait souhaitable que les opposants, comme ceux qui soutiennent le renouvellement et l’extension du musée d’art et d’histoire, ne s’affrontent pas sur une affiche ou pour un autocollant sur une reproduction mais servent le public genevois et son intérêt légitime à disposer, sans perdre plus de temps encore, d’un vrai beau musée en Ville de Genève.  

 

[1] http://lelwakil.blog.tdg.ch/archive/2016/01/17/la-culture-confisquee.html

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18/01/2016

 

OUI au Musée d’art et d’histoire le 28 février !

 

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Prenez un musée

Prenez un musée centenaire qui n’a jamais été rénové, dont les corniches tombent, dont les infiltrations d’eau et les variations de température mettent en danger les oeuvres.

Prenez un musée dont 1,5% seulement des collections sont exposées, dont la muséographie n’est plus optimale, entravée par une architecture inadaptée aux besoins actuels de conservation et d’exposition.

Prenez un musée dont les accès sont limités pour les personnes à mobilité réduite, qui ne peut envisager des expositions de grande ampleur pour des questions de sécurité et de place ou plus prosaïquement parce que certaines assurances refusent d’y assurer le prêt d’oeuvres.

Prenez un musée encyclopédique dont les expositions permettent de valoriser le patrimoine, restaurer des oeuvres et développer des métiers de l’art et de la recherche, mais qui est coincé dans son développement.

Prenez un musée qui sera fermé prochainement s’il n’est pas d’urgence rénové; un musée qui aujourd’hui coûte cher et montre peu d’oeuvres.

Prenez une Ville, Genève, qui a le droit d’oser l’ambition et voir plus grand que le fond de sa cuvette.

 

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Proposez un projet

Proposez un projet qui valorise le patrimoine, offre 50% de surfaces d’exposition en plus, double les surfaces dédiées à l’accueil des publics, crée un restaurant panoramique et innove avec un forum de 300 places, permet l’utilisation de ceux-ci hors des heures d’ouverture du musée.

Proposez un financement à 50% assuré par les privés, qui préservera les finances publiques.

Proposez un projet culturel qui inclut un musée d’horlogerie, un musée des instruments anciens, de valoriser la collection existante et d’y ajouter l’étonnante collection d’une fondation privée.

Proposez de maintenir la gratuité du musée, d’animer la Vieille-Ville, de soutenir ainsi la Culture, le Vivre ensemble, et l’accueil des publics.

Proposez un projet écologique, utilisant 80% d’énergies renouvelables, doté d’une pompe géothermique, d’un système de récupération d’eau de pluie et d’une isolation optimale.

Proposez de ne pas accorder d’importance aux architectes frustrés, aux chercheurs de noises, à ceux qui veulent figer le temps en 1910, ceux qui prétendent que ce projet coûte trop cher quand c’est l’immobilisme qui est un gaspillage de ressources et le pinaillage qui le plombe.

Proposez de ne plus perdre de temps. Le temps c’est de l’élan.

 

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Votez maintenant

Votez pour un projet servant l’avenir, pas pour le refus et la peur.

Votez pour un projet, pas contre un architecte, un mécène ou contre le changement.

Votez pour un projet culturel concret, réaliste, créateur de richesses.

Votez pour éviter de rejouer dans 20 ans la même histoire avec de nouveaux opposants sur le dos et un projet qui sera obligatoirement plus cher.

Votez pour le respect de notre patrimoine.

Votez pour Genève, pas contre ses intérêts.

Votez OUI au Musée d’art et d’histoire, le 28 février.

 

 

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13/01/2016

 

Le pays basque marche pour la paix et le retour de ses prisonniers politiques

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Plus de 70’000 personnes se sont rassemblé samedi 9 janvier à Bilbao pour dire non à la violence et exiger la fin de la politique de dispersion et le respect des droits des prisonniers politiques basques. L’appel de l’organisateur Sare (Réseau de citoyens en faveur des droits des détenus, des exilés et des déportés basques), relayé par les principales entités politiques du pays Basque, a été extrêmement suivi. Pour la première fois, cette manifestation se tenait simultanément côté français, à Bayonne, où 10’000 personnes, dont de nombreux élus, se sont réunis.

