La Ville de Genève aura-t-elle un budget pour 2017 ce jeudi? Rien n’est moins sûr. La faute aux atermoiements du PLR, de l’extrême gauche et de l’extrême droite. Ces derniers, après avoir choisi, durant 3 mois, soit de septembre à décembre de ne pas amender le budget proposé par le Conseil Administratif, ni de travailler sur celui-ci, se sont réveillés… pour choisir de ne rien faire et d’attendre encore avant de décider quoi que ce soit, se mettant au passage dans une infantile posture victimaire.
Ce n’est pas à la population d’en faire les frais
Le budget présenté par le Conseil Administratif est à l’équilibre. Il est même un brin bénéficiaire. Il garantit les prestations à la population, les conditions cadres de l’exercice des services publics, alors même que la population et ses besoins sont croissants. C’est devant un budget responsable et équilibré que les forces politiques de droite et de l’extrême gauche jouent aux enfants colériques (mais sans amener de véritables revendications).
Lors de la plénière du 10 décembre dernier, une pluie d’amendements, aussi tardifs qu’une première neige est tombée sur le parlement municipal. Le groupe MCG n’a rien trouvé de plus malin d’agglomérer une majorité constituée de PLR, d’UDC, d’extrême gauche et de quelques verts, pour renvoyer l’examen de ces amendements en commission.
En équitation on appelle cela un refus devant l’obstacle. Sandrine Salerno a eu beau tirer sur les rênes pour faire avancer l’attelage, rien à faire. Depuis, il ne s’est pas passé grand chose. Les élus rétifs tournent en rond devant l’obstacle et refusent d’assumer la responsabilité de leur plantage.
En commission des finances, le Président du Conseil d’Etat, François Longchamp est venu en personne remonter les bretelles des conseillers municipaux, leur rappelant leurs devoirs et les limites de leurs pouvoirs. Les conseillers administratifs sont revenus rappeler une enième fois qu’un budget est une autorisation de dépenses, et qu’au final, c’est aux comptes que tout se joue, que ce budget est bon et qu’avec un peu de volonté il est possible de sauter l’obstacle… mais certains traînent encore des sabots.
Au passage, ce sont de nouvelles auditions qui ont été votées, quelques dizaines de milliers de francs dépensée pour faire siéger des élus qui ne savent, au final, toujours pas ce qu’ils veulent ni comment l’obtenir, et font de l’obstruction parlementaire alors qu’ils sont majoritaires.
PLR et Extrême gauche cul et chemise pour saboter le vote du budget
Le PLR peut hurler au complot tant qu’il peut, répéter que le Conseil Administratif n’a pas fait son travail, ils ne trompent personne. Les faits sont têtus. On ne peut à la fois être majoritaire dans une arène politique et faire une politique d’obstruction et de délégitimation aussi massive. Le PLR montre là un visage d’incurie. Lui, pourtant si prompt à donner des leçons de bonne gestion et d’efficacité… les PME et l’économie apprécieront le trouble et l’incertitude que ce parti crée de toute pièce.
Que l’extrême gauche s’acoquine avec le PLR et oublie qu’il a en la personne de Rémy Pagani un responsable de l’exécutif est par ailleurs dramatique. Si c’est la stratégie de la rupture que l’extrême gauche veut jouer, que Pagani démissionne, plutôt que de laisser saboter un budget nécessaire à la collectivité. Ce ne sont pas aux habitant-e-s de payer les tâtonnements idéologiques de l’extrême gauche.
La posture du PDC est bien plus claire. Le groupe a choisit d’assumer ses responsabilités et d’aller de l’avant.
Incertitudes devant l’obstacle
Que va-t-il se passer ce jeudi ? Différents scénarios se dessinent : soit le PLR, l’extrême gauche et l’extrême droite se rappellent à leurs devoirs, arrêtent leur pantalonnade et votent le budget amendé par leurs soins, soit la Ville n’aura pas de budget et fonctionnera sur ce que l’on appelle les 12e provisionnels, soit des autorisations de dépenses votées chaque mois chargeant inutilement l’administration et l’appareil bureaucratique d’une manière coûteuse.
La droite élargie acceptera-t-elle enfin de sauter l’obstacle ou tournera-t-elle casaque, faisant perdre encore des centaines de milliers de francs à la collectivité? On doit espérer que, dans chaque écurie, des élu-e-s sauront prendre leur responsabilité pour avancer et éviter de sombrer dans l’indigence.
Car le niveau a déjà bien baissé. Refuser encore l’obstacle reviendra à ramper à quatre pattes. Certes, les aplatis dénonceront ensuite la vilaine gauche, le méchant conseil administratif.
Mais il n’empêche, quand on ne veut pas passer des obstacles, on devrait en rester à l’accompagnement de poneys, pas au vote du budget de plus d’un milliard de la deuxième ville de Suisse.