Nouvelle comédie : terrorisme culturel du PLR

  • 09. octobre 2015
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Le PLR a tombé le masque ce mardi en commission des travaux, refusant le vote sur le théâtre de la Nouvelle Comédie. Comme un mauvais acteur il essaie maintenant de se rattraper en invoquant divers arguments, tous plus spécieux les uns que les autres.

 

Lien avec la répartition des tâches Ville-Canton

Le PLR prétend que son refus doit être pensé dans le cadre d’une négociation de la répartition des tâches entre Ville et Canton. C’est lâche et mensonger. Cette manoeuvre vise à ne pas assumer sa casse. Cela me fait penser aux agresseurs qui prétextent un mouvement de leur victime pour justifier de leur être tombé dessus. Le PLR est, au final, tellement lâche qu’il ne peut même assumer de l’être et doit encore se dédouaner sur la Ville.

Le député PLR et promoteur Frédéric Hohl exprime, dans l’émission Genève à Chaud, sa volonté de faire un deal au détriment de la Ville et de la Culture. Selon lui, si à l’issue de la répartition des tâches, la Nouvelle Comédie devenait municipale, le Canton ne mettrait pas 45 millions. Mais, à l’inverse, si la Nouvelle Comédie devait devenir cantonale, il ne s’engage bien entendu pas à mettre les 53 millions de plus et à dédommager la Ville pour l’important travail de maîtrise d’ouvrage déjà entrepris! Monsieur Hohl joue là avec la Nouvelle comédie comme un joueur de bonneteau avec sa bille. Il faut l’arrêter. Cet homme, promoteur culturel, est empêtré dans ses conflits d’intérêts.

 

On ne peut pas jouer ainsi avec des institutions d’importance stratégique pour Genève. Dans le Temps [1], le même Frédéric Hohl annonce encore vouloir mettre de nouvelles conditions à la Ville en la poussant à garder la Comédie sous son aile. Cela revient de fait à enterrer le projet, car la Ville de Genève n’aurait probablement pas les moyens de le reprendre entièrement. Elle n’est pas riche, elle planifie simplement mieux ses investissements.

Alors qu’un projet collectif Ville-Canton est sur le point d’aboutir, il faudrait le voir se briser ? Cela serait désastreux pour Genève.

 

Certains ont brûlé des livres, d’autres veulent fermer des théâtres

Le PLR, dans son terrorisme culturel, est prêt à laisser mourir l’actuelle Comédie sans la remplacer. Cela revient de fait à condamner un théâtre. Trucider un projet d’importance stratégique pour Genève parce qu’il est culturel, c’est du terrorisme, pas de la gestion.

Quand il s’agit d’investir dans les routes et les prisons, le PLR n’est jamais à court de dépenses. Mettons en perspective le projet de la Nouvelle Comédie avec, par exemple :

  • Les 3000 à 4000 millions !  pour l’hypothétique traversée du lac qui déboucherait en pleine campagne et dont Berne a dénoncé le caractère inutile.
  • Les 289.5 millions! pour une prison (établissement pénitentiaire des Dardelles).
  • Les 151millions pour la réfection de la route de nations.
  • Les 43 millions pour la relocalisation de l’office cantonal des véhicules.
  • Les 58 millions uniquement destinés à la simple rénovation de l’Hôtel des finances.

Et demandons-nous alors au nom de quoi le PLR veut désormais supprimer la Nouvelle Comédie ? Pas au nom de la bonne gestion, car ce nouveau théâtre c’est à peine ce que coûterait un nouvel avocat PLR aux HUG !!!

 

La Nouvelle comédie est l’avenir de Genève

La Nouvelle comédie est un théâtre qui comprendra 750 places réparties en deux salles de 500 et 250 places (en plus de deux espaces de répétition de 100 places chacun et d’un restaurant avec une centaine de places également).

Elle a été pensée comme une véritable fabrique des arts de la scène, regroupant en un même lieu des ateliers de décors, de costumes, des espaces de répétition, etc… qui seront rendus accessible au public, qui pourra ainsi découvrir les différents métiers du spectacle.

La Nouvelle comédie permettra d’accueillir les grandes productions européennes, ce qui manque aujourd’hui, tout en offrant la possibilité de créations locales ambitieuses qui à leur tour tourneront dans le monde.

Des questions d’ego et de conflit d’intérêts au PLR casseraient plus de 20 ans de travail sur ce projet ?

La Nouvelle comédie : un projet qui ne date pas d’hier

La Nouvelle comédie s’inscrit dans le cadre du nouveau quartier qui se construit autour de la future gare des Eaux-Vives. Ne pas réaliser ce théâtre revient à laisser un gigantesque trou, sur lequel il coûtera beaucoup plus cher de construire quelque chose plus tard.

Dans une période troublée comme celle que nous vivons aujourd’hui, où nous sommes en manque de récits pour raconter le monde, et y trouver notre place, le théâtre a un rôle particulier à jouer comme espace de parole, de création, de lien. Il y a déjà trop de trous et pas assez de projets de qualité. Ne les cassons pas!

 

La culture : une richesse à cultiver

La Nouvel comédie est un équipement culturel qui sera au cœur de la région, accessible facilement et rapidement. C’est un théâtre qui fera rayonner Genève et dont notre Canton tirera bénéfice.

Si le PLR n’en a pas voulu mardi en commission des travaux, s’il a balayé ce projet avec mépris, pour des raisons de calcul politique et comptable, il faut désormais espérer qu’au sein de ce parti certains reviendront à la raison, arrêteront de jouer avec les institutions stratégiques comme au bonneteau et que les terroristes culturels seront mutés à la commission de la santé… s’il veulent vraiment faire des économies, ils pourront s’attaquer aux caisses maladies privées.

 

 

[1] http://www.letemps.ch/culture/2015/10/01/guerre-position-autour-nouvelle-comedie

 

 

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01/10/2015

Le droit de mourir dans la dignité

Est-ce qu’un être humain a le droit de décider de sa vie et de son cours? Oui! Est-ce qu’un être humain a le droit de décider de sa mort, du moment où il souhaite arrêter celle-ci ? Oui. Le pouvoir des prêtres et des médecins sur le droit à mourir des gens devrait appartenir à un autre siècle.

C’est à chacun-e- de décider aujourd’hui, librement, ce qu’il souhaite faire de sa vie et de la fin de celle-ci. La question de mourir dans la dignité est complexe et soulève des questions éthiques et légales, mais comment un humain peut-il se prétendre libre si sa mort ne lui appartient pas?

Quand l’homme est libre de décider de sa vie, il doit être libre de décider de sa mort.

Il est important de relire les philosophes grecs, les stoïques, et même des chrétiens; certains ont une option bien éloignée de celle de « la vie à tout prix » (et contre la vie même) que des églises ont suivies.

Hans Küng, théologien suisse, nous rappelle [1] que le choix de mourir peut aussi être un geste de confiance en Dieu et d’abandon dans la confiance. L’acharnement médical n’est pas un geste à soutenir; avoir le droit de disposer de sa vie inclut le droit d’exercer son droit à partir. On peut lire dans ce geste une confiance et une spiritualité forte. Il est important et urgent de sortir du tabou qu’occasionne la mort pour la regarder en face, qu’elle soit vécue de la manière la plus digne et respectueuse possible.

Des situations disparates

Aujourd’hui, en Suisse, suivant les cantons, que ceux-ci soient de tradition catholique ou non, de telle ou telle obédience politique, qu’ils aient légiférés ou pas au sujet de la fin de vie (Vaud, Neuchâtel l’ont fait, toujours pas Genève),  et que la personne en souffrance soit en EMS, en hôpital ou à la maison, son droit de disposer de  sa mort n’est pas garanti.  Cela est-il équitable ? Non.  Cela est-il juste ? Non. Il est urgent de légiférer au niveau fédéral afin de garantir le même droit à mourir pour toutes et tous.

 

Distinguer clairement suicide assisté et euthanasie

Une distinction claire doit être ici posée entre le suicide assisté et l’euthanasie. Le suicide assisté est l’acte libre et éclairé d’une personne qui souhaite mourir dans la dignité. L’euthanasie est une décision prise par d’autres au sujet d’une personne qui l’élimine sans son consentement. Légiférer sur le droit au suicide assisté au niveau fédéral permettra de clarifier cette distinction et de protéger le droit à mourir dans la dignité avec un cadre clair pour tous.

Dans le suicide assisté, la personne qui se suicide doit être :

  • Consciente
  • Capable de discernement
  • Pouvoir physiquement avaler une substance ou tourner un robinet de manière autonome.

 

Attention, cela exclut de fait un certain nombre de personnes qui ont dépassé ce stade et désirent mourir. Cela exclut tous les malades psychiques et les nombreuses et même très nombreuses démences séniles et provoque actuellement ne nombreuses situations de conflit. Exemple : une personne  au début d’une évolution démente demande de mourir « avant de devenir gaga ». Le psychiatre certifie qu’il n’y a pas de capacité de discernement. Que faire?  Aujourd’hui, il faut renoncer devant le diagnostic psychiatrique. Il s’ensuit une terrible souffrance de la personne qui demande l’intervention.

 

Le droit à mourir dans la dignité ne doit être confisqué ni par les psychiatres ni par les comptables.

 

Le droit à la vie et à la mort doivent être sortis du système capitaliste, monétaire. En cela, la liberté doit être donnée à chacun de pouvoir choisir sa mort, en toute connaissance de cause, avec l’aide et l’accompagnement nécessaires. Le vieillissement de la population et les volontés de réduire les coûts de la santé, risquent de ramener le droit à la vie à un enjeu commercial, monétaire, ou de pouvoir. Il faut bien regarder la situation en face, on ne peut fermer les yeux.

 

 

EXIT prend de l’ampleur

Aujourd’hui,  l’association Exit ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité)[2]  ne cesse de prendre l’ampleur (22’000 membres en Suisse romande et presque 100’000 en Suisse allemande). Le nombre d’adhérents est toujours plus grand (environ 3’000 en plus chaque année en suisse romande). Cette association répond au besoin largement partagé de mourir dans la dignité.