 

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Ce 9 janvier 2016, la nuit tombe sur Bilbao. Des camionnettes (les mêmes qui amènent les familles pour visiter les détenus) avancent en tête de cortège avec des panneaux rappelant l’éloignement kilométriques des principales prisons. Clairvaux (945km), Cordoba (850km), Murtzia (850km). Derrière eux marchent les familles de détenus, bougies à la main. Des affiches au nom des détenus malades sont levées par leurs proches. Elles portent le nom et l’âge du détenu, son diagnostic, et une demande de libération pour raison de santé. Derrière eux : la veuve Rosa Rodero, dont le mari avait été assassiné par l’ETA en 1993 et qui est venue marcher pour les droits humains et la défense d’une société réconciliée, des artistes, des sportifs basques.
Les applaudissements de la foule accueillent le passage des familiers par un seul cri de ralliement : Euskal Presoak Etxera (retour à la maison pour les prisonniers basques), avant que la foule n’emboîte le pas aux familles et déroule un gigantesque cortège pacifique à travers la ville. La marche se termine devant la mairie par une série de prise de paroles, des chants traditionnels, et le bris symbolique de pierres. Mugi Daitezen Harriak ! Ensemble déplaçons les montagnes ! Les pierres sont lourdes et nombreuses à encombrer le chemin, mais si tout le monde s’y efforce, elles seront déplacées. La foule se disperse enfin dans les nombreux bars de la Vieille-Ville, entonnant chants et danses.

 

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Depuis l’annonce du cessez-le-feu permanent, général et vérifiable par l’ETA en 2011, la France et l’Espagne n’ont pas infléchi leur politique punitive à l’égard des détenus basques. A ce jour, 463 prisonniers politiques sont enfermés dans 73 prisons différentes. 40% d’entre eux sont éloignés de plus de 800km de leurs proches, 50% de plus de 400km et 10% de plus de 200km. La société civile basque demande aux autorités espagnoles et françaises de cesser cette politique de dispersion. Le droit à l’intimité et la vie familiale des personnes incarcérées est reconnu par la Convention européenne des Droits de l’Homme et des libertés publiques, par la Constitution espagnole de 1978, ainsi que d’autres réglementations de rang inférieur. La loi soutient que les prisonniers politiques doivent être regroupés au pays Basque ou à proximité. L’éloignement forcé des prisonniers rend les visites à ceux-ci extrêmement difficiles, voire dangereuses (16 personne ont perdu la vie et plus de 400 accidents ont eu lieu depuis 1989). Elle exerce sur les familles un coût économique supplémentaire, apparaît comme une vengeance supplémentaire et inutile infligée à la société civile basque dans son entier. Cette dernière veut désormais tourner la page de la violence par l’établissement d’une société réconciliée. La politique de dispersion freine le processus de pardon et de reconnaissance mutuelle des souffrances subies.

 

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En ventilant volontairement les prisonniers politiques à travers toute la France et l’Espagne, Paris et Madrid marquent la volonté de faire du prisonnier politique un droit commun, dépolitisant son discours ; le dévitalisant en l’obligeant à vivre hors de sa région. En coupant les liens avec ses proches, ses origines, en limitant l’usage de sa langue, c’est une atteinte à la personnalité visant à la détruire qui est poursuivie. Il s’agit là d’une double peine, qu’aucune raison sécuritaire n’impose, et la poursuite d’un exercice de la violence dont plus personne ne veut.
Il est piquant de constater, dans le débat sur la déchéance de nationalité qui agite les voisins français, sa volonté de se débarrasser à peu de frais de ses nationaux, que l’Espagne semble choisir un tout autre chemin, refusant toujours de renvoyer au pays Basque ceux qui ont lutté en son nom pour qu’ils puissent y purger leur peine, cherchant à l’encontre du droit à garder en Espagne ces hommes et ces femmes, que le peuple Basque réclame à la maison.
Face à la violence, la réponse de l’Etat peut être multiple. Face à la violence de l’Etat, la réponse de la société civile basque est unanime : assez de souffrances et de sang. Le respect du droit, en démocratie, doit être garanti à toutes et tous, et son application identique assurée pour chacun.e, quelle que soit son origine, son identité, où les délits commis. Mettre fin à la violence implique le respect du droit par toutes les parties… Etat inclut. Et il revient à la société civile d’en exiger son respect, encore et toujours.

