Les routes genevoises sont plus mortelles que jamais. En 2021 quatorze accidents fatals ont été recensés, dont la moitié sont des conducteurs de deux-roues motorisés. Les 14 accidents funestes dénombrés en 2021 concernent plus précisément 4 piétons,2 cyclistes, 2 scootéristes, 4 motocyclistes et 2 automobilistes. Parmi ces accidents, 6 ont eu lieu presque successivement, soit entre le 31 août et le 30 septembre dernier. Les usagers de la mobilité douce et les utilisateurs de deux-roues motorisés sont fortement représentés dans ces événements tragiques. Par ailleurs, l‘augmentation des blessés graves à doublé, passant à 48. [1] Là aussi, les cyclistes (vélos classiques et e-bike), trottinettistes paient le prix fort.[2] La police laisse entendre, comme à son habitude que la responsabilité individuelle est en cause, voire l’état général du conducteur (alcool, fatigue, prises de drogue et médicaments).[3] On ne peut se satisfaire de cette explication. Lorsque nous avions interpellé le Conseil d’Etat (QUE 1661-A) à ce sujet l’année passée, ses réponses étaient lénifiantes.
Or, le problème est avant tout structurel. Genève n’a pas prévu les changements de mode de mobilité et a 30 ans de retard pour les aménagements touchant à la mobilité douce. La place réservés aux piétons est disputée du fait de l’emprise du trafic autoroutier motorisé. Sur le terrain, les Genevois-es constatent que l’usage du téléphone
portable au volant s’est banalisé, que la lutte contre les excès de vitesse fait
défaut. Il n’est que de voir à la nuit tombée des véhicules motorisés narguer la sécurité et le sommeil des habitant-e-s en toute impunité. Une vraie prévention manque. Surtout, le développement d’infrastructures de qualité pour la mobilité douce souffrent d’un retard ahurissant. Il n’est que de regarder ailleurs en Suisse ou en Europe pour constater le prix de l’inaction à Genève.
Les sites propres pour les usagers les plus vulnérables font défaut. Les trotinettes se retrouvent sur les trottoirs, les vélos également. Les incivilités et les tensions augmentent, l’impunité des chauffards aussi. Conséquence : les piétons et les cyclistes trinquent. La police, dans un article paru le 16 novembre 2021, faisait état de son désarroi et appelait à la responsabilité individuelle ainsi qu’au bon sens, mettant en avant l’inconscience et les émotions pour expliquer l’hécatombe. Pas convainquant.
Le Conseil d’Etat ne peut prétendre nous faire croire que la réponse est d’ordre psychologique. Il est temps de véritablement changer la donne en protégeant sérieusement les usagères et usagers vulnérables de la route et en réduisant drastiquement le trafic motorisé individuel.
Depuis des années, les associations de la mobilité douce tirent la sonnette d’alarme. Quand on voit le combat archaïque de certains pour empêcher la création de pistes cyclables et des sites propres pour la mobilité douce, on est très inquiet.
Combien de morts et de blessés graves encore sur les routes genevoises avant que le Conseil d’Etat aménage partout des sites propres et sécurisé à chaque mode de transport et prenne enfin des mesures plus radicales pour protéger la population?
[1] https://www.tdg.ch/2021-une-annee-noire-sur-les-routes-genevoises-954086572702
[2] https://www.tdg.ch/serie-noire-sur-les-routes-genevoises-962575576461
[3] https://www.ghi.ch/annee-noire-sur-les-routes-ca-naugure-rien-de-bon