Chacun-e- devrait, aujourd’hui, en Suisse, pouvoir envisager avec sérénité sa fin de vie. Le besoin de ne pas souffrir ni d’être grabataire doit être entendu. Libre à chacun-e- de l’apprécier en pleine conscience.

 

Vivre dans la dignité, c’est avoir la garantie de pouvoir mourir librement, avec une information éclairée et un cadre juridique clair pour toutes et tous. La vie est un bien trop précieux pour accepter de la laisser aux prêtres, aux psychiatres, aux comptables.

 

[1] http://www.letemps.ch/Page/Uuid/633470aa-65fb-11e5-a712-c5802dca2ce2/Hans_K%C3%BCng_envisage_de_choisir_sa_mort_en_croyant

[2] http://www.exit-geneve.ch/

08:21 Publié dans Genève, Humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exit, fin de vie, suicide assisté | |  Facebook

23/09/2015

Pourquoi je suis candidat au Conseil National

Pourquoi tu veux y aller, pourquoi es-tu candidat au National ? Cette question on me la pose tous les jours, ou presque. Ma réponse est la suivante :  une société plus juste est possible. Elle ne tombera pas du ciel.

 

Si je peux comprendre que le politique ne fasse pas toujours rêver, il me semble mille fois préférable d’agir, de s’engager, que de subir. Même dans une démocratie participative comme la Suisse, 95% des objets votés au parlement ne seront pas soumis au peuple. C’est finalement un petit 5% sur lequel on peut se prononcer directement. Le gros des décisions sont prises à Berne, sans même que l’on s’en rende compte. Elles ont pourtant un impact direct sur nos vies. Voter c’est décider, ne sous-estimons pas les élections. [1] Et être candidat c’est finalement la meilleure manière d’être bien représenté, et de prendre son destin en main.

 

Mon engagement est basé sur 3 axes principaux :  le social, la place de la Suisse en Europe, les réformes fiscales à venir.

 

Le Social

Par mon engagement professionnel, je suis au quotidien, interpellé par les questions sociales. Je ne suis pas convaincu en l’état par la réforme des rentes AVS et du 2e pilier qui occupera le parlement ces prochaines années.

Ce n’est pas une politique progressiste de faire passer l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, d’abaisser fortement le taux de conversion des rentes du 2e pilier, et d’augmenter massivement la TVA en faveur des retraites.

Elu au parlement, je travaillerais d’arrache-pied, durant ces prochaines années, pour que ce projet devienne véritablement social. Les rentes de l’AVS doivent être augmentées de 10%, sans relèvement de l’âge de la retraite. A travail égal, salaire égal, il n’est pas juste que les femmes travaillent plus et plus longtemps pour des salaires moindres.

 

La place de la Suisse en Europe

L’UDC devrait être rebaptisée l’Union of Dead Children : l’Union des enfants morts. Ce parti xénophobe, qui fait petit à petit de la Suisse un pays renfermé sur lui et isolé, est directement responsable de la mort de centaines de gens, par les restrictions du droit d’asile qu’il a initié, l’interdiction de faire des demandes d’asile depuis les ambassades, et sa politique de défiance vis-à-vis de l’autre.

La Suisse est un pays vieillissant. Nous ne survivrons pas sans apport extérieur. La Suisse doit être responsable et avoir une vision d’accueil réactive. Elle n’a pas le droit de laisser mourir des enfants à sa frontière et s’en laver les mains.

La votation du 9 février 2014 a montré que l’UDC voulait casser ce qui a fait la richesse de la Suisse : sa capacité pragmatique, innovante et accueillante.

Laisser ceux qui font commerce de la peur devenir les fossoyeurs de la Suisse ? Jamais!

 

Les réformes fiscales

En prévision de la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III), il faut bien entendu que la Suisse demeure économiquement compétitive. Mais elle ne doit ni brader son potentiel ni le faire au détriment des citoyen-ne-s. Il n’est pas juste que ce soient toujours les mêmes qui profitent de la croissance. Et il n’est pas équitable que la richesse bénéficie à un petit nombre pendant que les inégalités s’accroissent.

Virer du parlement celles et ceux qui font profession de servir les lobbys avant la démocratie est urgent! Elire c’est choisir, c’est éliminer aussi.

Ce ne sont pas aux travailleurs d’être les variables d’ajustement et de faire les frais des politiques d’austérité. Renforcer la protection contre les licenciements et préserver les chômeurs et chômeuses âgé-e-s du chômage de longue durée, imposer l’égalité des salaires à travers des dispositions contraignantes et des conventions collectives de travail, doit se faire à l’échelon national.

Il n’y a pas de fatalité qui préside au fait que notre société soit de plus en plus inégalitaire.

 

Genève dispose d’un formidable potentiel de développement. Nous n’avons pas encore su le mettre en valeur, ni le défendre à l’échelle fédérale. Notre région dispose de ressources et d’un bassin de compétences peut-être unique au monde. Pourquoi je suis candidat au Conseil National ? Parce qu’une société plus riche, plus juste, est possible.

 

Qui je suis

Je suis né il y a 40 ans à Toronto, Canada. Fils d’un médecin suisse et d’une infirmière française. Professionnellement, je travaille dans le domaine social. Mon engagement associatif est marqué. Je suis membre du comité de l’ATE, Association Transports et Environnement,  d’Appartenances: association proposant des soins psychologiques, un soutien et une intégration des personnes migrantes; d’Aspasie et de Boulevard: associations défendant les droits des personnes qui exercent le travail du sexe.

 

Je siège depuis 5 ans au conseil municipal de la Ville de Genève, à la commission de l’Aménagement et de la Culture, ayant assuré la présidence de cette dernière en 2014. L’écriture, comme la parole, est un outil pour travailler les consciences et les coeurs. Je suis engagé dans le collectif Art et politique (Kunst und Politik). En parallèle de ce blog, j’écris des nouvelles et de la poésie, parce que je crois que l’Homme construit ses conditions de vie et qu’il n’y a nulle fatalité dans ce monde.

 

Une société plus égalitaire est possible. Elle ne tombera pas du ciel.

 

 

[1] http://www.sept.info/club/ne-estimons-elections-voter-cest-decider/

 

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www.sylvainthevoz.ch

 

 

 

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16/09/2015

Bouchons à Genève : une explication

 

La fable du selfie et de l’habitant

 

Le selfie, ayant chanté

Tout l’été,

Se trouva fort dépourvu

Quand l’automne fut venu :

Pas un seul petit travail

De pont ou de route réalisé

Le selfie alla crier famine

Sur les réseaux sociaux, dans l’Illustré, comme à son habitude,

Priant aux habitants de lui prêter

Quelque crédit pour subsister

Jusqu’à la saison nouvelle.

 

-Je vous paierai, lui dit l’habitant,

Si vous arrêtez enfin

De vous répandre sur les réseaux sociaux

Et vous mettez au travail!

 

L’habitant n’est pas dupe :

C’est là sa grande qualité.

 

-Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-il au selfie, ce grand planificateur

 

– Nuit et jour à tout venant

Je faisais des selfie, ne vous déplaise.

 

– Vous faisiez des selfie ? j’en suis fort aise.

Eh bien maintenant mettez-vous au travail

 

On ne roule plus dans cette ville, ni aux Charmilles ni au Pont du Mont-Blanc

Sortez donc du monde virtuel que l’on sorte des bouchons !

 

Genève, 16 septembre 2015, 17h04 :

un habitant coincé dans le trafic, relisant Jean de La Fontaine pour passer le temps….

 

 

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13/09/2015

Genève, ville de confluences

Un dimanche à marcher dans la rue de la Gravière, entre deux immeubles d’un gris insondable. A gauche : un hôtel de police, à droite, des commerces. Au milieu, un ruban de bitume. Le mot Gravière est riche de raclements, de galets roulés. Il est aussi une invitation à une belle échappée. C’est peut-être le rôle du « v » comme une vague levée au milieu du mot.

On prend là conscience que Genève n’a jamais été une cuvette. C’est un lieu meuble, en formation, que creuse le courant d’un fleuve, une rivière. Une ville qui a toujours été un lieu de confluences et de passage, d’accueil et de départs, de refuge sur le fleuve de la vie.

Genève, ville d’eau

Entrer dans la rue de la Gravière, c’est tourner le dos aux entrepôts, à une bretelle d’autoroute, à l’empilement des cubes de la zone industrielle, se rappeler que Genève est une ville d’eau. Et l’eau, c’est la vie, un constant renouvellement.

Au bout de cette rue, il y a un rideau d’arbres portant une invitation à s’y glisser pour basculer dans la féerie : l’Arve, ondoyante, qui vient de France voisine… et y retournera, à Marseille.

Là, on va de l’ordonné à l’organique. On part du béton pour l’aquatique, emprunte une voie rectiligne qui irrigue la zone industrielle, la rattache à la rivière, aux branchies gonflées des brochets dodus des profondeurs.

On laisse de côté, comme des troncs morts ou les blocs de séracs d’un glacier, une menuiserie, une carrosserie, un institut de danse, d’aérobic … une nouvelle PME et les projets du PAV.

La rue de la Gravière n’est pas « ONE WAY», nous ne sommes pas aux USA ici, et les passants du dimanche se croisent lentement. Hautes cheminées de fer blanc, trois tubes pointés vers le ciel. Une herse fait résonance avec une autre structure absolument verticale : la Parfumerie, ancienne usine à parfums, désormais dévolue aux arts de la scène.

La Parfumerie et le théâtre du Loup: résurgence des odeurs et de l’animalité : Loup, Terre, Eau. Et puis aussi La Gravière, espace culturel, lieu pour danser, être léger, transpirer. Un espace où se faire bercer ou remplir les oreilles par un flot de musique. A côté, et posé en pleine terre le radeau des Colis du Coeur où se distribuent des rations de survie : à manger et à boire, pour ceux qui sont, dans cette vie, pour un temps, à la rue.

