Tu as remarqué, il prend le vent toujours du bon côté.
Quand il y a une mauvaise nouvelle, c’est un chef de rang qu’il envoie pour la présenter. Quand il a commis une faute, c’est un fusible qu’il fait sauter. Quand sa responsabilité est engagée, c’est qu’un autre que lui aurait dû la porter. Quand il ne sait plus qui désigner, c’est au collège dont il appartient qu’il convient d’assumer. Il a toujours sous son bureau une voile de kit-surf, un parachute à ouverture rapide, une cagoule à cravate souriante pour se dissimuler.
Ne lui demande pas son bilan, ne lui demande pas de trancher.
Il prend le vent, toujours du bon côté.
L’élu cerf-volant
Quand la décision est légère, cosmétique, il sera bien présent. Il jouera même des coudes pour se mettre en avant.
Si elle est difficile et risquée, tu ne le verras pas sur le pont. Il s’esquivera sans couper le ruban.
C’est mathématique, une sorte de météorologie politique.
Si tu veux voir où il penche, cherche la ficelle qui le sous-tend.
L’élu cerf-volant.
Au final, entre prise au vent et poudre d’escampette, il n’y a qu’un souffle.
L’astrologie est une science plus rigoureuse que sa volonté d’affronter les tempêtes.
Communiquer, c’est assurer sa promotion, cela requiert la plus grande part de son énergie.
Pour le service après-vente, tu repasseras.
Tu as remarqué, il ne décide pas, il fait des pas de côté, tangue et louvoie pour apparaître toujours souriant.
Il délègue, multiplie les échelons, sous-traite, déresponsabilise, charge d’autres du poids des décisions dont il s’est affranchi,
s’efforçant toujours de ramasser la mise médiatique
le pactole du plébiscite, sans être plus que cela lié à son parti.
Gouverner, c’est…
Gouverner, c’est un play-back pour lui
en suivant le rythme, il peut faire illusion
tant que les conseillers personnels écrivent le script
que tout le monde le suit et bat des mains.
Il n’y a rien à rompre, puisque rien ne tient
la flexibilité, c’est de ne rien risquer
toujours se contorsionner en mimant bien les mouvements.
On se sent plus léger à suivre l’air du temps.
Mettre le nez au vent, se laisser porter,
c’est plus inconsistant ainsi.
Gouverner, c’est humer
Gouverner, c’est flairer
Gouverner, c’est lever la patte, toujours du bon côté
et aboyer de temps en temps.
Vous riez avec ou contre moi…
Toujours prendre les courants ascendants, c’est son programme.
Et si ça ne marche pas : il se victimise. Vous riez avec ou contre moi : son leitmotiv. Ramener le débat au niveau de l’infantile -tous des jaloux, des vilains- et la politique a la gestion de sacs de bonbons, ou à celui qui grimpera le plus vite sur l’arbre.
C’est un autre qui décide, quoi qu’il en soit, pas le choix, il faut le faire, c’est la loi qui l’oblige, la norme qui l’impose, la structure qui le porte.
Toujours avec l’image en tête, la mèche bien collée sur le front,
faut pas que ça déconne.
Je suis, donc je ne décide pas
Ne lui demande pas ce qu’il croit, ne lui demande pas ce qu’il pense.
Tu ne seras pas plus avancé.
Postures, mouvements, glissements et déplacements
ce qu’il appelle consultation populaire est l’équivalent du bonneteau
cela permet d’asseoir une décision déjà prise, plutôt que de la faire naître.
L’humour potache est une forme de cynisme pour parfumer l’air ambiant
dans la violence d’éviter les débats de fond.
Gouverner, il dit, c’est étendre ma surface d’exposition
accroître ma visibilité
prendre le vent, toujours du bon côté.
Gouverner, c’est glisser.
Gouverner, c’est lisser.
Gouverner, c’est assurer mes arrières
profiter des rebonds.
Et comme je suis populaire… je vous emmerde.
Créer les conditions climatiques d’un air sec et brûlant
Il ne s’excusera jamais. Il ne dira pas : je me suis trompé, c’était une erreur.
Qui saisira le vent comme responsable, incriminera le courant d’air?
On est passé du solide au liquide, désormais à la période du gazeux et des vents.
Si tu veux rendre compte de l’inanité de certains, tu diras : tous vaporeux!
Et tu te rappelleras d’un récit où le souffle soudain dispersa la paille.
Le tous pourris n’est plus d’actualité.
Pour que cela pourrisse, il y faut encore de l’humidité.
Nous sommes entrés dans un climat sec et assourdissant
où la pensée est flexibilisée jusqu’à devenir cassante.
Mais dans cette sécheresse de la pensée, parmi les habits de flanelles
certains rappellent qu’une étincelle seulement suffirait à mettre le feu.