 

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PHOTOGRAPHIES: ERIC ROSET http://www.eric-roset.ch/

Ce texte a été publié dans le journal le Courrier et sur le site du Journal la Cité.

http://lacite.website/2016/01/12/a-bilbao-une-vague-humai…

 

 

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06/01/2016

 

Charlie Hebdo : un numéro spécial plein de vie

4841109_6_22d3_2016-01-04-8854d6f-6317-13nvr84_805b451e8e4cb916641decfe3126f108.jpgLa une de Charlie Hebdo sortie ce mercredi 6 janvier, un an après la tuerie, fait jaser. Ce numéro spécial porte en « une » un Dieu barbu, armé d’une kalachnikov, à l’habit ensanglanté qui annonce la couleur. La cible, c’est Dieu, la religion, responsables d’avoir tué la rédaction.[1] Mais ce numéro rageur, vengeur, dans l’esprit Charlie, vaut beaucoup plus qu’une caricature.

Tiré à 1 million d’exemplaires, ce numéro anniversaire, provocateur (ben oui c’est Charlie), costaud (32 pages) est promis à une belle vente… mais sera-t-il lu? L’éditorial de Riss cogne dur et juste : « Ce ne sont pas deux petits cons encagoulés qui vont foutre en l’air le travail de nos vies. Ce n’est pas eux qui verront crever Charlie. C’est Charlie qui les verra crever. » Ce numéro courageux, émotionnel (retranscription de la journée du 7 janvier de l’intérieur qui nous plonge dans l’horreur)rend hommage aux morts comme aux survivants (merveilleux texte de Philippe Lançon) et pose à sa manière des questions fondamentales sur l’époque que nous vivons (subissons?).

La religion, les cons, les tueurs, la fragmentation

Charlie assume sa connerie aussi. Un petit dessin vengeur de Coco en page 8 avec un chat qui défèque en affirmant « religion j’écris ton nom », renvoie la religion au bac à sable. Mais pourquoi confondre les assassins encagoulés et Dieu, offensant ainsi tous les croyants, et invoquant une laïcité dogmatique qui sert parfois de cache-sexe à l’offense et au défouloir? « Il n’était pas pensable qu’au XXIe, en France, une religion tue des journalistes. » Sérieusement, Charlie pense que c’est la religion qui est responsable? -Oui. En tout cas, ce n’est plus elle qui sauve : « Les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants » (Riss). Putain de Dieu! crie Charlie dans sa colère. On n’est pas loin de l’appel au djhiad laïc mais avec les crayons pour seules armes.

 

Ne nous emmerdons pas les uns les autres 

Charlie se fait plaisir, aussi. Mais à quoi bon se payer Dieu, gratuitement, lui qui ne demande pas grand chose, si ce n’est, à défaut que l’on s’aime les uns les autres de ne pas s’emmerder les uns les autres? Ce Dieu, que les assassins comme les plumes acerbes, caricaturent grossièrement (ou drôlement), en jouant du blasphème ou de la kalachnikov pour mieux le déformer, ne mériterait-il pas qu’on lui foute la paix ? A quoi bon diviser encore plus le monde entre croyants et athées, laïques, en les clivant? -Au nom de la liberté d’expression? Certainement.

La sacralité est défoncée depuis le travail critique des lumières au XVIIIe. Voir Charlie « enculer toutes les religions », et ressusciter le cadavre de Dieu pour mieux l’abattre aurait fait marrer Nietzsche, pour sûr. L’obscurantisme a de nombreux voiles. Heureusement, l’humour nous sauvera toujours de la connerie et Vuillemin, dans ce numéro, émeut aux larmes.