Au sol : les traces des fêtes de la nuit. Le passage est interdit aux voitures. Espace réservé aux marcheurs, promeneurs.

 

Les noms des rues portent les traces de la rivière

Si on remonte l’Arve, on tombe sur la promenade des orpailleurs. On y est dragué vers La rue du clos de la fonderie, puis entraîné vers celle des tireurs de sable. Il est alors impossible d’échapper à la route des péniches. Les rues portent les noms du rapport de l’homme avec son environnement immédiat.

C’est toute une vie et une histoire que la rivière magnétise. Et tout proche, le Rhône: promesse de fugue vers Marseille, ses parfums de fleur d’oranger et de pins, de pétrole et de bouillabaisse. Ou vers l’est : la lente remontée vers un arrière-pays montagneux fait de roc, d’eau boueuse, de bouquetins, et de fromages secs comme du granit.

Genève, ville de confluences, établie sur un fleuve, en mouvement constant, qui se moque des frontières.

Genève, rue de la Gravière, dont l’eau porte le poids… comme la légèreté.

 

 

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11/09/2015

Ce n’est pas le genre qui fait l’homme, c’est l’homme qui fait le genre

 

Si la politique est affaire de conviction, pas de genre, si elle est fruit de réflexion, pas de formules à l’emporte pièce, force est de constater toutefois que l’on est loin encore de l’égalité, d’avoir des élu.e.s qui savent sortir des stéréotypes de leur genre.

 

Certains jouent les gros bras. Ils veulent en politique plus de testostérone, de fermeté, de pseudo muscle et de virilité, tout en évoquant leur crainte de ne pas détenir le pouvoir, haïssant la pleurniche comme ils disent, étalant au grand jour un machisme réactionnaire et fragile. C’est la crainte d’une société trop féminine, trop gentille, trop laxiste qui les anime. Mais jusqu’à quand les posture de mâles dominants vont-il l’emporter dans les urnes?

 

Ce ne sont pas uniquement des pères qui peuvent être des référents du masculin

 

Freysinger[1] avançait, en 2012 déjà, dans le cadre d’un débat sur l’homoparentalité que parce qu’une grande partie de l’éducation et de l’enseignement relevait déjà des femmes, un garçon sans père ne pouvait trouver un modèle et construire son identité masculine. Il lançait dans la foulée à Antonio Hodgers qu’il avait un problème vu qu’il avait grandi sans son père … scandale sous la coupole et bonnet d’âne pour l’UDC.

On le sait pourtant, l’absence d’un père n’est en rien synonyme d’absence de référents masculins. Ce ne sont pas uniquement les pères qui peuvent être des référents du masculin… des femmes le sont très bien aussi. Et puis, ce n’est pas le genre qui fait le père, c’est ce qu’il transmet de son coeur, de sa tête et de ses engagements.

Il faut enfin aussi envisager que l’on se construirait parfois mieux sans certains référents masculins…

 

Les politiques machistes font d’autant plus de mal qu’elles ont d’effets sur la gouvernance

 

Ce qui transpire chez les cadors de la droite : le rejet des familles monoparentales et homoparentales, le refus d’une société des différences qui se construit dans le dialogue, le respect et l’écoute, et non pas en mesurant qui a la plus longue.

 

La volonté de montrer à tout prix une posture de dominant est nocive pour la collectivité. La pseudo virilité de façade a ceci de dangereux qu’elle détruit par plaisir de détruire, par peur de se montrer faillible. Si elle trouve du fioul électoral, elle devient un poison pour le vivre ensemble, se sentant ainsi légitimée à jouer des gros bras « tant que ça marche ».

 

Non au paternalisme lubrique  

Aujourd’hui, au Parlement fédéral, il y a 60 femmes sur 200 élus. 31% ! C’est grandement insuffisant. Pire, elles sont seulement 9 au conseil des Etats … soit un minuscule 19%.[2] Cela place la Suisse au niveau moyen européen, devant la France et l’Italie, mais loin derrière l’Allemagne et les pays nordiques [2].

L’homophobie, le sexisme, le machisme demeurent les symboles visibles d’une politique réactionnaire, à majorité portée par des hommes. Certes, des femmes y excellent aussi. Toutefois, le sexe masculin, reste globalement plus réactionnaire, machiste, et homophobe. Le paternalisme lubrique est encore un quotidien du politique.[4]  A nous de le changer.

 

Ce n’est pas le genre qui fait l’homme, c’est l’homme qui fait le genre
Nul fatalisme. Ce n’est pas le genre qui fait l’homme, c’est l’homme qui fait le genre. Pour ma part, je défends des valeurs socialistes, féministes, d’ouverture et de partage du pouvoir. L’écoute, la créativité et l’intimité sont des valeurs qui ne devraient pas être liées aux stéréotypes de tel ou tel genre.

Il nous revient de construire avec le genre, une société qui en soit le dépassement. Hommes, femmes, transgenres, ensemble, en plaçant au-delà des enfermements et des stéréotypes, le souci de l’autre et le respect de ses droits, de ses différences et de ses aspirations.

S’affranchir de tous les fondamentalismes et se débarrasser du paternalisme lubrique: une tâche à laquelle nous atteler, au quotidien.

 

 

[1]http://www.lematin.ch/suisse/oskar-freysinger-moque-antonio-hodgers-/story/13352252

[2]http://www.parlament.ch/f/dokumentation/statistiken/pages/frauen-parlament.aspx

[3]http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/regionen/thematische_karten/gleichstellungsatlas/politik/bund.html

[4]http://www.metronews.fr/info/tribune-anti-sexistes-des-femmes-journalistes-les-hommes-politiques-sont-ils-plus-machos-que-les-autres/moee!5Gq0pnbhdCigo/

 

 

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08/09/2015

Fêtes de Genève : renonçons à l’événementiel !

Bien qu’elles se terminent chaque année par un joli feu d’artifice, force est de constater que les Fêtes de Genève sont aujourd’hui un bric-à-brac d’animations coûteuses, une sorte de fête foraine dépassée. Les habitants, sous leurs fenêtres ou ailleurs, n’en veulent plus.

L’initiative populaire lancée pour des Fêtes plus courtes et plus conviviales enfonce le clou. Les bastringues d’un mois pour vendre de l’alcool ne font plus rêver. Faut-il faire confiance à Frédéric Hohl pour trouver une solution? Non. L’ancien directeur PLR des Fêtes de Genève les a conduites dans une impasse commerciale et culturelle.

Il faut donc réfléchir autrement qu’avec une ancienne logique. Tout d’abord, se poser la question de la raison d’être de ces fêtes, ainsi que de leur véritable nécessité. Qui les finance pour l’instant? Genève Tourisme. Pour quel public? Des touristes fortunés. Avec quel groupe d’intérêt? Les hôtels luxueux de la rade. Cette équipe n’est pas gagnante. Les habitants héritent des nuisances et de la poudre aux yeux.

 

Genève n’a pas à investir

pour sauver des fêtes qui ne font plus rêver

 

 

Pourtant, ce ne sont pas les propositions culturelles estivales qui manquent à Genève. Elles sont de qualité et… gratuites. Musiques en été, concerts sur la scène Ella Fitzgerald, aubes musicales aux Bains des Pâquis, films en plein air à Ciné transat, théâtre estival de l’Orangerie, grillades et animations dans les parcs et au quai Gustave Ador. Pas un soir sans qu’il ne se passe quelque chose dans notre ville. D’autres communes aussi font la fête (Festival Plein-les-Watts, Jazz à Hermance, etc.,). Et pour les aventuriers qui pensent plus loin que le bout de la rade, le Paléo Festival est à 15 minutes; le Festival de la Cité de Lausanne, tout comme le Montreux Jazz Festival, à une heure.

Face à ce constat, il me semble important de poser la question suivante: pourquoi ne pas renforcer l’existant, tout en développant des événements décentrés dans des quartiers, notamment sur la rive droite, trop souvent oubliée?

Genève n’a pas à investir pour sauver des fêtes qui ne font plus rêver. Plutôt que de frimer pour une clientèle de passage, il est plus important d’investir dans la construction du théâtre de la Nouvelle Comédie sur la gare du CEVA, pour la rénovation extension du Musée d’art et d’histoire, le Pavillon de la Danse. Faisons aboutir ces projets vitaux pour les générations futures, plutôt que de servir des caïpirinhas à foison.

Genève en fête, c’est toute l’année, pas juste un mois l’été avec une gueule de bois ensuite. Nos valeurs de diversité seront mieux défendues et Genève adéquatement mise en valeur si nous renonçons à l’événementiel racoleur au profit du renforcement du tissu culturel existant.

 

 

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06/09/2015

Pour Berne : une chanson politique

Pour Berne, la chanson du parti socialiste genevois lancée dans le cadre de la campagne pour les élections fédérales, fait le buzz. Le Matin Dimanche s’est fait l’écho de ce travail  http://www.lematin.ch/suisse/Clips-partis-politiques/story/14740496?cache=9efAwefuhttp://

Pour Berne est une chanson politique. C’est une démarche simple et sincère qui a pour objectif de mettre en musique, avec du coeur, un condensé du projet de société que défend le Parti Socialiste.

Les candidat.e.s jouent le jeu, s’exposent, osent la proximité. Vous voulez en savoir plus, aller plus loin? Une vidéo plus développée énonce le bilan, le programme et les candidat.e.s pour les élections fédérales du 18 octobre 2015  watch?v=gynvpXZ7D6o

Les socialistes genevois c’est, pour Berne, pour la Suisse, une vision politique, du souffle et du coeur!

