Le Pape en prison : un acte de bisounours?

  • 25. juillet 2017
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Le fait que le Pape se rende en prison pour laver les pieds des détenus ce jeudi est un acte fort.[1]

Les mots du pape sur les détenus le sont aussi: «Je le répète encore une fois, tous ont le droit de se tromper. Nous nous sommes tous trompés d’une manière ou d’une autre». Le pape rappelle au passage le manque de cas qui est fait de la réhabilitation et de la réinsertion dans la société. C’est un acte politique fort.

Il ne marque pas une séparation entre les détenus et les autres, mais place tout un chacun sur le même plan de la responsabilité et de l’erreur, avec la possibilité d’un amendement pour chacun. Surtout, il s’abaisse littéralement au niveau des pieds de personnes condamnées, sans juger, se plaçant même au-dessous des condamnés. Déjà laver les pieds de ceux que l’on aime : combien de fois le faisons-vous? Mais alors de ceux qui ont commis des crimes ou que nous méprisons: qui le ferait?

Cela fait-il du pape un bisounours? Non. Il ne s’agit pas ici de nier la réalité, ou l’horreur des actes commis, mais d’entamer un chemin de reconnaissance, de non-jugement, et éventuellement de pardon. Et il faut pour cela pas mal de courage.

Loin de moi le fait d’être papiste. L’église catholique, sur la question des moeurs, n’a pas encore travaillé sa théologie pour la mettre en phase avec l’évangile et son message d’amour inconditionnel, ni fait travailler la rigidité de sa structure pour servir les hommes plutôt qu’elle-même; mais  devant l’acte qu’opère le pape de se mettre à genoux devant les enfermés, comme le Christ l’avait fait pour ses apôtres, oui, je suis admiratif. Si tous les jours l’actualité amène son lot de geste dégradants et de crimes, voilà pour le moins un geste beau, qui relève. Et si tous les jours la vision d’une société de plus en plus binaire, verticale, avec les bons et les méchants bien séparés, des structures de plus en plus rigides ou impuissantes semble l’emporter, la traversée des murs faisant sauter ces catégorisations et amène est salutaire.

Des mauvaises langues diront que c’est là un effet de communication, qu’il ne faut pas être naïf. Peut-être. Mais ce serait trop facile de balayer ainsi ce mouvement d’abaissement et de rapprochement pour en faire un effet de manche. Ce serait oublier aussi que le pape est allé et retourne régulièrement en prison et qu’en faisant cela il interroge directement aussi les enfermements individuels de chacun.

Ce faisant, il perpétue un appel qui est au coeur de l’évangile (Matthieu 25.31-40) appelant à s’abaisser et à se mettre au service des affamés, des sans-papiers, des encagés, des étrangers, ne préjugeant pas qui est où et de quel côté de la barrière il se trouve, mais appelant chacun à se positionner face à cet appel.

Au final, je me fous du pape, mais je retiens l’acte.

Celui d’un homme qui ouvre des portes, franchis des murs et des barbelés, va rencontrer des taulards pour une manucure spirituelle, et imite par là à la perfection un geste posé par un va-nu-pied d’origine juive il y a plus de 2000 ans, qui allait mourir abandonné de tous, après avoir été trahi, moqué et torturé par une armée coloniale, mais en montrant, au-delà de la souffrance, par l’exemple, un chemin de libération et de joie.

[1] http://www.tdg.ch/monde/pape-laver-pieds-repentis-mafia/s…

 

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