Achetez Charlie : un antidote au dogme

Dieu est autre qu’un gadget pour djihadiste en herbe ou un hochet pour laïcard. Oui. Et puisqu’il y a aujourd’hui des pouvoirs autrement plus matérialisés, nocifs et destructeurs desquels se gausser plutôt que de dézinguer Dieu, Charlie les épingle férocement dans ce numéro, en restant fidèle à sa ligne de rire de tout et de tous (Valse de Vienne pour Marine Le Pen : un rêve de petite fille ! Le dernier grand Chantier de Chirac.. éviter la taule…).

Ce numéro spécial de Charlie est exceptionnel, de force, d’intelligence, de courage et… de connerie, bref : de vie. « Croit-on vraiment que l’on stoppera la propagande totalitaire religieuse avec un communiqué? » interroge Charlie. Non, certainement pas. Mais par l’écriture, la pensée, par le courage et le dialogue, l’intelligence, tout est possible.

La lutte se poursuit… éternel recommencement.

 

[1] http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/01/04…

 

 

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05/01/2016

 

0% des électeurs de la Ville de Genève soutient l’alliance PDC-MCG-PLR-UDC!

Genève, mars 2015, la droite élargie, obtient 43 sièges au parlement municipal contre 37 à l’Alternative. Le premier acte de cette droite élargie est de faire élire un ancien salazariste mimant l’égorgement à ceux qui ne pensent pas comme lui à la présidence du Conseil municipal tout en présentant une feuille de route composée de dix points au Conseil administratif.[1] Cette feuille de route exclut notamment toute hausse d’impôts, souhaite revoir le statut du personnel, aliéner une partie du parc immobilier de la Ville à une fondation de droit public.

Le deuxième acte de cette droite élargie est de refuser l’entrée en matière du budget au mois de septembre, renvoyant ce dernier, pourtant équilibré, au Conseil administratif. Une manifestation sauvage au mois d’octobre donne prétexte à la droite élargie de sanctionner à tort l’Usine en gelant ses subventions. Cette décision sera jugée illégale par le Conseil d’Etat[2]. La droite élargie, toute penaude, doit reconnaître qu’elle a outrepassé ses droits, mais le mal est fait.

La stratégie de la tension et des rapports de force au mépris de la concertation, est lancée. La droite élargie vote encore 25 postes de pompiers à la va-vite et sans concertation au mois d’octobre[3], fâchant les autres communes genevoises, pour satisfaire l’électoralisme du magistrat Guillaume Barazzone alors en campagne pour le Conseil national, avant de tailler sauvagement dans le budget 2016 de la Ville le 14 décembre. Principales victimes de ces coupes budgétaires : la culture et le social qui se voient supprimer 7 millions, sur un budget pourtant bénéficiaire et une gestion financière de la Ville saluée par les agences de notation internationales.
Et un et deux et trois Alep sur Léman ?

La manifestation sauvage du 19 décembre produisant des déprédations en Ville de Genève, si elle laisse penser à certains que Genève est une nouvelle Alep sur Léman, doit pourtant, avec un peu de recul, être analysée comme une épreuve en miroir de la production de violence, de casse et de mépris entreprise dans le parlement municipal par une droite décomplexée, ayant choisi de détruire ce qu’elle ne comprend pas ou ce qui ne sert pas ses intérêts.

L’emploi d’un discours extrêmement moraliste et dominant, le franchissement des limites de la légalité (gel des subventions de l’Usine, censure du troisième débat dans le cadre du débat budgétaire) revient à jeter à tout va de l’huile sur le feu.

L’appel au calme et à la raison du Conseil administratif n’y feront rien. L’hubris de la droite municipale semble insatiable. Principale cible de ses foudres : les classes les plus défavorisées, les artistes précaires, le fond chômage, le social, ce qui à ses yeux ne rapporte pas, ne crée pas de bénéfices financiers immédiats, au risque de fragiliser l’avenir et l’équilibre social.