 

 

Pour Berne

 

On a un programme des valeurs à défendre

En campagne pour les faire entendre

Sur des stands dans la rue aux pas de porte

nos projets nos valeurs partout on les porte

 

En musique en chanson, on ne va pas se censurer

L’important c’est de parler, c’est de communiquer

On y croit sinon on ne serait pas là

La politique on ose, même en prose

 

Le pouvoir de l’argent les esprits renfermés

Veulent nous empêcher de respirer

Nous faire croire que payer est la seule manière d’exister

Notre plan, c’est de tout faire bouger

 

Notre Suisse est ouverte, tolérante

Fermer les frontières décisions aberrantes

Pour l’économie, la prospérité

Besoin des étrangers !

 

On est socialiste, douze sur les listes

Réalistes, idéalistes

Notre Suisse on veut s’en occuper

Pour Berne, il nous faut la majorité

 

Mettre à la casse un service public efficace

c’est trop dégueulasse

Réduire les inégalités, jamais on ne s’en lasse

Répartir les richesses ça c’est classe

 

Ras le bol des bagnoles et de tous ces bouchons

La pollution c’est pas bon, il faut plus d’ambition

Vélos piétons transports publics

La mobilité durable on la fabrique

 

Des énergies renouvelables à un prix abordable

Eolienne solaire fini le nucléaire

L’hydraulique c’est basique, le tri c’est chic

Protéger la terre, on doit le faire

 

Congé maternité AVS, on les a fait passer

Congés payés conditions de travail améliorées

Certains veulent démanteler nous consolider

Pour ça, il faudra nous aider

 

On est socialiste, douze sur les listes

Réalistes, idéalistes

Notre Suisse on veut s’en occuper

Pour Berne il nous faut la majorité

 

Toujours plus exigeante notre société

On va pas bosser jusqu’à être enterré

Burn-out dépression on a les solutions

La solidarité et plus de cohésion !

 

Marre de la spéculation et du tout au pognon

tout le monde doit avoir un logement

un bon enseignement une bonne formation

c’est dans la Constitution… alors qu’est-ce qu’on attend ?

 

Des primes maladies pour soigner

un bon modèle de santé

pas deux vitesses, tout le monde à égalité

le système doit nous protéger pas nous plumer

 

On est socialiste, douze sur les listes

Réalistes, idéalistes

Notre Suisse on veut s’en occuper

Pour Berne il nous faut la majorité

 

 

Paroles: Sylvain Thévoz, Thomas Wenger.

Enregistrement, mixage:  Evidence Music, Genève, 2015.

 

Liens :

Chanson : Pour Berne

http://www.lematin.ch/suisse/Clips-partis-politiques/stor…

 

PS genevois: candidat-e-s et programme, élections fédérales2015

watch?v=gynvpXZ7D6o

 

 

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05/09/2015

Migrants: affirmons notre humanité

Quelle est la logique de continuer de mettre des gens de force dans des avions à Genève pour les éjecter par vol spécial, quand des milliers d’autres risquent leur vie pour arriver jusqu’ici?

Quelle est la logique qui nous conduit à investir des millions dans des forces policières et des lieux de détention, pour enfermer des migrants qui n’ont commis aucuns délits, et ensuite les éjecter, alors que des milliers d’autres arrivent encore? Pour quelle finalité?

Quelle est la logique qui nous conduit à nous avilir moralement en nous rendant objectivement coupables de non-assistance à personnes en danger et directement responsables de la mort d’enfants sur des plages?

 

Notre courage d’agir doit dominer notre tentation de l’indifférence

 

A Genève, au début de l’été, des collectifs se sont mobilisés pour dénoncer le transfert de demandeurs d’asile déboutés vers des abris PC et demander la fin des renvois.

Cette démarche a rassemblé un grand nombre de mouvements : Stop Bunkers, No Bunkers, Coordination asile.ge, Solidarité Tattes, etc. Elle a conduit à l’occupation du centre culturel du Grütli, par des demandeurs d’asile déboutés. Elle a permis de mettre à jour une thématique que le Canton, souhaitait garder enterrée :  les conditions de logements des personnes en demande d’asile, quelle que soit l’étape de leur procédure, son indigence.

La Ville de Genève s’est solidarisée  avec ces collectifs afin de trouver des solutions de relogement temporaire, gérer la crise d’une manière concertée. La Ville de Genève a fait preuve d’humanité et d’accueil. Le Canton, pendant ce temps, faisait la sourde oreille, accentuant les rapports de force et les tensions.

Les partis de gauche, socialiste, verts, solidarités ; Caritas, le Centre Social Protestant, ont soutenu les revendications des mouvements de défense des migrants. Des manifestations, regroupant des milliers de citoyen.ne.s, ont rythmé l’été et fondé un large mouvement de solidarité afin d’accompagner la vie au quotidien (cuisine, forum de discussion, sécurité).

 

Etre doté d’empathie est une force, pas une naïveté

La victoire de ce mouvement est d’abord d’avoir crevé un silence coupable, et avoir ensuite fait reconnaître par le Canton que les conditions d’hébergement en sous-sol n’étaient pas dignes, de l’avoir poussé  à prendre des engagements pour trouver des solutions pérennes.

 

A ce jour, alors que la crise migratoire en Europe est la plus grave qu’il soit depuis la seconde guerre mondiale, des migrant.e.s continuent de passer des mois et des mois enterrés, sans accompagnement la journée, laissées à eux-mêmes, dans des conditions de survie, et de discrimination liées à leur statut social (célibataire ou non) ou judiciaire (ayant commis des délits ou non).

 

Cela n’est pas acceptable ni conforme à la Constitution genevoise. Invoquer d’une manière répétée l’urgence et l’impuissance comme le Canton le fait ne le dédouane en aucune manière de ses mauvais traitements et de sa négligence.

 

Le légalisme tordu de Pierre Maudet

Plus grave, dans une tentative de décrédibiliser le mouvement de solidarité et les revendications de ce dernier, Pierre Maudet a franchi des lignes rouges. Ses déclarations outrancières affirmant que, parce qu’ils étaient des requérants déboutés, que certains avaient un casier pénal (bien qu’ils aient purgé leur peine), il se trouvait justifié de manquer à ses obligations constitutionnelles, a choqué les défenseurs des droits de l’Homme.

Plus grave, pendant qu’il faisait ces déclarations, Monsieur Maudet continuait de fourguer dans des avions femmes et enfants….

Par ses appels à la discrimination, Monsieur Maudet viole les articles de la Constitution (15 et 39 notamment). Et lorsqu’il dénonce comme étant une imposture un large mouvement de défense des droits humains, il montre clairement son mépris du jeu démocratique, des militant.e.s des droits humains, ainsi que la faible estime qu’il a pour la vie humaine.

Quelle est la logique de mettre dans des avions destination cul-de-sac des femmes et des enfants qui fuient de toute force la misère?

Quelle est la logique qui conduit à la maltraitance étatique et à la mort des milliers de gens qui se noient dans la Méditerranée, étouffent dans des camions?

Cette logique est celle de la peur et de l’égoïsme, de l’indifférence et de bas calculs politiques sur le dos d’être humains.

 

Il nous appartient de changer cela en : 

  • Augmentant les quotas d’accueil au niveau national.
  • Instaurant un moratoire sur tous les renvois jusqu’à fin 2016
  • Exigeant le respect total des principes constitutionnels dans la manière de traiter tout être humain, quel que soit sa nationalité où son origine.
  • Condamnant sans relâche tout discours fallacieux du type: la barque est pleine.
  • Réaffirmant toujours, et sans cesse, que les droits humains sont indivisibles et inaliénables.

 

 

 

 

 

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03/09/2015

Sur la plage abandonnée…

 

Sur la plage abandonnée Coquillages et crustacés Qui l’eût cru déplorent la perte de l’été Qui depuis s’en est allé …

 

C’était une autre époque : Brigitte Bardot, cheveux blonds brillants chantait les pieds dans l’eau une chanson insouciante.

 

 

 

Aujourd’hui, 2015, la fin de l’été se marque avec un enfant que l’on ramasse sur une plage de Turquie comme un petit paquet de linge mouillé. L’enfant, échoué sur la plage, on le nettoie, comme une méduse, un coquillage, un crustacé. Puis, on le range dans une boîte en métal après l’avoir pris en photo, de dos et de profil, comme un souvenir de vacances que l’on voudrait oublier.

 

Hier matin, personne n’a réveillé l’enfant d’un baiser

Personne ne lui a donné un bol de chocolat chaud

La bouche de l’enfant remplie de force de sable et d’eau salée.

 

Hier matin personne n’a accompagné l’enfant sur le chemin de l’école

Il n’y a plus d’école

C’est la cale du bateau ou les flammes.

Personne n’a aidé l’enfant à traverser un passage piéton

Pour seul passage : la mer

Et la nuit où nul adulte n’a pied.

 

Pas d’histoire de princes, pas de lectures

Le ressac les nuages et les vagues

Les cris étouffés des noyés, le silence des poissons.

 

Hier matin

Personne n’a caressé l’enfant, ne l’a bercé

Personne n’a calmé sa peur, ne lui a chanté des chansons

Personne n’a essuyé ses larmes

Pas de lit chaud, pas de doudou, de lumière dans la nuit

juste le fond de la mer sans fin.

 

On l’a peut-être jeté par dessus bord au moment du naufrage

Ou étouffé parce qu’une patrouille de police s’approchait.

 

Nettoyé avec des gants de plastique

Avant que les touristes s’installent sur la plage

S’enduisent de crème solaire et fredonnent des chansons:

Sur la plage abandonnée…

 

Hier.

Et demain  ?

