Cher défenseur de villas, j’ai écouté attentivement ton point de vue concernant la votation de ce dimanche en Ville de Genève sur la modification de zone au Petit-Saconnex. Tu te plains que des groupes progressistes aient défendu ce déclassement de zone afin de pouvoir à terme construire du logement et faire évoluer ce quartier. Ce choix permet pourtant à celles et ceux qui veulent faire évoluer cet espace de pouvoir le faire ; autoriser par exemple l’église, qui souhaite pouvoir créer du logement à aller de l’avant, plutôt que d’avoir des locaux coûteux, partiellement vides et chauffés (pas très écolo).
Cette votation est une chance pour que ce quartier ait la chance d’évoluer, de manière respectueuse, pour l’environnement, pour le bien de toutes et tous. Trop souvent on entend qu’il est oublié de la collectivité, voilà qu’il va pouvoir se développer. Il règne aujourd’hui un enchevêtrement de petites maisons autour de la place du Petit-Saconnex, avec une pente très marquée couverte d’une végétation variée. 18 villas occupent le terrain. Ce n’est pas défendre un quartier entier que de béatifier quelques villas, ni un modèle très écolo d’usage du sol.
Je préfère les forêts aux parcs et les parcs aux jardins privatifs, c’est ainsi. Et j’aime mieux que l’on dispose d’espaces pour la collectivité plutôt que de plages de gazon pour quelques-uns, même si ces derniers défilent en criant « halte au béton ». En quoi les habitant-e-s du Petit-Saconnex profitent aujourd’hui des jardins privés des villas ? Réponse : en rien.
La modification de plan de zone au Petit-Saconnex soumis à votation le 4 mars préservera l’esprit du quartier actuel et permettra à terme d’utiliser les sols d’une manière optimale pour implanter 200 logements.
La modification de plan de zone valorisera cet espace en créant des venelles piétonnes, des chemins pour la circulation douce, préservant la quiétude du quartier. De nouvelles zones plantées seront ajoutées aux endroits qui visent à être assainis. La verdure sera préservée. Le grand Conseil, comme le Conseil municipal ont voté OUI au déclassement, à une très large majorité.
Cher défenseur de villas, tu joues sur la peur. Et la peur, comme la défense des intérêts particuliers, ne permet pas de relever les défis collectifs actuels. Contrairement à ce que tu prétends, rien ne sera saccagé. Tout ce qui pouvait avoir une valeur de patrimoine a été exclu du périmètre. Les villas Heimatstill, la place du Petit-Saconnex, le Café du Soleil, tout sera préservé. L’implantation future des nouveaux bâtiments reprendra en majorité l’emprise au sol du tissu urbain existant.
Il faut penser à celles et ceux qui doivent aller se loger loin de Genève, celles et ceux qui paient le prix sanitaire de la pollution lié au trafic. L’évolution de ce quartier se fera avec une légère densification, et un réaménagement maitrisé. Il n’y aura pas de saccage urbain, pas de perte d’espaces verts, pas de densification massive. Ton indignation est sélective. Elle vise à défendre 18 villas, pas à proposer une réflexion sur la croissance, ou un autre mode de développement. Le pseudo débat sur la densification ne dissimule pas les arguments racistes et xénophobes qui en suintent. On construirait là, selon toi, pour l’étranger. Et malgré les 74% de refus à l’initiative ‘Halte à la surpopulation – oui à la préservation durable des ressources naturelles’ par la population suisse (80% à Genève!), certains voudraient faire d’un vote de modification de zone un ECOPOP bis utilisant l’environnement pour faire triompher le quant-à-soi.
Si Trump veut construire un mur, d’autres ne veulent plus qu’un seul clou ne se plante.
Certes, quel que soit le résultat de cette votation dimanche, les enjeux du développement et de densification sont sur la table et devront être traités. Mais pour que ce débat aie véritablement lieu, et pour que des projets de qualité ne soient pas pris en otage par des gens qui affirment: pas dans mon arrière-cour, pas chez moi, ou par des xénophobes qui hurlent la barque est pleine, ne confondons pas ce débat de fond sur le développement et la ville de demain avec la défense acrimonieuse d’un fond de commerce, qu’il soit électoral ou viager.