 

2 référendums pour que la population se rappelle au bon souvenir des élus
L’Alternative, les mouvement sociaux, syndicaux et culturels, ont lancé à Noël 2 référendums pour contrer les coupes budgétaires dans le domaine des services municipaux, de l’emploi, de la culture. Objectif : 4000 signatures pour chaque référendum d’ici au 12 février[4]… et un travail d’explication à fournir afin de démontrer que la casse dans des domaines produisant de la richesse coûtera au final beaucoup plus cher que les maigres économies espérées.
L’aboutissement des référendums conduira le peuple à voter dès le mois de juin 2016 afin de préserver les tissus associatifs et culturels locaux. L’enjeu est important : faire entendre la voix du Souverain à la droite afin que la législature municipale de 5 ans ouverte en juin 2015 ne devienne pas celle de l’hubris et de la casse sociale à tout va ; afin aussi qu’il soit mis un contrepoids à un autoritarisme parlementaire démesuré.
0% des électeurs soutient l’alliance inédite PDC-MCG-PLR-UDC
Si, en démocratie, la délégation de pouvoir est un fondement du système, il faut toutefois la relativiser en rappelant que sur 37% d’électeurs, disons, allez, qu’une petite moitié a voté à droite. Cela donne, reconnaissons-le, une très faible légitimité populaire pour faire n’importe quoi dans les enceintes délibératives. Surtout, il faut rappeler qu’un grand nombre d’électeurs ne pouvait imaginer que le premier acte des partis bourgeois comme le PLR ou le PDC serait de s’allier étroitement à l’extrême droite pour entamer la casse sociale.

En effet, 0% des électeurs s’est prononcé pour une telle alliance, absente de tous les programmes électoraux. Cette alliance qui n’ose même aujourd’hui dire son nom ne s’est scellée qu’une fois les résultats connus et les affiches recouvertes. On peut d’ailleurs, concernant le PDC, presque parler de tromperie électorale, ce parti ayant toujours claironné son refus d’alliance avec le MCG [5]. Or, que fait-il en Ville de Genève, depuis juin 2015 ? Il s’aligne à tout va sur la politique du parti populiste, faisant bloc avec lui…. contre ses principes et ses électeurs!
Se servir d’une courte majorité pour aller contre les intérêts de la population nécessite que celle-ci puisse, à un moment donné, se rappeler au bon souvenir de ceux qui lui ont fait miroiter un menu mais, au final, lui ont servi un breuvage étrangement mitonnée.
La folle passion du MCG et du PDC se poursuivra-t-elle en 2016?

L’année 2016 sera-t-elle placée sous le signe d’un retour à la concertation, à la tempérance, et à un mode de gouvernance plaçant les intérêts de la Ville de Genève et des habitant-e-s avant les rapports de pouvoirs et de domination ? Il faut le souhaiter.

Il reviendra finalement à la population de faire entendre sa voix afin de calmer la démesure passionnelle de la droite municipale. Il reviendra surtout au PDC, qui a toujours eu un rôle de pivot et de balance, de clarifier sa position sur l’échiquier politique. Car entre des déclarations de principes refusant l’alliance avec le MCG et, dans les faits, une intimité incestueuse avec ce dernier, on peut imaginer que l’électorat de ce parti ne se sente, à terme trompé, et refuse la filouterie électorale si des signaux clairs de distanciation ne sont pas fournis par le parti « démocrate chrétien ».

 

 

[1]http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/plr-pdc-mcg-udc-s…

[2]https://www.letemps.ch/culture/2015/12/16/canton-annule-g…

[3] http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/creation-25-poste…

[4] https://gallery.mailchimp.com/a357a7d03293fef5762ba9bcd/files/feuille_de_signatures_re_fe_rendums_budget_PS_final.pdf

[5] http://www.ghi.ch/le-journal/lactu-de-decaillet/le-pdc-re…

 

 

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02/01/2016

 

2016 sera-t-il spirituel ou ne sera-t-il pas? (Hommage à Maurice Zundel)

C’est par hasard que je suis tombé, à la rue Lissignol, sur deux petits ouvrages d’inédits de Maurice Zundel publiés aux éditions du Tricorne (Genève) : l’humble présence et Témoin d’une présence.[1]