 

 

 

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http://www.sp-ps.ch/fr/solidarite-avec-les-refugie-e-s

 

 

 

 

 

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02/09/2015

Ni pour le meilleur ni pour le pire (réflexions sur le mariage)

 

L’office fédéral de la statistique nous avertit : 42 couples sur 100 sont voués à l’échec, si le comportement actuel par rapport au divorce ne change pas dans le futur.[1] Diable, mais comment changer le rapport au divorce. En voilà un problème de société, ça cogite sec à Berne…

 

Le PDC n’a pas trouvé la parade. Le « parti de la famille » doit constater son échec. Non seulement il ne sait plus trop ce qu’est la famille, mais par dépit se replie frileusement sur une définition limitée. Le mariage, ce serait l’union d’un homme et d’une femme, basta. Quel manque de créativité, et surtout, de réactivité par rapport aux nouvelles manières de faire famille aujourd’hui. D’autres (UDC) voient des mariages blancs partout, ou des mariages inféconds même quand ceux-ci portent déjà des enfants. Ils veulent défendre la forteresse mariage comme ils isolent la Suisse. La commission juridique du Conseil des Etats elle, vient tout juste d’autoriser le mariage homosexuel par 7 voix contre 5.[2] Voilà enfin une décision qui va dans la bonne direction.

 

Certains proposent des « solutions » qui n’ont rien à envier au parti démocrate chrétien : si vous n’avez pas réussi votre mariage, réussissez votre divorce! Bof, à tout prendre, on préférerait quand même réussir son union.

Il reste la tentation des aventures extra-maritales, commerciales ou non.  Ashley Madison, spécialisé dans l’offre aux mariés, avec son slogan  » la vie est courte, tentez l’aventure », ne convainc pas. Vivre caché n’est pas particulièrement sexy. Et quand la double vie est révélée à tous par un piratage de données, quel ridicule.

Mais, si on ne peut pas changer le rapport au divorce, autant changer le rapport au mariage, non?

Ce qui sauvera le mariage ? Sa désacralisation et son ouverture à toutes et tous afin de donner à chacun.e l’exercice de ses droits, à l’union, à l’adoption et à la procréation.

 

Mariages flashs

En 2013, Genève est deuxième concernant le taux brut de divorce pour mille habitants (2.6) et bonne dernière concernant la durée de vie moyenne d’un mariage : 13.5 années.

 

Globalement, au niveau Suisse, la durée de vie d’un mariage progresse de 14,5 à 14.7 années. Explications ? Le divorce menace avant tout les premières années de mariage. Bref, ce n’est ni pour le meilleur ni pour le pire que l’on se quitte, mais en général parce que l’on a n’a pas eu le temps d’expérimenter l’un ou l’autre.

 

Fait nouveau, un nombre croissant de couples divorcent après de longues années en commun. Les couples divorçant après 30 ans ou plus de mariage représentent désormais 8,2% en 2013 contre 3% de tous les divorces prononcés en 1970.

 

Pour résumer, il est de plus en plus dur de durer longtemps dans le mariage. Peut-être aussi parce que l’on dure de plus en plus longtemps… dans la vie? Lorsque l’on a vécu le pire le meilleur avec la même personne, que les enfants seront grands, l’hypothèque payée, on se dit qu’il est temps de tenter autre chose. Bref, si le cadre du mariage a été éprouvé…  pourquoi ne pas expérimenter le divorce pour continuer à aimer.

 

Mariage pour toutes et tous :en avant  !

Et si plutôt que de réussir son mariage ou son divorce l’ambition, peu importe son orientation sexuelle, son âge, le fait d’avoir des enfants ou non, était de bien réussir à aimer? L’office fédéral de la statistique a-t-il un avis là-dessus?

En tout cas, aujourd’hui : en avant pour le mariage pour toutes et tous, belle manière de rénover cette vénérable institution pour l’adapter à notre société.

Ni pour le meilleur, ni pour le pire.

Simplement, par égalité de traitement.

Et pour mettre le mariage à la page, plutôt qu’à la porte.

 

 

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[1]http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/01/06/blank/key/06.html

[2]http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/27827293

09:20 Publié dans Air du temps, Genève, Humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mariage, suisse, droits, lgbtiqh | |  Facebook

28/08/2015

Réformer l’économie (Contre ceux qui veulent uniquement l’optimaliser)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le cadre des élections fédérales d’octobre 2015, la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève, la Fédération des Entreprises Romandes Genève et Economiesuisse  ont convié les candidat(e) aux élections fédérales à une rencontre avec des représentants des milieux économiques.

Cette rencontre, réunissait tous les partis, et se voulait une occasion d’échanges sur les perspectives de l’économie genevoise et les thématiques comme la réforme de la fiscalité des entreprises et de les relations bilatérales avec l’Union européenne.

 

Comme candidat socialiste, je m’y suis donc rendu.

 

Je pensais, j’avoue, arriver dans le temple de la créativité et de l’innovation, de la réactivité et des nouvelles idées… j’ai été déçu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’optimalisation au détriment des gens

J’ai découvert un milieu auto-satisfait, ayant produit un jolie brochure rappelant que la suisse est numéro 1 en matière de compétitivité (et en terme de redistribution des richesses, d’écart de salaire entre les plus riches et les plus pauvres?), que l’espérance de vie des Suissesses est de 85 ans en moyenne soit 10 ans de plus qu’en 1960 (omettant de préciser que l’espérance des Suisses est de 82 ans … tiens pourquoi ce décalage?) ; que Genève et Berne figurent dans le top 15 des villes où la qualité de vie est la plus élevée du monde (grâce à quoi, à qui ?), ajoutant que le phosphore des lacs suisses a fortement diminué et que 1107 musées suisse ont comptabilisé plus de 20 millions d’entrées !!

Vous cherchez le rapport entre ces statistiques? Il est uniquement de vendre l’idée que tous ces bienfaits reviennent à l’économie, omettant bien entendu de dire que celle-ci est responsable de coûts et d’externalités qu’assume uniquement l’Etat (épuisement au travail,  burn-out, stress, pressions, difficultés sociales, augmentation de la précarisation, hausse des frais médicaux.) [1]

Economie suisse, nous peint un monde en rose. Vous reprendrez bien un peu de Fluoxetine Bayer pour la voir ainsi?

Non, merci.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un milieu dogmatique abusant du chantage catastrophiste

J’ai découvert là un milieu dogmatique défendant becs et ongles les neufs clés du succès helvétique, véritable bible d’une certain économie, soit : un approvisionnement en énergie sûr et compétitif, une protection efficace de l’environnement, des marchés de l’emploi libres et ouverts, des infrastructures performantes, une stabilité macroéconomique, une économie de marché performante, la liberté d’entreprendre, l’accès direct aux marchés mondiaux, un système éducatif et une recherche de pointe, des politiques financières et fiscale compétitives.

Et gare à vous si vous cherchez à étendre, ou redéfinir les clés de ce succès. Vous ne trouvez pas votre place là-dedans ? Vous vous demandez ce qu’il en est de la redistribution des richesses, d’un impôt juste, de la lutte contre les inégalités, et de la responsabilité des entreprises dans celles-ci, du partage du temps de travail ? Economie Suisse ne s’en préoccupe pas. Son objectif, OPTIMALISER les conditions cadres pour les entreprises… pour le reste, vous pouvez : travailleurs, retraités, étudiants, aller vous brosser.

Economie Suisse défend un seul axe: le maintien de l’existant. Elle souhaite jouer, encore et toujours sa même ritournelle du chantage et des accents catastrophistes. Si vous cherchez à réformer le système pour plus de justice sociale (les entreprises partiront, la suisse reviendra au Moyen-âge), elle mettra le poids financier qu’il faudra.

Cette logique défensive ne sert pas toute l’économie. Elle permet surtout aux plus gros de devenir plus forts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’économie contre les droits populaires 

Plus grave, le fait que les droits populaires et les votations soient vues comme un élément qui dérange la stabilité économique, et la sacro-sainte prévisibilité économique des multinationales.

Alors, quand le 9 février arrive ces messieurs (surtout) et dames (peu nombreuses) s’inquiètent. Pourtant, qui a fait le lit de l’extrême droite? Qui, à droite et dans les milieux bourgeois, a toujours défendu becs et ongles les intérêts privés, les grosses fortunes, freiné l’évolution du système bancaire, défendu les privilèges, refusant les naturalisations facilités et le droit de vote des étrangers afin que, PLR-UDC mains dans la main, fassent de l’étranger un bouc émissaire idéal ?

Quand arrive le 9 février 2014, ces messieurs dame sont choqués. Le chantage trop utilisé, ne fonctionne plus. Voilà l’économie en péril du fait du 9 février, on s’agite, on s’inquiète.  Mais ce n’est pas pour autant qu’il est question de se réformer et de remettre en question l’économie, non. Ce sont les droits populaires qu’il faudrait questionner !!!

Je pensais, j’avoue, arriver dans le temple de la créativité et de l’innovation, de la réactivité et des nouvelles idées… je me suis confronté à un lobby conservateur.

Voulons-nous laisser notre économie dans ces mains là?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réformer l’économie

 

Réformons l’économie pour les PME, les gens réels, les paysans, les étudiants, pour l’avenir, pas au profit uniquement des multinationales et de l’intérêt prioritaire des grosses fortunes.

Ce que j’appelle la théorie des miettes, qui vise à défendre le fait que plus les riches sont riches, plus les classes moyennes et les pauvres en reçoivent quelque chose, doit être combattue. La justice sociale n’est pas la mendicité. C’est un rapport de force constructif.

