Quelle collaboration suisse avec un état colonial ?

  • 21. février 2017
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Le vote, le vendredi 23 décembre, par 14 pays et l’abstention notable des Etats-Unis, de la résolution 2334 du conseil de sécurité de l’ONU, énonce clairement que les colonies d’Israël, toute les colonies, dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem sont illégales.[1]

 

Il devient dès lors impossible, pour le monde entier, de faire comme si, ou de légitimer l’occupation de quelque manière que ce soit. Ce vote marque un moment important pour la reconnaissance du droit du peuple palestinien; un tournant dans une histoire emplie de méandres. S’il n’y a pas de quoi tomber dans l’euphorie, cette résolution est clairement un jalon, suite aux nombreuses résolutions réaffirmant la primauté du droit international sur la logique d’annexion.[2]

 

Une résolution de plus, un pas vers le changement?

Le gouvernement Netanyahou a beau s’agiter dans tous les sens, vitupérer, menacer ses alliés ayant voté cette résolution (France, Angleterre, Nouvelle-Zélande) l’onde de choc est profonde et marque une prise de conscience du cul-de-sac dans lequel la politique du gouvernement Netanyahou entraîne son pays. Si les Etats-Unis s’abstiennent de faire usage de leur droit de veto pour protéger leur allié, le passe-droit permettant d’accaparer une terre au mépris du droit international se retourne en acte d’accusation.[3]

La fébrilité actuelle, en Israël, illustre le fait que les sanctions internationales ne sont pas indolores. Les atermoiements de Natanyahou, entre menaces et coups d’éclats : annonces de nouvelles colonies, puis leur mise en suspens, l’illustre. Le gouvernement israélien ne peut se permettre d’être politiquement mis aux bans des nations. La bataille des consciences et de l’image est un enjeu important. La colonisation tient encore, en 2016, par le seul fait d’être encore suffisamment légitimée aux yeux de la communauté internationale comme un « état de fait ».[4]

 

Une victoire pour BDS !

Cette résolution 2334 est une victoire importante pour les mouvements dénonçant l’occupation israélienne. Elle marque une légitimité renforcée pour le mouvement du BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions), qui trouve dans cette résolution du conseil de sécurité une caution internationale à sa dénonciation d’un état hors-la-loi.

Surtout, elle démontre que les moyens d’actions du BDS sont articulés d’une manière cohérente. Ils permettent d’actualiser dans des faits des décisions politiques, et de tendre vers la justice sociale, en haussant le niveau de conscience des populations concernées.

Alors que le ballet du Grand théâtre de Genève et le ballet Béjart Lausanne achèvent une tournée polémique à Tel-Aviv, malgré les avertissements du BDS, la résolution de l’ONU tombe à pic pour rappeler les risques de danser avec l’apartheid. Le dégât d’image étant fait, on peut désormais espérer que l’agenda 2017 des tournées de ces vénérables institutions sera plus solidaire et politiquement mieux inspiré.

 

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Continuer comme avant ?

Cette résolution du Conseil de sécurité conduit désormais directement à s’interroger sur la politique que la Suisse va désormais mener vis-à-vis d’Israël.

Pour rappel, Israël était, en 2015 le troisième partenaire commercial de la Suisse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, après les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite. Les biens exportés en Israël sont les produits pharmaceutiques, comptant pour plus d’un tiers des exportations (35%), les pierres précieuses et la bijouterie (19% principalement des diamants), ainsi que des machines (14%), des produits horlogers (7%) et agricoles (6%). Les importations d’Israël sont principalement constituées de pierres précieuses et de bijoux (diamants), comptant pour 66.4% du total.[5]

Est-il vraiment envisageable de continuer ce commerce comme si rien ne s’était passé ce 23 décembre 2016?

 

Quel impact, en Suisse, pour cette résolution de l’ONU ?

Certes, il n’est pas certain que la résolution de l’ONU dénonçant la politique de colonisation d’Israël puisse faire rapidement évoluer la situation dans les territoires occupés.

Toutefois, elle doit être reçue comme un signal important pour revoir la politique menée en Suisse à l’égard d’Israël.

Les positions de la Suisse doivent se fonder sur le respect inconditionnel des droits humains, du droit international, et de sa propre neutralité, garante de la paix.

Alors que le gouvernement israélien est condamné par la communauté internationale, il semblerait anachronique et dangereux que notre pays poursuive sa politique d’étroite collaboration économique, militaire, culturelle, avec un état désormais hors-la-loi.

Aux parlementaires fédéraux, aux élus, aux citoyens, consommateurs que nous sommes, de marquer la différence, par le boycott, le désinvestissement, et les sanctions, à l’égard d’Israël, et de faire pression sur notre gouvernement pour que lui aussi passe à l’acte.

Refuser la collaboration en Suisse avec les états coloniaux, c’est un choix en faveur de la paix.

 

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