Barazzone joue à cache-cache-double mandat

  • 27. décembre 2015
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Suite à la casse dans le budget de la Ville de Genève par une droite ivre de son nouveau pouvoir, le fait de voir Guillaume Barazzone absent des débats, en a choqué plus d’un, à droite (légèrement) comme à gauche (très profondément).

Monsieur Barazzone s’est piteusement justifié dans la presse. Ce n’était pas en raison de son agenda politique (Monsieur Barazzone a un double mandat qui l’a emmené à Berne lundi renforcer une révision du mariage rétrograde, que défend son parti), mais pour des raisons politiques se défend-il.[1]

Utiliser le mot politique pour se justifier de ne pas assumer sa fonction ni ce pour quoi les genevois l’ont élu et le rétribuent via leurs impôts est faire injure au mot de politique.

 

Des raisons politiques ? la belle affaire. 

Monsieur Barazzone a approuvé ce budget, il a réussi à y faire ajouter 25 pompiers au mois de novembre, puis l’a défendu devant la presse avec les quatre membres de gauche du Conseil administratif avant de… se débiner au moment de faire face à ses responsabilités.

« Je ne suis pas en phase avec le discours de la majorité du Conseil administratif tenu samedi. Je ne m’y suis pas du tout reconnu. Je l’ai jugé trop partisan et ne voulais pas y être associé. »

Voilà la seule justification de ce monsieur : ne pas se reconnaître dans les discours de ses collègues. Mauvais signal. Quant on en dans une équipe de 5, et que l’on obtient plus que les 4 autres sur un budget, que son parti organise le grand tabassage de la culture et du social, il est pour le moins malvenu de se poser en oie blanche ou en victime.

Son propre budget de droite que Barazzone n’assume pas

Le budget de la Ville voté dans la nuit de mardi est un budget de droite, voulu par la droite, Guillaume Barazzone en tête. En tant que seul représentant de cette droite au CA, il devait l’assumer publiquement.

Or, que faisait Monsieur Barazzone à Berne lundi ? Y donnait-il un signal politique ? Non. Aurait-il voulu donner ce signal qu’il aurait marqué son absence par communiqué à Genève le lundi même. Or, il ne l’a pas fait. Pensait-il que son absence allait passer sans autre? Rompre la collégialité pour des questions de forme est injustifiable. Monsieur Barazzone semble aussi peu concerné par la chose collective que par la solidarité envers les institutions. Pourtant, elles le légitiment. Or, aujourd’hui, il s’en sert plutôt qu’il ne les sert.

S’il y a quelque chose avec lequel Guillaume Barazzone n’est pas en phase, plutôt que le Conseil administratif de gauche, c’est notre système démocratique. Double-mandataire, jouant à cache-cache au moment du budget et rompant une collégialité pour servir son agenda personnel, il méprise nos institutions.

 

Un leader de la droite qui ne dit pas son nom

Idéologiquement, Barazzone désavoue toute la droite dont il est pourtant le représentant avec un aplomb hallucinant : « Il faut faire des économies, mais couper n’est pas la bonne solution, car les coupes linéaires ne permettent pas de dégager des priorités! Elles prennent les associations au dépourvu. »

Pourtant, il n’était pas là pour l’exprimer lundi, ni pour retenir ses troupes de couper. C’est une forme de lâcheté politique que de désavouer le lendemain des coupes qui impacteront la vie de centaines de gens et prétendre s’en émouvoir alors qu’il les a lui-même ordonnées.

 

Se moquer du monde sans oser rire de soi

Arrivé à ce point là, Monsieur Barazzone montre son vrai visage en se moquant de… tout le monde.

 

  • Il se moque tout d’abord du Conseil Administratif, brisant la collégialité pour trahir le conseil administratif sur un budget dont il est responsable et qu’il a signé.
  • Il se moque des règles du jeu de la démocratie. Tout comme celles de la loi, l’important dans notre système, c’est d’apprendre à les respecter. Or, quand on est minoritaire, on vit et on perd comme minoritaire, ce que la gauche a durement éprouvé durant le vote du budget. On ne se pose pas en diva en biaisant les règles. Sinon, cela devient de l’arbitraire, et c’est cela qui nourrit aujourd’hui une colère contre la droite. Invoquer une fois le respect de la loi et « La démocratie » pour dominer l’autre au nom du « respect des règles » est une chose ; mais l’invoquer aussi comme minoritaire pour biaiser le débat, et dans les deux cas, en tirer avantage, c’est bafouer les institutions. C’est ce que Monsieur Barazzone a fait durant le vote de ce budget. Il a voulu gagner sur tous les tableaux à la fois, utilisant chaque fois les institutions à son avantage. Est-ce cela la démocratie ? Non.
  • Il se moque enfin de son parti, le PDC, leader dans l’opération de coupes sauvages contre la culture et le social en affirmant que ces coupes ne sont pas une bonne chose. Il s’en distingue dans la presse alors qu’il en est l’instigateur. Mais quoi? Monsieur Barazzone n’a-t-il pas été élu comme conseiller administratif par le PDC? Comment la main peut-elle faire une chose et la tête une autre ? Cette schizophrénie politique montre l’incohérence politique de ces coupes. Au fond, elles ne sont assumées ni par la tête ni par la main qui s’en renvoient la responsabilité. Elles sont du même ordre que les grands discours que porte le PDC contre l’alliance avec le MCG au niveau cantonal. Mais au final: qui a été l’allié principal du MCG durant le vote du budget ? Le PDC…
  • Enfin, il se moque surtout de la population genevoise. En jouant au petit prince médiatique pouvant gagner sur tous les tableaux politiques, il montre son avidité de le faire au détriment de la chose commune et des vies en jeu, de la prospérité de Genève. Il montre, par son exemple, que les combinazione politique peuvent dominer sur la cohérence, et le trouble sur la transparence, ce qui jette le discrédit sur toute la classe politique.

 

Le règne du faux semblant

En raison de ses ambivalences et démissions, et tout ce que cela laisse envisager de chaos et de casses futures pour notre Ville de Genève:

J’aimerais inviter Monsieur Barazzone à la réflexion et à se demander s’il ne serait pas bienvenu de laisser sa place à un homme ou une femme de son parti, qui aurait plus à coeur et plus de temps que lui pour défendre les intérêts collectifs et surtout les assumer, quelles que soient ses options politiques.

J’aimerais aussi inviter Monsieur Barazzone à la réflexion sur son double mandat, afin qu’il soit capable d’être présent à Genève quand il y est, et assumer sa politique plutôt que de se défiler; effectuer un travail de duplicité entre le conseil administratif et le conseil municipal à Genève, mais aussi entre Genève et Berne n’est pas bon pour notre cité.

Enfin, l’inviter à considérer ce qu’il faut penser d’un magistrat filant à Berne quand ça devient difficile ici avant de revenir au bout du lac quand Berne lui déplaît, le faisant bien sûr toujours au nom des institutions et de notre Ville, mais au final lui causant un tort certain.

 

 

 

[1] http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/barazzone-absent-budget-voulais-associe-discours-partisan-executif/story/22042877

 

 

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