A l’homme capturé à quatre heures du matin. A celui que l’on sépare des siens. A celui qui entend: tu n’as rien à voir avec nous. A nous qui ne sommes rien
A la femme qui pleure. A l’enfant qui l’attend. Au chien qui se terre
A la paille. A la craie
A celui que l’on pousse dans la rue. Aux principes fondateurs. Aux mots qui ne disent rien. Au pouvoir de nommer. A la fin du capitalisme. Au monde qui vient
A celui qui se perd. A celui qui se place
A la liberté de croire
Au poreux des frontières. Aux murs de verre. A la gaze sur tes jambes
Aux sorties sans retours
A l’hospitalité reine. Aux frissons dans les reins
Aux vies qui se sauvent. Au bastingage qui tangue. A la corde sans relâche. Aux coudées affranchies. Aux pensées sans histoires. Aux poissons paresseux. Aux pupilles dilatées. Aux ports de détente. Aux attaches qui tiennent. Au khat et au chanvre. A cela qui résiste. Aux points de passages.
Aux bras dans le dos. Aux gâchettes sous les doigts. Au bandeau sur la tête. A Leila Alaoui. Au sel sur la langue
A l’avion qui se pose. A celui qui s’en va. A la lampe d’Aladin. A la parole donnée. Au bouquet de jasmin. Aux poignées de riz
Au dumping lexical
Au dompteur
Au dompté
A celui qui a froid
Aux douves du doute.
A l’enfant qui se trompe de porte. A la femme qui entre. A l’inanité du rien. A celui qui retombe en amour. A l’enfance. A l’amour sans contenant. A l’apport sans limites. Au guetteur qui s’endort. A Hannah Arendt
A celui qui ne baisse pas les bras. Au transparent. A l’éthéré. Aux poèmes de Char. Aux chants de Taizé. A la fidélité des chiens. Aux films de Miyazaki
A la Pâques. Aux compteurs à zéro. Au pardon. Aux fragments.
A l’irruption du don. Aux rêves prémonitoires
Au sol meuble. A la sève sans nom. Au printemps. Aux palissades hautes. Aux murs des prisons. Aux graffitis ducon. Aux becs des pinsons
Aux trous dans les grillages. A Amanuel. A Ayop. A la foi
Aux partis sans leaders. Aux leaders sans armures
A Mirko Locatelli
Aux fragments et au tout
au langage du coeur
à l’arrêt
au retour du un
aux douves du doute.
Au visage vu comme la toute première fois.
Photographie : Eric Roset
Hommage à Mirko Locatelli par Yannis Youlountas : http://blogyy.net/2016/03/14/un-compagnon-de-lutte-nous-a…