Qui était Maurice Zundel ? Maurice Zundel (1896-1975) était un fou. Maurice Zundel était un fou de Dieu. Maurice Zundel avait une petite démarche d’homme de Dieu. Il prenait son café sur l’avenue d’Ouchy à Lausanne avant d’aller à la paroisse du Sacré Cœur découper un saucisson sur un banc en pierre. Maurice Zundel croquait le soir une patate bouillie avec un café au lait tiède, parfois un peu de raisiné ou de beurre frais les jours de fête. Il lisait un psaume avant de se coucher, après avoir parcouru la feuille d’avis. Enfin, cela dépendait des jours. Parfois il ne lisait rien, il priait. C’était un saint, le dernier peut-être. Dieu seul le sait.
Maurice fût l’un des plus grands mystiques du XXe siècle, c’est attesté. Un XXe qui, en terme de mystique n’a pas fait fort ; c’est attesté aussi. Le vrai hit-parade, là où ça se bouscule au portillon, fût celui de la fascisation, des meurtres de masse, et de l’épuisement des ressources naturelles. Dans cette catégorie-là, ils sont légion à vouloir recevoir leurs récompenses.

 

Mystique de Maurice Zundel
Zundel, lui, était d’une autre catégorie. Il ne reçut aucun prix. Le Pape, toute la hiérarchie catholique l’ont toujours empêché, réduit à rien. Il était trop libre, dérangeant, trop fin, humble, trop simple simplement, authentique, trop croyant, trop divin, divinement.

Un grand pote à Zundel ça aurait pu être Brassens, Georges (1921-1981) mais à ma connaissance ils ne se sont jamais rencontrés ailleurs que dans le cœur du monde. Cela aurait aussi pu être Georges Haldas (1917-2010) greco-genevois qui vécu ses dernières années au Mont-Sur-Lausanne. Maurice lui venait aussi d’ailleurs, de Neuchâtel. A l’époque, venir de Neuchâtel, c’était aussi mal vu que de venir de Syrie, ou d’Afghanistan, ou d’aller à la mosquée; très très mal vu, oui.
Maurice était tellement fou qu’il pouvait écrire : « dans le mal c’est Dieu qui a mal  » ou :  » le vrai problème n’est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais si nous serons vivants avant la mort.  »

C’était un bosseur, il écrivait, parlait, pensait : « le Bien c’est quelqu’un à aimer, pas quelque chose à faire« . C’était un bûcheur Momo Zundel, parce qu’un feu brûlait en lui, le réclamait. Pas parce qu’il voulait devenir quelqu’un d’autre ou prouver qu’il existait vraiment. Non, ce n’était pas ça, ce n’était pas un petit braquet. Il avait une œuvre à réaliser, une voix à exprimer, au-delà de lui-même, simplement.

Le féminisme n’avait pas encore passé la deuxième vitesse (1968), mais Maurice avait déjà dépassé haut la main la guerre des sexes. Cela n’avait rien à voir avec sa chasteté ou son célibat de prêtre. Femme, Homme, oiseaux, chats, chiens, dans les jardins et les forêts de Momo Zundel, toute créature était égale, parce qu’elle était avant tout créature de vie, supérieure à ses conditions d’existence, et produit d’éternité, non pas d’une classe, d’un genre, ou d’un drapeau.

Tout cela Maurice l’avait compris très vite. A croire qu’il le savait avant même d’être. Il avait dépassé les formes, les étiquettes ; les looks… de cela, il s’en moquait comme de sa première communion. Il était fixé sur l’être.
François d’Assise (1181-1226), le saint, le fou, était un intime de Momo Zundel. Il pensait un peu comme lui ou peut-être que c’est lui qui pensait dans la voie du frère d’Assise. Enfin, là encore, que ce soit une pensée avant l’autre ou l’une après l’autre, ni le copyright ni le temps linéaire n’ont jamais existé chez les grands mystiques, puisque tous boivent à la même source, plongent leurs racines dans le même terreau.

2016, année spirituelle?

