Des soignant-e-s bien mal soigné-e-s !

  • 04. février 2021
  • Genève
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Pour davantage de postes de soignants aux HUG, pour une meilleure qualité des soins et des conditions de travail dignes ! Cette pétition [1] demande une reconnaissance du travail des soignant-e-s. Discutée en commission du Grand Conseil, elle y a été sèchement balayée par la droite cet automne, entre deux vagues de Covid-19. Prendre soin des soignant-e-s est pourtant plus que jamais vital et nous concerne toutes et tous. Le coup de couteau dans le dos du Conseil d’État (baisse des salaires) et de la droite parlementaire à celles et ceux qui sont au front n’est pas acceptable.

 

Nous avons été nombreuses et nombreux à applaudir les soignant-e-s au printemps passé. Ces dernier-e-s méritent bien davantage que des applaudissements, mais avant tout de bonnes conditions de travail et une sérieuse prise en compte de leur épuisement.

 

Souffrance au travail

Les constats de la pétition, largement signée par les soignant-e-s (plus de 2000 !), sont clairs. Le travail ne peut s’effectuer d’une manière correcte quand les moyens manquent. Dans cette pétition balayée par la droite parlementaire en commission, il est question des infirmier-e-s, des aide-soignant-e-s et des assistant-e-s en soins communautaires. Il est question de femmes et d’hommes, courant le risque de tomber malade en faisant leur devoir avec professionnalisme et courage.

Il a beaucoup été question de la revalorisation du travail des femmes récemment. Or, rien n’a été fait, ou presque. Les HUG ont un personnel féminin important, et la direction des HUG a elle-même reconnu que la profession d’aide-soignant mériterait d’être revalorisée.

Cette pétition a été lancée suite au constat fait sur le terrain par les travailleuses et travailleurs concernant leurs conditions de travail.

Le personnel soignant ne se plaint pas facilement, mais la péjoration des conditions de travail date maintenant de plus de quinze ans et ils constataient que le point de rupture était atteint. Dès 2007 et la mise en place du plan Victoria, le personnel a été mis sous pression avec une augmentation de 15% de l’activité au cours des dix dernières années, et une stagnation des effectifs.

 

Des taux d’absence alarmants

Pour les pétitionnaires, cette situation de fragilisation de l’hôpital a entraîné inévitablement une augmentation de la cadence de travail, une violation des règles de la loi sur le travail (travail de nuit, pause, etc.), avec un management décrit comme autoritaire qui fonctionne avec des menaces et des sanctions. Le taux d’absence est inquiétant. Il est de plus de 10% chez les soignant-e-s, et a augmenté en flèches ces derniers mois jusqu’à atteindre 15.6%. Les réponses des HUG sur ces points ne sont pas satisfaisantes.

La valse des intérimaires

On est en droit de douter de l’air du « tout va très bien madame la Marquise » qui est régulièrement entonné par Monsieur Poggia concernant la gestion des ressources humaines dans le domaine de la santé.

La direction des HUG a reconnu que la « pratique précédente conduisait à des absurdités et entraînait l’engagement d’intérimaires ». Confession fort tardive. Les 280 nouveaux postes à durée déterminée ne signifient pas une dépense supplémentaire puisque ces moyens sont simplement déplacés du pan intérimaire vers des postes fixes. Il n’est donc pas possible de se satisfaire de la stabilisation de ces postes. Cette ressource était déjà à disposition. Il faut également relever que les conditions d’engagement diffèrent largement entre le personnel fixe et les intérimaires. Certaines procédures mériteraient d’être clarifiées.

Ce ne sont donc pas 280 postes qui sont demandés dans cette pétition mais bien 500, et une invitation à poursuivre l’effort. Quelle a été la réponse du Conseil d’État ? Couper dans les salaires des soignant-e-s… c’est irresponsable.

Des soignant-e-s bien mal soigné-e-s

Les témoignages du personnel soignant font mal à entendre. Certain-e-s arrivent le matin en sachant qu’ils ne pourront pas manger, faute de pouvoir prendre une pause. Les soignant-e-s se priveraient également de boire pour ne pas perdre de temps aux toilettes et devraient, après leurs heures de travail, retranscrire tous les soins dans les dossiers médicaux. Ces heures supplémentaires ne sont pas comptées. Il s’agirait donc de travail gratuit que la direction considère inhérent à son manque d’organisation du personnel. Les changements d’horaires  liés aux absences seraient également fréquents. Il arrive que des professionnel-le-s doivent enchaîner deux horaires à la suite. Et maintenant que le pic de la pandémie augmente, ces conditions vont inévitablement encore se dégrader.

Des métiers qui évoluent, des rapports de force qui demeurent

Les médecins se déchargent parfois sur les infirmières qui débriefent les patients à leur place, sans être nécessairement formées et payées en conséquence. Certaines infirmières sont également utilisées comme aide-soignante, ce qui pose des problèmes de cahier des charges. Un projet de privatisation de blocs opératoires pose également de nombreux problèmes. Le personnel n’a pas le sentiment que la qualité des soins est si importante pour la direction.

Ne pas s’en laver les mains

Aujourd’hui, alors que la Covid-19 frappe, seuls 6% du personnel avait pu prendre ses vacances de Pâques. Le surplus devait être réparti entre 2020 et 2021. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que la pression ne s’est pas relâchée sur le front de la maladie, et que l’état d’épuisement des soignant-e-s est au plus haut ?

Il est grand temps de prendre davantage soin de nos soignant-e-s et au-delà des applaudissements au balcon, d’en faire davantage afin d’améliorer leurs conditions de travail.

Il est urgent que le Conseil d’État revienne sur son projet de baisse de leurs salaires et la majorité de droite sur ses logiques d’économicité qui endommagent notre santé.

On a bien entendu l’appel à la responsabilité individuelle pour éviter d’engorger les hôpitaux. Le Conseil d’Etat a-t-il lui même fait preuve de la même responsabilité en annonçant couper les salaires des soignant-e-s et ce au plus mauvais moment ; et pour avoir si mal anticipé la 2e vague que l’on s’est retrouvé début octobre à cours de personnel pour le traçage puis ensuite pour le testing ?

Le mal est fait et cela crée des dommages.

Persévérer dans l’erreur serait fatal.

[1]https://ge.ch/grandconseil/data/texte/P02083.pdf

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