Voilà quelques mesures concrètes pour réformer l’économie et redistribuer les richesses :

 

  • Protéger avant tout les travailleurs et travailleuses, pas uniquement les conditions cadres visant à l’optimalisation fiscale. Extension des conventions de travail.
  • Imposer l’égalité des salaires entre femmes et hommes.
  • Création d’un impôt sur les transactions boursières pour mettre fin à la spéculation inutile et stabiliser le marché financier.
  • Réformer la fiscalité afin de la rendre transparente. Fini les cadeaux fiscaux et les forfaits fiscaux à la carte dévolus d’une manière totalement opaque.
  • Réforme RIE III des entreprises [2] : pour un taux à 17% uniforme et une défense plus forte de la place de Genève face aux avantages dont jouissent les villes de Bâle et Zurich.
  • Soutien à l’économie Sociale et Solidaire. Facilitation des prêts pour les petites et moyennes entreprises via des Fonds publics de prêts (type FONDETEC). Mise à disposition de capital pour démarrer des entreprises sans intérêts.
  • Les primes d’assurances-maladie ne doivent pas représenter plus de 10% des revenus d’un ménage. Interdiction de faire de la publicité pour les caisses maladies avec l’argent des primes. L’argent doit aller aux assurés, pas aux conseils d’administration!
  • Constitution d’un cadre légal pour des multinationales responsables (initiative multi), protégeant ainsi les droits humains et l’environnement en mettant sur un pied d’égalité toutes les entreprises et renforçant le label Suisse. Signez l’initiative ! [3]

 

Parce qu’économie suisse demeure le lobby d’une économie partiale visant uniquement à l’optimalisation et à la facilitation des conditions pour les grands acteurs, réformer l’économie est urgent.

Parce que l’économie doit être au service de l’humain, pas le contraire.

Quand j’ai pris la parole pour exposer ce point de vue et ces propositions, celles-ci ont été prises pour de la provocation voir un crime de lèse-majesté par les patrons de l’économie (quoi? on attaque les sacro-saintes conditions cadres?!).

Ceci est la preuve, à mes yeux que l’économie ne se réformera pas toute seule, qu’il ne faut pas attendre autre chose d’elle optimalisation conservatisme et dérégulation, avec une vie peinte en rose pendant que les citoyen-ne-s paient les pots cassés des crises successives.

L’économie ne prendra jamais toute seule les mesures qui vont contre ses intérêts d’optimalisation.

L’intérêt de l’économie n’est pas toujours celui des citoyen.ne.s

L’optimalisation forcenée n’est pas une fatalité.

A nous, citoyen.ne.s, politiques, de voter pour défendre une économie réelle, freiner l’optimalisation à tous prix aux dépends de certains pour en enrichir d’autres.

A nous d’augmenter la répartition des richesses, gage de durabilité et d’une société sans conflits sociaux.

Une autre économie est possible, plus démocratique, nous souhaitons la réaliser.

 

 

[1]http://www.uss.ch/index.php?id=144&L=1&tx_ttnews[backPid]=&tx_ttnews[tt_news]=4190&cHash=b273c2a50d4086b75be7bec839dbf47bs

 

[2]https://www.pwc.ch/user_content/editor/files/publications15/pwc_corporate_tax_reform_iii_fr.pdf

 

[3]http://www.solidar.ch/fr/inscription/initiative-pour-des

 

 

Les illustrations sont tirées du livre de Monique Pinçon-Charlot & Michel Pinçon, Etienne Lécroart : Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres? Mon premier manuel de pensée critique, Editions la ville brûle, 2014.

 

 

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24/08/2015

Pour une Suisse ouverte, juste et solidaire

Ami.e entends-tu le discours de division et d’oppression ? Il souffle et laisse entendre qu’il n’y a de vie collective possible que dans la tension et la division; dans la survie du chacun pour soi, dans la peur et le repli. Il veut nous convaincre qu’il n’y a de survie que dans les guerres de tranchées: des jeunes contre les vieux, des noctambules contre les lève-tôt, des étrangers contre les locaux, des locaux contre les frontaliers, de ceux qui veulent aller plus vite contre ceux qui n’ont plus le temps, avec toujours la fragmentation et la peur comme poison.

 

Ami.e entends-tu la ritournelle ? Elle oppose les besoins, dresse les uns contre les autres: les laïques aux croyants, les juifs contre les non-juifs… et les musulmans contre tous les autres. Elle favorise toujours les puissances du profit ; dresse les sans-emplois contre ceux qui en ont, ceux qui en cherchent contre ceux qui l’ont perdu; elle monte les employés contre les indépendants, les indépendants contre les professions libérales, et fait des fonctionnaires une espèce exotique.

 

Ami.e entends-tu ceux qui montent les blancs contre les moins-blancs, les tachetés contre les mouchetés, les hommes contre les femmes; hétérosexuels contre homosexuels, les familles composée d’un homme et d’une femme… contre toutes les autres, et qui veulent nous faire rendre l’âme pour en profiter encore un peu?

Ami.e entends-tu ceux qui te disent de te serrer la ceinture pendant qu’ils se pètent les bretelles? Les discours de la haine, des semeurs de discorde ? Toujours plus de superficiel et de fiel, ils en font leur miel.

 

 

Une Suisse ouverte, juste et solidaire

 

Ami.e, développons nos forces et nos solidarités. Toujours aller à la rencontre des personnes, pas de leurs représentations : « les migrants », « les assistés », « les roms », « les classes moyennes » sont le pense-bête de ceux qui veulent faire de la Suisse un pays rétrograde et figé. Rencontrons les personnes, pas leurs images déformées.

 

Ami.e, toujours plus créatifs et soudés contre la pensée figée, qui travaille pour que la lutte devienne inutile et la loi du plus fort incontournable.

 

Le fatalisme et l’impuissance : nous ne mangeons pas de ce pain là. Ensemble contre toutes les formes de violence, et sa matrice : la violence économique, qui fait de l’humain une machine augmentant le bien être de quelques uns au détriment de tous les autres.

 

Ami.e, nous refusons d’opposer les catégories et d’alimenter la lutte des uns contre les autres. Chacun.e mérite plus que des miettes. Nous ne nous battrons pas entre nous pour celles-ci. Les valeurs de solidarité, d’attention et d’égards sont largement partagées, faisons-les résonner ! Nous ne nous contenterons pas du minimum.

 

La Suisse solidaire, durable, avance. Celle, mesquine, trompeuse, qui fait son beurre de ce qui fait peur, entretient les problèmes et les impuissance, veut nous réduire à une vision à court terme. Les bourses flanchent, le développement chinois s’essouffle. Notre modèle de développement doit être repensé. Ne mettons pas tous nos oeufs dans le même modèle de la finance.

 

Ami.e, tous ensemble pour la taxation des transactions boursières, des salaires équitables, des logements abordables, des retraites solides, et le renforcement de la protection contre les licenciements.

 

Pour une Suisse ouverte, juste et solidaire.

Pas sa confiscation au profit de quelques uns.

 

 

 

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22/08/2015

Cela ne vous rappelle rien ?

 

Cela ne vous rappelle rien ?

Une rafle au mois de juin : toi, tu vas au trou, toi tu restes en surface. Parce que tu es un homme, célibataire, que tu as commis un petit délit et même si tu as purgé ta peine :  le sous-sol c’est pour toi.

Les double et triple peine, cela ne vous rappelle rien?

 

Une rafle au mois de juin :  la police anti-émeute contre des migrants pour les déplacer de force dans l’attente de leur déportation. Cela ne vous rappelle rien?

La police envoyée pour trier des gens. Le pouvoir qui justifie ce tri entre bons migrants et mauvais migrants, invoque la dignité de certains pour traiter les autres en sous-hommes, cela ne vous rappelle rien ?

Un magistrat de police qui tente de siffler la fin des droits humains. Un magistrat de police, capitaine à l’armée, qui use de sa parole et de son pouvoir pour s’en prendre à des militant.e.s des droits de l’homme, menace les citoyens qui font preuve de solidarité et se proposent d’accueillir chez eux des personnes harcelées, cela ne vous rappelle rien?

Cela ne vous rappelle rien ?

 

Faire de certains des exutoires bon marché, d’autres d’utiles boucs émissaires, considérer l’humain en fonction de son statut, de ses tampons sur ses papiers, des quotas et rouages politiques, plutôt que sa personne. Criminaliser les problèmes sociaux, pénaliser la contestation, décrédibiliser les mouvements qui défendent les droits humains, cela ne vous rappelle rien ?

Vraiment?

 

Abuser de l’argument de l’urgence pour bafouer le droit et la dignité due à toute personnes comme le stipule notre Constitution. Cela ne vous rappelle rien ?

 

Faire de la Constitution un simple bout de papier, voir un torchon, avec lequel s’essuyer au nom de l’urgence, de l’économie, ou des principes supérieurs de l’Etat, cela ne vous rappelle rien?

 

Rien n’a commencé par une rafle en juin, tout se poursuit, quotidiennement, depuis des années, dans un état de droit en danger qui tolère que des hommes soient traités en sous-hommes, discriminés, écartés, logés dans des abris avec pour toute nourriture des barquettes à réchauffer; la lumière électriques en continu, et des punaises de lit sur les châlits.

Cela ne vous rappelle rien, vraiment ?

Vraiment?

Peut-être parce que vous vous dites: cela ne me concerne pas.

 

Mais qui sait, de force, et dans très peu de temps, cela pourrait vous revenir et vous concerner plus directement.

 

 

Cela ne vous rappelle rien, vraiment ?

Vraiment?

 

 

 

 

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20/08/2015

La démocratie à l’épreuve des gestionnaires

C’est dans l’air du temps, les gestionnaires et les légalistes sont au pouvoir. Ils se cachent derrière la loi, la règle, pour maintenir le statu-quo et les inégalités sociales.

 

On en a eu récemment un exemple frappant. Monsieur Maudet dézingue un mouvement populaire et militant, No Bunkers, ayant rassemblé des milliers de personnes dans des manifestations. Il invalide tout un mouvement du fait que certains déboutés de l’asile auraient commis des délits; comme s’il y avait de bons ou de mauvais migrants, comme si ses catégories et ses étiquettes disaient l’entier de la personne et permettaient de traiter ceux-là en sous-hommes.

 

D’une façon similiaire, Monsieur Poggia qui répétait il y a peu aux citoyens aux sujets de ces déboutés de l’asile : Prenez-les chez vous ! Mais prenez-les chez vous ! Et quand certains répondent: chiche nous le ferons, il invoque ensuite la loi pour leur interdire de le faire, avec une seule visée en tête : réduire au silence un mouvement, le mettre à tout prix en échec. Il montre là que sa considération humaine est nulle. C’est la gestion des masses et de l’image qui le préoccupe.