On serait alors sur le levier que Galilée (1564-1642) réclamait pour faire pivoter la terre sur son axe. Ce serait la révolution, l’entrée dans une autre dimension. Et si l’on retournait le matérialisme comme un gant?

Mais cela, est-ce souhaitable? Car enfin, soyons sérieux, s’accrocher au connu, c’est si bon. L’Oréal: c’est délicieux, les barquettes en plastique brûlent très bien, même avec de la viande au centre.

L’inconnu: à repousser! Avec la peur de tomber comme les cours des bourses qui chutent, les unes après les autres, avec les mêmes autorités qui dérégulent, investissent des millions pour que la bicoque de planche de clous d’électronique et de bip- bip tienne encore malgré tout… et qu’elle nous supporte encore un peu…encore un peu… encore un peu… malgré Daech, le cancer, les casseurs, Alzheimer, les forfaits fiscaux pour les nantis, les redressements pour les autres, tout cela qui vrombit et vrille d’une manière confuse et indifférenciée. Prêts à tout pour que ça ne bouge plus? Mais le vent de l’histoire souffle. Quelles voiles lever maintenant?

 

Dépasser la peur

Maurice aka Momo avait dépassé la peur. Il ne travaillait que pour les choses essentielles. Du coup, il ne travaillait plus, il vivait. Simplement.

Il était devenu un passager, un voyageur solaire. Il avait du temps pour tout le monde, avait cessé de se préoccuper de lui-même. Ses plages de rendez-vous étaient végétales. Pas d‘Outlook, pas d’I-phone, il était libre pour la vie et la vie l’était pour lui.

Maintenant, Momo Zundel mange les pissenlits par la racine, mais les siens, c’est sûr, ont le goût de la lumière du sel et de l’infini. Il a fini par mourir enfin, afin de commencer à vivre sa vie d’après la vie.

Quand viendra l’hiver cosmique, pas le Winter is coming cathodique, non, mais dans la mendicité de l’infini, il n’y aura plus ni Roms ni Genevois, ni Moldaves ni Zizous ou Vaudois. On ira tous au jardin du silence, pieds nus et fragiles, les uns derrière les autres, tendre la main à Momo Zundel. Et Momo sera là, miracle! avec ses betteraves et ses choux rouges, des aliments que l’on n’aurait jamais pensé manger, que la Migros avait même catalogué invendable.

Et là, coincés entre le silence la faim et la nuit, dans la folie la joie et le crépuscule de la mort, avec de grands feux d’artifice et des publicités pour Mars et Mac Donald sur des écrans géants, des litanies d’annonces de plans vigipirate, et des partis fascisants se posant en victimes à tous les coins de rue, on se mettra debout, et avec le sourire par-dessus le marché car Il faut changer de Dieu, c’est-à-dire qu’il faut trouver Dieu dans une expérience, dans l’expérience même de l’Homme on bêchera les quelques légumes de Momo dans les jardins célestes pour les faire bouillir, se racontant des histoires pour se faire rêver en faisant claquer le D de Démocratie en se souhaitant, encore et toujours une bonne et joyeuse année sans fin, fous que nous sommes.

2016 sera-t-il spirituel ou ne sera-t-il pas?

Le vrai problème c’est d’être vivant aujourd’hui

aurait répondu Maurice « Momo » Zundel en souriant…

car il avait de l’humour, le bougre.

 

 

 

 

[1] Marc Donzé, l’humble présence, inédits de Maurice Zundel, tome I, Editions du Tricorne, Genève, 1986.

Marc Donzé, témoin d’une présence, inédits de Maurice Zundel, tome II, Editions du Tricorne, Genève, 1987.

 

 

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27/12/2015

 

Le spa miroir du monde

FullSizeRender.jpgEn me promenant au bord du lac au matin, là où les barrières et les villas n’empêchent pas encore partout de profiter des rives, je suis tombé sur ce portail orné d’une inscription: On ne peut changer le monde mais pour vous nous changeons le décor.

