On peut en effet craindre que ceux qui refusent la Cité de la musique ne se mettent en travers du projet de future patinoire au trèfle blanc avec l’argument que c’est un gouffre énergétique et probablement qu’il suffira aussi de construire celle-ci dans des bureaux; voire que tout va très bien comme ça aujourd’hui aux Vernets. N’alimentons pas la vague du refus et du rejet. Aujourd’hui la culture en paiera le prix, demain ce sera le sport. On a déjà senti passer le vent du boulet aux Evaux, où de jeunes sportifs ont failli se retrouver sans terrains pour pratiquer leur passion et progresser.
La votation sur la Cité de la musique a soulevé des passions. Comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort, un vocabulaire excessif a noué écocide à criminel et des commentaires agressifs ont achevé de vitrioler à l’extrême un enjeu très concret et méritant un débat public approfondi. Faut-il bâtir ou non une école de musique et un lieu d’accueil pour un orchestre philharmonique ou faut-il les laisser dans des locaux peu adaptés ? Faut-il offrir des outils conformes aux jeunes avec des conditions de travail irréprochables en dessinant un avenir désirable ?
Donner des outils de formation adéquat aux jeunes, c’est investir pour l’avenir. Il est important de le faire dans le respect de la nature, et c’est bien ce que fait le projet de la Cité de la musique. Surexploiter de vieilles installations inadaptées n’est ni écologique ni respectueux pour celles et ceux qui les utilisent. Tout figer dans un réflexe néomalthusien ou conservateur fera des dégâts considérables à Genève.
Quand je passe devant la Nouvelle Comédie, je salue l’audace du geste architectural et le fait que ce bâtiment soit passé entre les griffes du refus. En écoutant les arguments de certains « amis de la culture », pas un n’aurait voté ce projet si celui-ci avait été isolé et soumis à référendum, plutôt qu’absorbé dans la construction de la gare du Léman Express (qui, au passage, a nécessité la coupe de 1000 arbres pour se réaliser). Qui oserait prétendre aujourd’hui que la Nouvelle Comédie n’a pas sa place, que les comédiens n’avaient qu’à jouer dans les salles déjà existantes ou les bureaux vides.
Construire une école pour 500 étudiants en leur donnant des outils de formation adéquats ; bâtir un lieu adapté à l’OSR afin que des musicien-ne-s professionnels puissent exercer leur profession dans des conditions optimales n’est pas un enfantillage. Une école, ce n’est pas rien. La musique, la culture, ce n’est pas rien, surtout en période de pandémie et de crise profonde. À chacun-e de faire sa pesée d’intérêts.
En refusant le projet de la Cité de la musique on ne sauvera pas la planète. En l’acceptant on offrira une école à des étudiant-e-s, un lieu de culture magnifique, un nouveau parc sera ouvert au public à Genève. Et on replantera beaucoup d’arbres.
Au niveau fédéral également, l’acceptation de la loi Co2 et de la loi Covid-19 ainsi que le refus des mesures policières de lutte contre le terrorisme sont à l’ordre du jour.
A ce jour, un tout petit peu plus de 25% de la population en droit de voter l’a fait en Ville de Genève concernant la Cité de la musique. C’est peu. 30% au niveau cantonal, guère mieux.
Vous pouvez voter jusqu’au jeudi 10 juin par correspondance, et ce dimanche 13 juin de 10h à 12h dans votre local de vote.
Pour construire un futur désirable, chaque voix compte.