Serons-nous aussi bêtes qu’une voiture intelligente ?

  • 22. octobre 2022
  • air du temps
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En 2024, des systèmes d’aide à la conduite seront obligatoires pour les véhicules privés. Qu’est-ce à dire ? Vous êtes en train de vous endormir au volant : le capteur qui surveille les mouvements de votre tête lance une alerte. Vous déboîtez quand une voiture s’approche, la technologie de votre bolide bloque la manœuvre. Vous dépassez la vitesse ou vous approchez de trop près d’un véhicule, un freinage automatisé s’enclenche. Un système d’urgence de maintien de trajectoires s’actionne si vous divaguez dans la contemplation du paysage, etc. La liste des correcteurs technologiques est longue. Elle poursuit un but louable : diminuer les accidents et réduire le facteur d’erreur humaine causant des blessés et des morts.  Le risque : que les conducteurs de l’avenir ne soient que les passagers passifs et déresponsabilisés de véhicules toujours plus voraces en énergies et nuisibles pour l’environnement. Ce qui me semble fondamentalement stupide, c’est de continuer à vouloir faire de la route et de la voiture un avenir de la mobilité, alors que nous devrions faire marche arrière. En Suisse, la longueur du réseau ferroviaire est de seulement 5317 kilomètres pour 84 114 kilomètres de routes. Il faudrait avant tout renforcer les transports en commun employant des conducteurs professionnels, car c’est notre meilleure garantie de sécurité possible.

Qu’elle soit Intelligente, autonome ou électrique, l’impact écologique d’une voiture reste déplorable, tant en termes de consommation d’énergie que de gaspillage de matières premières nobles. L’usure des pneus rejette dans l’environnement des microparticules extrêmement nocives polluant l’air et les cours d’eau. En Suisse, les nuisances sonores détruisent la santé de plus d’un million de personnes.

Il n’y a aucun salut à attendre de voitures dites intelligentes. Celles-ci ne changeront pas la donne en matière d’écologie et d’urbanisme. C’est une fuite en avant de bourrer de technologies des véhicules individuels motorisés. Alors que nous ne sommes pas sûr de pouvoir nous chauffer l’hiver prochain, que nos systèmes d’approvisionnement risquent de s’écrouler sous le poids de nos boulimies énergétiques, avons-nous vraiment besoin de voitures transformées en ordinateurs nécessitant des antennes 5G pour fonctionner ? La véritable intelligence repose sur la sobriété et la mise en commun des ressources. Il y a urgence à emprunter cette voie.

 

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une version de ce texte est paru dans la revue Echo Magazine https://www.echomagazine.ch

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