Le salon des petits éditeurs a tout d’un grand

  • 17. janvier 2017
  • air du temps
  • Pas de commentaire

Samedi 12 novembre à la ferme Sarasin, au Grand-Saconnex, la troisième édition du salon des petits éditeurs[1] porté par les éditions Encre Fraîche a tenu ses promesses. Côté chiffre : 500 personnes ont visité les stands de 30 éditeurs, découvert l’exposition de l’atelier le poisson bouge, fait 2 dictées, participé à une balade littéraire, assisté à 4 animations pour enfants. 5 débats ont eu lieu, 12 lectures, 4 vernissages de livres. Une classe a vendu des pâtisseries pour leur voyage d’école. Mais on n’ira pas jusqu’à compter les kilos de pain écoulés ou les litres de cafés bus durant cette journée. Le langage des chiffres et de la quantification n’est pas celui qui convient pour rendre compte de cette richesse. C’est ce qui s’est passé entre les gens, dans ce salon chaleureux, intime, agréable qui doit être relevé. Pour la troisième fois, la ferme faisait comme un pied-de-nez au salon du livre ayant lieu à quelques encablures, à Palexpo, au mois de mai, et s’établissait à une toute autre échelle.

 

La proximité avant tout

Dans la ferme, il n’y a pas de grand groupe de presse ou d’édition. C’est ici le royaume de la petite édition. Dans cette sorte de ruche du langage, des contacts, multiples, se nouent, entre auteurs, jeune public, éditeurs. L’entraide joue à plusieurs niveaux. Les éditeurs se font aider par leurs auteurs à porter les livres, installer le stand, le tenir. Les auteurs préparent l’apéro, lisent leur texte, d’autres débattent. C’est un peu comme en famille (en mieux). On est là dans la militance et la proximité. Cela se ressent à tous les niveaux. L’entrée est gratuite. C’est important pour une parole qui se veut libre et accessibles à toutes et tous. Personne ne compte ses heures. Les signatures, lectures, débats, permettent de découvrir de nouveaux visages, nouvelles voix.

Les professionnels du livre sont là aussi. Dominique Berlie, responsable livre en Ville de Genève, Cléa Rédalié, son homologue au Canton, accessibles et souriants. Aurélia Cochet, de la MRL (Maison de Rousseau et de la littérature) est interpellée par les auteurs qu’elle croise. Elle en profite pour rappeler l’événement Écrire POUR CONTRE AVEC à la MRL, dont le thème est cette année : « provoquer l’avenir » (avec Maylis de Kerangal, Pascale Kramer, Joseph Incardona, notamment). Tout se tient. La culture et la défense d’une société éveillée demande des courroies de transmission et des incubateurs pour la pensée. En ce salon se préparent les livres futurs. Fruits d’une rencontre, d’un hasard, d’un coup de cœur parfois.

Réfléchir ensemble

Quatre grand débats rythment la journée. On retient ici les thèmes : Quand l’écriture se confronte à l’Histoire, Aux sources de l’inspiration poétique, Ecrire après un livre à succès, Ecrire l’ailleurs (avec Blaise Hofmann, Pascal Nordmann, Zabu Wahlen, Céline Zufferey), Fiction courte (Guy Chevalley, Annick Mahaim, Anne C. Martin, Jérôme Rosset), histoire de réfléchir aux multiples facettes que prend la petite édition aujourd’hui, le travail d’écrire.

On croise Jean Ziegler et on échange un instant. Son fils Dominique lance son livre : Les aventures de Pounif Lopez chez Pierre Philippe. Pauline Desnuelles se prépare pour sa lecture de D’ailleurs, les gens (aux éditions des Sables), récits de vie de migrante-e-s à Genève. Rolf Doppenberg, de retour d’une résidence d’écriture à Amay, engage une discussion sur la situation en Palestine. Quelqu’un a d’ailleurs affiché le programme du festival Filmer c’est exister, qui se déroulera du 24 au 27 novembre au Spoutnik. Denise Mützenberg des éditions Samizdat lance un cri du coeur : « La poésie sauvera le monde ». Pas sûr que cela suffira, non, mais sans cela on est certainement foutu c’est sûr.

 

Le salon des éditeurs, 4e édition, est déjà annoncé pour 2017, en novembre à nouveau. Pas de doute, on y sera. Afin que la littérature essaime, et parce que l’essentiel n’est ni dans les chiffres, ni dans les murs, mais dans cette circulation des idées et des êtres, à la bonne  échelle : celle des rencontres.

 

 

[1] https://www.petitsediteurs.ch

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *