Premier juin, Massimo Lorenzi, rédacteur en chef RTS des sports expliquait au journal du 19:30 pourquoi la chaîne publique ne pouvait pas diffuser la finale de la champion’s league de football entre Tottenham et Liverpool : trop cher. Monsieur sports posait un discours clair, celui du refus de l’escalade des chiffres et des coûts faramineux (on parle de 25 à 30 millions) pour diffuser un match de deux fois quarante cinq minutes. Cette somme était impossible à payer selon lui sans péjorer d’autres sports, comme le tennis, le ski, ou les jeux olympiques, sur un budget total de la SSR de 50 millions.[1] Cette position semblait sage et réfléchie, seulement voilà…
Une semaine plus tard, samedi 8 juin, alors que la coupe du monde féminine de football bat son plein; que ce sport suscite toujours plus d’intérêts; que nous sommes à une semaine de la grève des femmes* et féministe du 14 juin pour davantage d’égalité; que la population prend toujours plus conscience de l’urgence écologique et sociale, la RTS nous sert sa vieille tambouille des… essais de grand prix de formule 1 au Canada, au détriment du sport féminin (Norvège-Nigeria au football ce soir là).
Sérieusement ? En 2019 : la RTS continue avec de l’argent public à nous transmettre des grands prix de Formule 1? Il n’y a pourtant pas pratique plus rétrograde, prévisible, ennuyeuse, polluante, bastion du masculinisme. La RTS, chaîne publique, s’entête pourtant à retransmettre depuis des décennies les 21(!) courses annuelles dominicales de Formule 1, y rajoutant même les qualifications du samedi. Mais qui regarde des essais de Formule 1?
Diffuser cela, c’est un peu comme retransmettre un entraînement de football, ou l’installation du sable sur un terrain de beach-volley.
Comme si la benzine ne nous montait pas assez au nez, on y rajoute la diffusion des Grands Prix de moto… 19(!) chaque année pour être exact. Dans ces sports motorisés, pas une femme à l’horizon, pas même de catégorie féminine. On retrouve uniquement ces dernières sur le podium pour faire la bise aux vainqueurs.
Alors ok, on veut bien suivre Monsieur sports de la RTS et son plaidoyer vertueux contre l’escalade des coûts dans le football masculin professionnel, mais on aimerait surtout l’entendre sur les coûts de diffusion des sports motorisés, les coûts écologiques de ces pratiques appartenant à une autre époque… et enfin connaître les audiences de ce genre d’exercice, avec transparence.
Chère RTS, s’il te plaît, mets toi à la page. On est en 2019. On aimerait une grille sportive débarrassée des sports machistes, sexistes, pro-pollution et que le service public arrive à diffuser autant de sports féminins que de sports masculins, afin de parvenir enfin à l’équité. Car, puisqu’il y a plus de 50% de femmes en Suisse, on s’attendrait également à ce qu’il y ait plus de 50% de sports féminins retransmis sur nos chaînes publiques.
Cher RTS, merci d’avoir envoyé Monsieur sports de la RTS prendre l’antenne le premier juin pour nous expliquer qu’il n’était pas possible de dépenser 30 millions pour un match de foot entre 22 gars.
Et maintenant, on pousse plus loin. Il serait vraiment excellent de venir communiquer sur combien vous dépensez pour des pratiques motorisées d’un autre âge, et aussi quels sont les montants dévolus au sport féminin dans le budget de 50 millions consacré au sport à la SSR, afin d’augmenter leur part. Et si cela devait être problématique : si vous nous disiez: on a plus de place sur notre grille désolé ou : on a plus d’argent; si vous deviez vous demander comment équilibrer votre budget, il se pourrait bien que ce billet vous propose quelques pistes : formule 1 et sexisme à La RTS : qu’on en finisse!