On n’arrête pas la vie!

  • 17. janvier 2017
  • air du temps
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Quand le CS interstar joue des matchs de football il y a désormais deux policiers municipaux qui sont présents au match. Pas pour s’occuper de questions de violence, non, ni pour faire de la sensibilisation auprès des jeunes, mais pour… faire taire les supporters.[1]

Deux plaintes pour bruit ont été reçues par la municipalité. Et voilà que se met en branle un système zélé de suppression de toute expression de vie. La police municipale s’agite, délègue des pandores sur place, fait pression sur le club, le service des sports, pour que cesse tout bruit.

Silence, on joue ! Mais faut-il vraiment que tout stade ressemble à un tombeau, sans bruit, sans joie, sans cris ? N’est-ce pas effrayant de limiter les expression de vie là où ils sont justement prévus pour !

Mais alors quoi, si les cris des enfants dans une pataugeoire m’incommodent, j’appelle le maire de la Ville pour qu’ils cessent immédiatement? Si les sons des préaux m’irritent, je fais fermer ces deniers? Et après les bars, on met des chuchoteurs devant les marchés de légumes pour que les gens achètent en silence leurs fruits et légumes, à voix basse ? (- j’aimerai vous acheter un kilo de patate s’il vous plaît.. quoi ? un kilo de patates je vous prie… – excusez-moi, je n’entends pas… – bah donnez-moi une pomme, merci !)

Et on s’excuse de vivre, de chanter et de fêter parfois un anniversaire chez soi après 22h?

La guerre au bruit, la servilité des décideurs 

Bon faut pas déconner hein, si je suis incommodé par le bruit des véhicules dans la rue, ou le dépassement constant des normes sonores en Ville à cause du trafic routier, les policiers ne se mettront pas au pied de l’immeuble pour arrêter le trafic… au mieux, ce sera du phono-absorbant sur la route, au pire du persil dans les oreilles, ou la pose de double vitrage.

Les cibles qui sont réduites au silence sont politiques… et il est plus facile et lâche de taper sur cinquante joyeux supporters que de régler la question de décollage d’avion, de trafic motorisé, qui sont les vraies sources de nuisance avec un impact négatif sur la santé de milliers de personnes.[2]

 

Laisser vivre ceux qui veulent vivre, occupez-vous des vrais problèmes !

La ville ouaté, la ville camisole de force se dessine sous nos yeux. Elle serait de plus en plus dense, de plus en plus diversifiée, et … intolérante, avec l’appui de décideurs politiques qui par crainte de fâcher, par souci de ne pas faire de vague, oubli du bon sens, se cachent derrière des règlements, des courriers, envoient la police municipale à tout va faire le sale boulot d’intimidation, souhaitant favoriser le silence contre ce qui déborde, exulte, est vibrant, expressif: bref, la vie.

Il y a quelque chose d’arbitraire dans la réduction de la vie aux normes, et des normes à leur application étroite par des esprits coincés. A trop légiférer et à s’en référer à la police et la loi, on perd le bon sens, le dialogue.

Heureusement, on n’arrête pas la vie, on n’arrête pas la joie.

L’image qui me vient en tête est celle d’une manifestation spontanée lorsque le Portugal a gagné l’Eurofoot cet été. Une immense colonne de gens en liesse étaient descendue le long de la rue de la Servette avec trompette, tambours et klaxons exprimant de la joie, créant un magnifique événement autour d’eux.

Une autre image, c’est celle de ce propriétaire d’une galerie-buvette qui lutte et sourit encore, malgré le fait qu’il se fait torpiller, pour des histoires d’ouverture de son lieu, par le Service du commerce cantonal. Alors qu’il crée de la vie, du lien social, et une plus-value économique dans un quartier, il se fait acculer administrativement et contraindre dans son développement.

C’est aller contre la vie et l’inventivité que de prétendre la régir à tout va par des normes stupidement appliquées. Ce n’est pas ainsi que nous construirons la Ville de demain. Une Ville pour les gens, les vivants, pas pour les morts.

Gagner des matchs contre l’intolérance

Au final, cette volonté de la police municipale de faire taire des supporters de football ne peut être comprise que comme une joyeuse invitation à venir soutenir le CSinterstar au stade de Varembé les dimanches, afin qu’ils gagnent avec éclats leur match contre l’intolérance.

Vive le sport, le respect, et la vie !

 

[1] http://www.tdg.ch/geneve/La-Ville-menace-un-club-aux-fans-trop-bruyants/story/26676299

[2] http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/aeroport-coute-50…

 

 

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