Du délit de sale gueule à la démocratie participative

  • 11. mai 2020
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Trop souvent, quand on parle de précarité, les habitant.e.s ne savent pas de quoi ni de qui l’on parle exactement, et prennent peur. Cela ne les concerne pas, et les images associées sont des images repoussoirs. Pourtant, de nombreuses bonnes volontés et énergies sont prêtes à être mises en actions, et des habitant.e.s disposé.e.s à s’impliquer concrètement, par exemple par du bénévolat. Afin de favoriser l’action, il est important de changer les représentations toutes faites et les préjugés. Comment ? Par le contact, la parole; par la rencontre personnelle, le témoignage. Un grand effort de sensibilisation et dexplications doit être fourni.

Le sujet de la précarité est trop souvent mis sous la pile des priorités politiques, par manque d’information ou de connaissances. Il est important de rappeler qu’une personne en trajectoire de précarité dispose de ressources, de potentiel. S’il existait des diplômes qui reconnaissent la débrouille et la créativité, elles en seraient bardées.

Il nous faut donc travailler, en profondeur les mentalités

Dans notre société, privilégiant la vitesse et l’apparence, il est bien trop rare que l’on prenne le temps de déconstruire les clichés. Trop souvent, une personne est identifiée à son apparence ou son passé et immédiatement catégorisée. Consciemment ou inconsciemment, la machine à exclure est enclenchée, entraînant au final un coûteux gâchis. Sortir de ces logiques destructrices est urgent. Ralentir pour se mettre à hauteur du réel plutôt que de demeurer dans des jeux de miroirs, aussi. Notre société ne peut plus se permettre de massacrer des ressources humaines.

Les gens se demandent ce qu’ils peuvent faire pour avoir un impact sur leur environnement immédiat.

Il nous revient de leur proposer un chemin d’actions. L’itinéraire que nous traçons est simple. Il revient à s’engager, dans la proximité, prendre conscience et faire prendre conscience des incroyables ressources humaines qui sont présentes autour de chacun.e. Ces ressources sont encore largement inexploitées. Les mettre en travail d’une manière simple, concrète, avec un langage accessible, est important. 

Notre plus grande richesse est relationnelle

Nous sommes les témoins d’un incroyable potentiel social, malheureusement largement méprisé et bafoué dans notre Canton. Il est inacceptable que notre démocratie demeure aussi inégalitaire. De nombreuses personnes sont invisibilisées ou stigmatisées. Elles ne parviennent que difficilement è faire entendre leur voix. Malgré le travail fait par des associations comme celle du Bateau pour renforcer, valoriser chaque individu, bon nombre ont des droits qui ne sont pas respectés.     

Les lois sont là. Pourtant, le décalage entre les textes et les actes est grand

 Prenons l’exemple de notre Constitution genevoise. Le droit au logement et à la santé y sont inscrits noir sur blanc. Cela a été un combat de haute lutte. Or, l’écart avec ce que l’on constate dans la réalité est abyssal. Trop souvent, le droit s’applique à quelques un.e.s pour protéger leurs privilèges et sur d’autres pour les exclure. Cela n’est pas acceptable. Les discriminations sont le chiendent de la démocratie. Des mauvaises herbes à retirer consciencieusement et régulièrement de nos jardins. Il est urgent de passer du délit de sale gueule à la démocratie participative.

Il revient à chacun.e individuellement, à son échelle, de s’impliquer et s’engager, mais surtout collectivement, de s’engager dans les associations, les regroupements et les collectifs existants, afin de trouver un chemin d’action ; à l’échelle du quartier ou de la ville. Ainsi nous tissons des liens de solidarité, de reconnaissance réciproque; des liens de confiance et d’attention qui font la différence. Passer d’une société de l’exclusion et de la violence, à une société de la prévention, et de la solidarité, demande de sortir de l’ignorance et de l’indifférence.   

J’ai un grand espoir : que l’urgence social et climatique nous oblige à nous tourner toujours davantage les un.e.s vers les autres. Si nous ne voulons pas mourir isolé.e.s comme des idiot.e.s, dans une société crispée et vieillissante, cette urgence sociale et climatique nous invite à élaborer sans tarder de nouvelles formes de solidarités et de partage. Il nous revient donc de continuer à nous organiser, puisque nous avons plus que jamais besoin les un.e.s des autres. 

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