 

Eh quoi, serait-ce donc là réinvention contemporaine et suave du chant troisième de la Divine comédie de Dante: Vous qui entrez, laissez toute espérance? Une invite refusant d’aller au bout du chemin, mais décorant l’enfer, avec jolies tentures et éclairages tamisés, en appliquant les oeillères du consumérisme et l’eau tiède au nombril ?

Le brouillard était épais et le chant des sirènes tentant. J’ai médité un peu devant le portail pour décrypter ce qu’il nommait.

Eh quoi, il ne nous resterait plus que cela : le réduit, le replis hédoniste, le cocon où oublier l’espérance de changer le monde et l’ambition d’en faire autre chose, autrement ? C’est donc aux bu-bulles qu’il faudrait aller pour noyer toute espérance radicale et ne pas se compliquer la vie-déjà-trop-pénible avec la pensée; mais s’anesthésier avec une ou deux flûtes de champagne, un massage à 60 balles ; et se refaire ainsi la façade ?

– Coûteuse anesthésie.

 

Le communautarisme le plus agressif d’aujourd’hui

Le communautarisme le plus à la mode et le plus virulent aujourd’hui est le communautarisme de classe. Celui de l’argent, de ceux qui en ont contre ceux qui n’en ont pas, des puissants contre les autres, de ceux qui se construisent leurs territoires protégés, leurs espaces symboliques, leurs immeubles surveillés, avec un discours taillé sur mesure pour le légitimer.

Entrez ici et oubliez le monde, et dans cet espace du cocon et du ressourcement, vous pourrez pour quelques heures tout oublier… jusqu’à vous même, avec le sentiment de faire partie du club des happy-few.

– Fous que vous êtes.

 

La nécessité de nommer pour dominer

Oh, le puissant pétrissage des cerveaux, les rotatives de l’usine à saliver qui tournent à plein régime et bâtissent de petits îlots protégés en sucre d’orge ;  sans culpabiliser que le monde s’effrite tout autour, s’en accommodant même d’un trait de plume.

Cette idéologie triste des people et de ce qu’ils mettent sous leur sapin (cf,le Matin), racontant leurs souvenirs communs, ce qui se trouve dans leur assiette ou dans leur lit ; le jeu du pouvoir dominant qui ne rassemble plus rien, ne draine ni espérance ni engouement, mais anesthésie par l’image et le luxe, la conformité ou l’intimidation; le jeu de ceux qui ont envie et de ceux qui font mine d’avoir, mais qui pourtant sont nus.

 

Comment cela pourrait-il tenir encore, puisque ne reposant plus sur rien ?

 

Oh le puissant déni usant son morceau de savon noir jusqu’au bout, pour nous faire oublier tout engagement et toute responsabilité.

Oh la peau morte qui ne tient plus et partira sans frottement. Il ne lui suffit pas d’exister, elle doit se nommer et se photoshoper pour faire tinter le tiroir caisse.

 

Tout pour la joie

J’en étais là de ma méditation quand une étrange réjouissance m’a saisi face à ce présent et à l’avenir qui s’ouvre et sera nécessairement un espace de renouveau et de subversion, de solidarité et de partage.

Car ce système, à l’évidence, touche à son terme. Il vit déjà sur ses réserves, avec des contradictions de plus en plus grandes, des injustices plus criantes; et les grosses ficelles qui le maintiennent sont en train de céder. Notre société abrite les plus grands traders et négociants de matière première de la planète, les plus grands affameurs, mais voudrait être quitte de son environnement, et de la solidarité internationale, arrêtant les migrants à 500 kilomètres de là.

Cette société qui se prétend mondialisée mais ne se soucie pas du monde à l’heure du partage ne sera sauvée par aucun spa; et aucun changement de décor, ravalement de façade, ne lui suffira à sortir de ses contradictions et de ses failles; aucune jingle bells aucun message charitable ne cachera sa monstruosité structurelle.

 

Je suis resté un temps devant cette entrée, invitation à franchir le Léthé, pour y prendre mon pied.

Et j’ai tourné les talons.

– On ne peut changer le décor, ensemble nous changerons le monde.

 

 

 

 

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