 

La loi : ce cache-sexe du pouvoir

Ce n’est pas le respect de la loi, faussement invoqué, qui est en cause ici, mais plutôt la préservation du pouvoir et de ses intérêts, sa manière de se raconter des histoires et se mettre en scène.

 

Ce n’est pas la « fin de la récréation » que siffle à la fin de l’été Monsieur Maudet, c’est sa propre mise hors-jeu par son incapacité à penser plus large et autrement qu’en fonction de son esprit formaté stratégie et gestion. 

Or, le danger de notre époque vient clairement de ceux qui font appliquer des lois en bafouant leurs fondements, qui ne voient pas plus loin que leur opinion publique, la caressent dans le sens du poil et évitent soigneusement tout risque et décision susceptible de fâcher.

La majorité des politiques sont devenus des suiveurs. Et les « décideurs » des petits caïds du marketing accros à l’opinion publique. Du contrôle de celle-ci dépend leur survie. Ils ne voient pas plus loin.

Et c’est cela que nous appellerions démocratie et devant lequel il faudrait s’incliner comme devant une figure sainte? Devant ce règne des idées molles, sans portées, sans visions, ne visant au final qu’à maintenir l’existant et au pouvoir ceux qui ont eu l’habileté, ou la chance, de s’y faire porter?

Les gestionnaires et les légalistes font subir à la démocratie le pire essorage qu’il soit. Après rinçage, ils la rendent d’une fadeur et d’un hygiénisme puant.

 

Juste bons à voter et se taire ?

La démocratie est plus qu’un légalisme. Elle est plus que la médiacratie et l’étroite justification légale arrangeant le pouvoir en place.

La démocratie est même plus que le respect dû à des majorités élues tous les 4 ou 5 ans à 35% de votant. La démocratie n’est pas une tyrannie de la majorité, mais un équilibre des différentes composantes de la société, chaque citoyen.ne ayant droit de cité et de parole, en tous temps.

Ceux qui, tel le journaliste Philippe Barraud [1], s’insurgent dans un article du Temps, que des collectifs s’engagent, se mobilisent, pour rappeler aux élu.e.s l’existence de Constitutions, devraient arrêter de vendre au rabais, dans un journal qui devient d’une fadeur affligeante, une démocratie bradée où les élu.e.s uniquement auraient un droit de parole et d’exercice politique alors que les autres pourraient aller se brosser étant « juste bons à voter » et se taire.

Ceux qui dansent sur le ventre des autres ne sont pas ceux qui s’engagent et manifestent, mais plutôt ces élu.e.s légalistes et gestionnaires, vivant leur mandat comme une rente de situation, faisant semblant d’être dans une stricte observance de la loi, tout en fermant les yeux sur ses abus ou manquements.

Le risque ne vient pas de ceux qui gueulent mais de ceux qui dorment, continuent à se faire bercer en toute bonne conscience.

 

Qui pour faire respecter la Constitution ?

 

Si l’on relit, par exemple, l’article 15 de la Constitution genevoise :

Art. 15 Egalité
1 Toutes les personnes sont égales en droit.
2 Nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa situation sociale, de son orientation sexuelle, de ses convictions ou d’une déficience.
3 La femme et l’homme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité de droit et de fait en particulier dans les domaines de la famille, de la formation et du travail.
4 La femme et l’homme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale.

 

Qu’un seul politicien « bon gestionnaire » ou garant de la loi et de sa stricte « observance » ose affirmer que ce principe n’est pas bafoué à répétition et à longueur de journée sur notre territoire en toute impunité !

Et quand le président du PLR Alexandre de Senarclens érige la discrimination en règle et l’affirme : oui, mettre ces hommes en sous-sol, c’est une discrimination au détriment d’hommes célibataires, déboutés, il bafoue purement et simplement notre Constitution.[2]

Art. 39 Droit à un niveau de vie suffisant
1 Toute personne a droit à la couverture de ses besoins vitaux afin de favoriser son intégration sociale et professionnelle.
2 Toute personne a droit aux soins et à l’assistance personnelle nécessaires en raison de son état de santé, de son âge ou d’une déficience.

 

Toute personne, rappelle la Constitution. Pas uniquement les électeurs libéraux-radicaux n’est-ce pas?

Monsieur Maudet, plutôt que de pourchasser de ses foudres une poignée de déboutés, de se positionner en moraliste devrait commencer par faire respecter la Constitution comme il s’y est engagé.

Toute la Constitution, rien que la Constitution, pas seulement les quelques lois qui font son beurre politique après un soigneux écrémage.

La démocratie est plus que le respect d’un état de fait

 

La délégation du pouvoir ça ne veut pas dire uniquement signer un blanc-seing pour 4 ou 5 ans. La démocratie c’est le frottement des idées: des débats, des refus, des tensions.

Bravo aux collectifs et association, aux citoyen.ne.s qui le rappellent et le font entendre courageusement haut et fort.

Ils sont le tonus de la démocratie.

 

La démocratie est plus que le respect du pouvoir en place

Elle est la garantie de respect des principes supérieurs et constitutionnels, qui touchent aux droits et au respect de la personne, à sa liberté individuelle et à sa sécurité.

Lorsque ces principes supérieurs sont attaqués, quand certains élu.e.s les perdent de vue au profit du racolage médiatique, alors oui il est légitime de monter aux barricades, de secouer le corps gras et mou que devient notre démocratie, en employant tous les moyens possibles, tous les réseaux nécessaires, qu’ils soient électifs, militants, grévistes, pour ne pas être dans une démocratie de ventriloques où le pouvoir a été confisqué par des gestionnaires à la petite semaine.

 

L’observance de la loi, de toute la loi, par le pouvoir politique, est sous la surveillance des citoyen.ne.s, tous les citoyen.ne.s. Ces derniers sont légitimes à l’exercer en tous temps.

 

Nous ne sommes ni enrôlés dans une armée, à la messe ou un talk-show.

Parce que nous sommes des êtres libres, il revient à chacun.e. en démocratie, de faire entendre sa voix, lutter pour ses opinions, quelles qu’elles soient.

Délégation du pouvoir ne veut pas dire démission.

 

Voter c’est très bien, agir c’est parfait.

 

 

[1]http://www.letemps.ch/Page/Uuid/d62f3918-45a4-11e5-85d0-41b5fd577541/Ces_collectifs_qui_dansent_sur_le_ventre_des_autorit%C3%A9s

 

[2]http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2015/06/24/le-courrier-vivre-dans-un-bunker-au-peril-de-sa-sante/

 

www.sylvainthevoz.ch

 

09:48 Publié dans Air du temps, Genève | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : démocratie, suisse, gestionnaire, migrants | |  Facebook

05/08/2015

La capote et le territoire

Mercredi

J’ai dans mon sac une pierre prise dans un bas pour cogner. Des talons aiguilles dans les yeux, je t’assure, ça fait mal.

Tu me vois, je suis là, à une et à deux et à trois heures du matin, dans la nuit dans le froid, tout l’hiver parfois. Mais je suis ailleurs en même temps, beaucoup plus loin qu’ici.

Ce que j’expose n’est pas ce que je suis, qui je suis est à l’abri bien loin.  Je me répète peut-être. Peut-être que je t’ennuie… qui je suis n’est pas celle que tu vois.

Qui je suis ne travaille pas après minuit, ne mets jamais de bas.

Il y a plein de prostitués dans les boîtes d’assurance et les banques.

Je suis travailleuse du sexe.

Ce n’est pas parce que je travaille avec mon corps que je suis à vendre. Je facture un service, c’est à prendre ou à laisser. Ce n’est pas ma personne que je solde. Cela, les mecs ils ne le comprennent pas. Pour que leur fantasme fonctionne, il faut le leur laisser croire. Je suis une comédienne. Life is a stage. Je vais aller voir la pièce de Devanthéry à l’Orangerie cette semaine : to be or not to be. Shakespeare. Ça m’intéresse.

Je parle le moins possible. Je reste toujours le plus neutre possible. Comme cela, les hommes peuvent projeter tout ce qu’ils veulent, remplir ma corbeille vide de leurs joies, leurs colères, d’impatiences et leurs fleurs.

Je facture un fantasme. Ils paient sa réalisation.

Je travaille avec mon sexe. C’est dans ce trou que je fore. Par ce terrier, dans l’abri de verre, que je me construis, en ressors. J’essaie de comprendre ceux qui viennent me prendre. Tu ne peux pas savoir combien j’ai appris sur le trottoir. Ni comme les gens aiment salir, raconter des ragots et te déverser leurs ordures.

Je n’aimerais pas que mon fils apprenne que je travaille dans la rue. C’est la dernière chose que je veux voir. J’aurais trop honte. L’argent que je gagne, c’est durement. Je paie mes impôts, comme tout le monde, je cotise pour ma retraite. Il y a de la place pour tout le monde ici, mais le prix à payer est salé. Tu dois t’exposer, tu peux choisir ce que tu mets en vitrine. Tu n’en sors pas inchangé. Tu dois te vendre. Toi seule évalues ce que tu donnes et pour combien tu l’abandonnes.

Le territoire, c’est vital.

Les filles, les nouvelles, sont de plus en plus jeunes. Elles s’en foutent de casser les prix. Pour deux fois rien tu baises. Pour quarante balles, elles font tout maintenant. Pour presque rien, un rapport complet. Moi, j’ai des enfants à nourrir, leur éducation à payer. En vieillissant, tu dois aussi t’occuper plus de toi. Les dents, les yeux, les seins.

Elles, elles cassent le marché. Elles se mettent dans le coin là-bas et si tu les fais chier, leur mac rapplique. C’est difficile dehors, tu vois. La semaine passée, la chinoise s’est fait bastonner. Elle n’est pas encore revenue. Même le plus petit bout de trottoir c’est un enjeu, du moment qu’il est bien exposé.

