L’arbitraire policier : arme de confinement massive ?

  • 09. juin 2020
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A Genève, ces derniers jours et semaine, des personnes qui distribuaient des aliments de première nécessité ou appelaient à une société plus solidaire #appel4mai ont été arrêté, menottés et amendés. Certains ont été menacés d’être traîné devant le procureur général et sont dans une lourde incertitude quant à leur sort.

La dérive répressive policière est inquiétante. Amnesty Suisse en est même venue à demander des directives claires pour que l’expression politique dans les lieux publics soit restaurée et que l’état d’urgence soit partiellement levé.[1]

La répression policière n’est ni proportionnelle ni compréhensible. Au moment où le Conseil fédéral demande à chacun-e de faire preuve de civisme et de responsabilité, le bâton s’abat brutalement sur des citoyen-ne-s qui ne font rien de mal. Bien au contraire, ils et elles portent haut un idéal altruiste, et oeuvrent au mieux-être de notre société.

Comment comprendre?

Pendant que des citoyen-ne-s qui se sont confinés de bonne grâce sont invité-e-s à s’entasser dans les trams comme des sardines pour aller travailler, des réunions pacifiques et solidaires à moins de 5 sont durement réprimées. Celles et ceux qui ont l’audace de descendre dans la rue sont menottés, amendés. Parallèlement, celles et ceux qui font la démarche pour déposer des demandes d’autorisation pour se réunir essuient des refus de la part des autorités. Ce manque de logique ouvre la porte à un redoutable arbitraire policier.

Les trams sont pleins. Les restaurants s’emplissent. Pourtant, une interdiction de se rassembler même à moins de 5 et à plus de 2 mètres dans l’espace public est appliqué stricto sensu par une police au doigt sur la couture et aux menotte lestes. La police est elle-même branchée sur courant discontinu dans sa répression. Ici elle laisse faire, là elle menotte. Aux Ouches elle cible les jeunes et les harcèle, aux Eaux-Vives elle patrouille tranquille le long des quais et laisse faire. Les citoyen-ne-s sont livrés à une dangereuse ambivalence et confusion mentale.

La Caravane de Solidarité a été entravée dans ses action de distributions de bien alimentaires. Pourtant, la police avait laissé faire durant deux week-end. Certains policiers sont même venu saluer cette action, avant que cette dernière ne soit brutalement cassée le samedi 18 avril, et durement réprimée.

L’appel du 4 mai,[3]  action culturelle et sociale, pour laquelle des citoyen-ne-s dessinent des carrés de craie sur le sol a été réprimée de la même manière. Des mineurs sont arrêtés, menottés, menés au poste et amendés. Ces actions policières font honte à notre République. Elles resteront comme des taches sur le blason de notre République  » capitale des droits humains. »

En France, Cédric Herrou, symbole de l’aide aux migrant-e-s a été renvoyé de toutes les poursuites à son encontre le mercredi 13 mai par la cour d’appel qui le rejugeait après la consécration du « principe de fraternité » par le conseil constitutionnel français.[4]C’est une grande victoire de la raison et du droit.

Malheureusement, il semble qu’à Genève, ce « principe de fraternité » doive être d’urgence rappelé et défendu. Les ambivalences de la police imposant une ligne dure et incohérente masque mal la très lourde confusion politique à la tête de l’État.

Ce matin, à la gare, deux personnes m’ont demandé une pièce, une très vieille dame et un jeune homme. Je sais bien ce qui se serait passé si un policier avait vu cette scène.

Une autre réponse que les menottes doit être rapidement instituée afin que les citoyen-ne-s se voient garantir leur droit d’expression et de manifestation, leur droit à la solidarité, et soient en tous lieux respectés dans leur intégrité physique et leur santé.

Il y va de la vie de notre démocratie. Un frein doit être mis aux excès policiers et aux zèles procéduriers.

Il y va de notre santé mentale aussi face aux arbitraires policiers.

Au nom de la pandémie, certaines de nos libertés ont été suspendues. Au nom de la pandémie également, certaines injustices doivent cesser.

 

[1] https://lecourrier.ch/2020/05/08/deconfiner-les-libertes-publiques/

[2]https://lecourrier.ch/2020/05/13/un-mineur-emmene-au-poste/?fbclid=IwAR2b1jcEgMX4D-3y7Uh0qYBmUnr2CdX_E69L3wu6TgOf5kAMPdm7mA63UHY

[3] https://appeldu4mai.ch

[4]https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/13/symbole-de-l-aide-aux-migrants-cedric-herrou-relaxe-par-la-cour-d-appel-de-lyon_6039555_3224.html

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