L’appétit insatiable du gouvernement turc

  • 29. septembre 2020
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Comme le rappelle un communiqué de presse de la communauté arménienne de Suisse, lors de la nuit du 12 juillet 2020, l’Azerbaïdjan a lancé une attaque militaire contre le territoire de la République d’Arménie. A la clé : des pertes humaines dans les deux camps. Le gouvernement azéri a menacé de bombarder la centrale nucléaire arménienne de Medzamor, près de la capitale Érévan, ce qui équivaudrait à un crime contre l’humanité. La Turquie, dès le premier jour des attaques, a affirmé qu’elle apporterait un soutien inconditionnel à l’Azerbaïdjan. Elle a depuis réitéré cette position. Lundi 13 juillet, dans une interview,  donnée à la chaîne TRT Haber, le Ministre des affaires étrangères turc, M. Mevlut Cavusoglu a affirmé que « la Turquie est aux côtés de l’Azerbaïdjan, avec tous ses moyens ».

Selon la communauté arménienne de Suisse, des centres d’enrôlement auraient été ouverts à Afrin au Nord de la Syrie, de même qu’à Raju, pour recruter et transporter des djihadistes en Azerbaïdjan. Les Arméniens de Suisse ont demandé au Conseil fédéral de condamner fermement cette tentative de déstabilisation dans le Caucase du Sud et dans tout le Moyen Orient. Une manifestation pacifique en soutien à l’Arménie est prévue ce mardi 28 juillet à 12h à Genève sur la place des Nations.

En Méditerrannée orientale, c’est la Grèce qui est confrontée à l’agression du gouvernement Turc. Depuis le 21 juillet, une dangereuse escalade militaire a lieu entre les deux pays. Quinze bâtiments militaires turcs ont pris la mer le 21 juillet pour escorter un navire d’exploration gazière sous-marine. En jeu : la volonté du gouvernement turc de poursuivre ses entreprises de forage en Méditerranée, en empiétant sur le territoire Grec. Comme le rappelle le journal Marianne, la date de cette manoeuvre n’est pas choisie au hasard. Le 20 juillet 1974 une offensive militaire turque conduisait à l’occupation de 38% du territoire chypriote. Le traité de Lausanne, délimitant la majeure partie des frontières entre la Grèce et la Turquie, avait été signé le 24 juillet 1923. Le président turc Recep Tayyip Erdogan veut le réécrire. [1]
Autre source de tensions : à Istanbul, la basilique Saint-Sophie a été convertie en mosquée. Recep Tayyip Erdogan irrite les chrétiens, joue de la provocation et de l’agression vis-à-vis de ses voisins. Interventions en Lybie, en Syrie contre les kurdes, contre l’Arménie par le biais de l’Azerbaïdjan, contre le Grèce. Cette stratégie de la tension vise avant tout à servir sa politique intérieure. Recep Tayyip Erdogan, fragilisé par la récession économique, veut nourrir son nationalisme, sa base islamiste et populiste. Le régime turc semble vouloir profiter de l’élection américaine et de la crise du Covid-19 pour avancer ses pions en toute tranquillité. Le silence de l’Europe et de la Suisse est assourdissant.
Cédant depuis des années aux divers chantages de Recep Tayyip Erdogan, preneur d’otage des migrants, l’Europe et la Suisse ont crée, par leur complicité, un monstre puissant. Incapable de se montrer à la hauteur du défi migratoire et d’accueillir les personnes qui fuyaient la guerre en Syrie, l’Europe et la Suisse ont, de par leur refus marqué de l’accueil, donné au gouvernement Turc un puissant incitatif à son expansion et un fort sentiment d’impunité.
Cette stratégie des démocraties européennes se montre à terme désastreuse pour la sécurité et la paix dans le Caucase et la Méditerrannée. Croyant gagner la paix en fortifiant leurs frontières, l’Europe et la Suisse n’ont fait que la fragiliser.
Au 30 septembre 2019, l’industrie militaire helvétique affichait des chiffres record.[2]
Parmi l’un de ses meilleurs clients… la Turquie.

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