Les filles savent très bien où se mettre, où il faut aller, ne pas s’arrêter. J’ai trouvé une chaise dans la rue. Je l’ai accrochée à un soupirail avec un cadenas. Je fais 1234 pour le sécuriser. Comme cela, la nuit, quand j’ai mal aux jambes, souhaite m’asseoir, je le fais tranquillement. Cela devient mon salon et je regarde passer ceux qui me regardent m’asseoir.

Parfois on fait fausse route. On ne pensait pas lâcher autant, ni être rattrapées par le temps. C’est ainsi. Des filles vieillissent mal. L’occasionnel a duré. Elles ne savent plus mordre. Elles sont foutues. Elles ne peuvent plus dire non.

 

Photographies: Tous droits réservés Eric Roset www.eric-roset.ch

 

Texte écrit suite à un travail sur le boulevard des Tranchées avec les travailleuses du sexe pour l’association Aspasie, la rédaction de son journal Mots de Passe.

09:30 Publié dans Air du temps, Genève, Humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prostitution, genève, nuit, travail du sexe | |  Facebook

02/08/2015

Clients, bourreaux, sauveurs

Dimanche

Je préfère la lumière des lampadaires aux boîtes des parkings.  Je ne laisse jamais les mecs prendre trop de pouvoir, se raconter des histoires.

 

Ils veulent tous me sauver, me baiser, me sauver, me baiser, me sauver.

Dans leur tête, c’est du pareil au même.

Mon corps, il est ici. Mon cœur, il est là-bas. Avec mon amoureux qui boit un soda dans sa voiture et attend que j’en finisse.

Je propose un rapport professionnel, et basta. Si le mec s’emballe, je le calme, le recadre, avec doigté, toujours.

J’en ai eu qui m’amenaient des fleurs à chaque fois, voulaient me marier, me placer dans leur bonbonnière. Ils étaient mariés, ils étaient bourrés, ils étaient sincères. Vous ne pouvez pas imaginer les solitudes et les vides intersidéraux que j’ai comblés.

Il y a un chef d’entreprise qui voulait m’épouser. Je te jure, il venait régulièrement me voir. Mais je suis claustro. Je n’aime pas les espaces clos et les mecs qui m’étouffent, même quand il y a de jolis lustres et deux serviteurs à l’entrée; même quand on reçoit tous les soirs de la semaine et que les noms des invités sont écrits sur de jolis papiers.

Pour cela, je ne travaillerai jamais en salon. Je respecte les filles qui le font ; mais moi, c’est sur le boulevard que je bosse. J’aime l’indépendance, pas les sonnettes. J’aime le vent et la pluie, pas les chiens à l’entrée, le gravier dans l’allée et les rideaux aux fenêtres.

 

Je sors quand je veux. Je turbine quand je peux. Personne ne me dicte de rythme ni d’heures de travail. Je ne fais pas d’abattages. Je ne badge pas. Je ne pointe pas. Je fais des pipes, c’est tout. Je ne m’enquille pas des mecs parce qu’il faut passer par là. D’autres sont moins bien loties.

Je laisse passer des voitures. Je ne retourne pas toujours les sourires. Je choisis. J’ai grandi là-dedans. Je sais comment y faire ma vie.

Clients, bourreaux, sauveurs, ce sont des hommes avant tout.

 

Photographies: Tous droits réservés Eric Roset www.eric-roset.ch

09:13 Publié dans Air du temps, Genève | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prostitution, genève, témoigner, écouter | |  Facebook

01/08/2015

La Suisse est un muscle qui se travaille

C’est toujours un moment singulier que le 1er août, jour de fête nationale. Pas que je sois un fanatique du drapeau, ni que le nationalisme soit quelque chose que je valorise particulièrement, mais en ce jour, ce sont toujours des sentiments de gratitude et de reconnaissance, un rappel de l’incroyable chance de vivre en Suisse qui surgissent.

Pourquoi ?

Nous vivons en paix, dans un pays serein, fort, qui permet à chacun, de chercher et d’occuper la place qui lui revient.

Malgré les tensions, les dissensions, et parfois les conflits (mais nous n’en arrivons généralement pas là, notre ADN y est réfractaire), nous faisons plus que partager un territoire, nous y vivons ensemble.

Grâce à notre tradition, notre histoire et notre confiance, nous apprenons des crises et les surmontons.

Le débat, le dialogue, la volonté de servir le bien commun l’emportent encore sur les égoïsmes. Nous constituons une communauté qui se parle et agit pour le bien du plus grand nombre.

 

1er août d’hier

Le 1er août, relève en partie de souvenirs heureux. Depuis l’enfance : s’émerveiller des feux de la fête nationale sur les montagnes; dans les villages, des lampions, du cor des alpes et les tartes aux noix des grands-parents jouant aux cartes; jappements du bouvier bernois, grésillement de la raclette fondue sur la pierre à l’alpage.

Le 1er août porte sa part de nostalgie et de retour vers les origines. Une forme de ressourcement aussi : ovomaltine froide et barre de ragusa. Le feu qui brûle, les amis rassemblés autour. C’est un moment fort, intemporel et rassembleur. Il fournit une combustion pour aller de l’avant. S’il n’existait pas il faudrait l’inventer… ce que nous avons d’ailleurs fait. Le copyright date de 1891 à l’occasion de la commémoration du 600e anniversaire du pacte de 1291.

Par ces feux, nous perpétuons ce que l’humain a fait depuis qu’il est : se réunir autour d’un feu, ériger un totem (symbole) manger et boire autour, se tenir chaud. Nous ne sommes pas différents des autres. La naissance de la Suisse date en fait de l’origine de l’humanité.

Un nationalisme bien pensé devrait être un humanisme curieux, pas un repli sur soi inquiet; pas un privilège de naissance ou administratif, mais un engagement envers une collectivité en lien avec d’autres.

 

1er août d’aujourd’hui

Le 1er août, c’est avant tout un présent. Dans des pays voisins, les jours de fête nationale, on brûle aussi des bagnoles. Ici, et pour longtemps encore je l’espère, des morceaux de bois, comme le faisaient nos anciens. Et c’est un moment magique de voir, venant de différents lieux, aux origines multiples, des gamins lancer des fusées, et les différentes langues parlées autour des feux.

Il m’a toujours semblé que le drapeau suisse à croix blanche, symbolisait la croisée des chemins. Là où certains veulent dessiner pour les quatre branches des impasses, j’y ai pour ma part toujours distingué au moins quatre ouvertures possibles, et des débouchés vers les quatre points cardinaux. Petit pays au centre de l’Europe, notre pays s’est développé par les échanges et s’est fortifié par son hospitalité. Un pays risquant l’ouverture, c’est sa nature.  

Un pays central, ouvert et responsable, qui s’exporte bien à l’étranger, et représente quelque chose de fort dans le monde. Le symbole de la croix rouge s’y confond même. Aujourd’hui, nous devons veiller à ce qu’il ne soit pas écorné, par le monde de l’économie, des multinationales helvétiques avides, qui par le profit absolu qu’elles poursuivent lui font du mal, ou par des tendances politiques autistes, qui stigmatisent l’étranger, les accords internationaux, et laissent entendre que barricadés derrière nos petites frontières, réfugiés dans le quant-à-soi, nous pourrions vivre mieux. C’est une erreur. Ce serait trahir notre histoire. Nous risquons surtout de devenir, aux yeux du monde, un pays égoïste voulant avant tout défendre ses privilèges. Et pour nous même, que l’usure, le refus de vivre et de nous dépasser, nous sclérosent.

Et si notre croix suisse à quatre branche était un muscle ? Et si nous étions le sang qui bouge pour l’oxygéner. La Suisse : un organe ? C’est un coeur! Un coeur, c’est une pompe : ce sont deux artères, deux veines; un muscle, une circulation. C’est une puissance, une organisation. Mais c’est aussi plus que cela. Un souffle, une oxygénation, un rythme. Et si notre présent était d’amener du sang frais, pour en améliorer la circulation ?

Les conservateurs sont le signe d’un infarctus. Ils veulent figer dans le formol une Suisse qui avance au risque de la tuer. Les racistes? un mauvais cholestérol enkystant la Suisse, la rendant atrophiée et fragile. Quant aux rationalistes, économistes forcenés, ils pensent qu’une boîte en métal est identique à un coeur.

 

1er août de demain

Le 1er août c’est aussi, et toujours, un moment pour se projeter dans l’avenir. Comment vivrons nous en 2016 et 2018 et 2020, et au-delà? Quels sont les caps que nous voulons nous donner? Qu’adviendra-t-il de notre pays? Comment évoluera-t-il ? Serais-je dans celui-ci une force d’oxygénation ou un corps inerte? Une force de développement ou de repli sur soi, un globule rouge ou un virus noir ? Ferais-je le choix du risque et de l’ouverture ou de l’enfermement et du dépérissement?

Le 1er août mêle notre passé, notre présent et notre avenir, comme il mêle les langues, les origines diverses. Il permet, dans notre Confédération, de rappeler que s’il n’y en a pas des comme nous, nous constituons toutefois, genevois, vaudois, zurichois, etc., un tout.

De la même manière, si notre pays est singulier, il appartient à un ensemble plus vaste dont il dépend, et auquel il doit une grande partie de sa richesse et de ses succès, et envers lequel il a aussi des responsabilités.

Le 1er août sera toujours pour moi un hommage à celles et ceux qui font la Suisse, qu’ils en aient le passeport ou non; s’engagent pour le vivre ensemble, au courage qu’il faut pour poursuivre cette aventure. Il sera toujours un moment de lutte contre les périls de fragmentation, de rejet et de repli sur soi qui nous guettent. Un temps de joie, flamboyant.

 

La Suisse est un muscle qui se travaille.

Le 1e août est un temps pour l’exercer.

 

 

 

 

 

 

 

14:39 Publié dans Air du temps, Genève, Humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 1e août, fête nationale, suisse, communauté | |  Facebook

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