Lors de la séance du Conseil Municipal de la Ville de Genève du 10 novembre, le MCG, par le biais d’un de ses conseillers municipal, a tenu les propos suivants :
« (..) au cours de la désormais tristement célèbre Nuit de Cristal du mois d’octobre dernier, des anarchistes et des casseurs se sont livrés à une véritable mise à sac ainsi qu’à des déprédations sur des édifices publics de notre Ville….
Le MCG a donc fait l’amalgame entre la Nuit de Cristal et une manifestation en faveur de l’usine ayant laissé des tags en Ville de Genève.
Cet amalgame, le jour même de l’anniversaire de la Nuit de Cristal qui se déroula, pour rappel, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, où près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits; où 7 500 commerces et entreprises exploités par des Juifs furent saccagés ; une centaine d’entre eux assassinés, alors que des centaines d’autres se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures [1], est hideux.
Amalgamer une manifestation qui a dérapé avec un événement qui envoya près de 30 000 juifs en camp de concentration, et dont le pogrom et les déportations qui suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes, constituant une prémice de la Shoah, est immonde.
Que le MCG choisisse, au jour près, 77 ans après, de comparer une bénigne manifestation à un des pires événements de l’histoire moderne ne peut être le fruit du hasard, mais doit être compris comme un acte antisémite.
Je remercie la conseillère municipale socialiste Olga Baranova qui a réagi immédiatement à ces propos.
Le président du conseil municipal, MCG lui aussi, n’a pas bronché, ni le bureau du même conseil municipal, à majorité de droite, cautionnant de fait cet abus de langage.
Ni journaliste, ni télévision, ni aucun observateur ne l’ont relevé, à ma connaissance.
Personne n’est allé questionner ce conseiller municipal MCG sur son amalgame, sur ce qu’il entendait précisément par là, et s’il se rendait véritablement compte de la profondeur de ses propos.
Je pense qu’il n’y a qu’en Suisse où l’on peut tenir des propos d’une telle violence dans un parlement, sans que personne ne s’en insurge ni même ne s’en étonne.
Le Parti Socialiste, par le biais d’un communiqué aux medias, envoyé le 16 novembre, a tenu à condamner ces propos.
Je pense que quand les mots ne pèsent plus grand chose, que l’on peut les employer à tort et à travers
en toute impunité et sans que plus personne ne les relève
il devient alors envisageable de tuer des gens de même
et que c’est au degré d’impunité, de perversité, et de violence du langage
que l’on peut évaluer la santé d’une société
à tout le moins
le nombre d’anticorps
résistants au mal
qui la composent.
[1] Kurt Pätzold, La « Nuit de Cristal » : les responsables, les victimes et la « majorité silencieuse », in, François Bédarida (dir.), La politique nazie d’extermination, Albin Michel, Paris, 1989, p. 201.