A droite, la lutte contre la pauvreté est simpliste ; si on ne la voit pas, elle n’existe pas. Au GHI : si on la criminalise, elle fait vendre. Alors que d’une manière inique et certainement illégale (recours déposé) la droite s’en prend aux plus précaires en votant une nouvelle loi interdisant la mendicité, le GHI souffle sur les braises en criminalisant les pauvres. Il faut s’opposer à ce lien qui se fait entre pauvreté et criminalité parce que 1) ce lien n’est pas démontré. 2) nous sommes tous sujets à des phases de précarité et 3) dans les faits les véritables voleurs et prédateurs de notre société ne sont pas ceux que le GHI et la droite désignent à la vindicte populaire.
La figure du mendiant criminel est un bouc émissaire docile. Que quelqu’un tende la main pour assurer sa subsistance, et c’est un tollé qui conduit au scandale, au harcèlement, aux violences et amalgames avec la criminalité. Un chapelet de clichés déroulent un cynisme et expriment une violence xénophobe sans frein. Elles ne couvrent pas l’incurie d’une véritable politique publique pour lutter contre le sans-abrisme.
Le pauvre n’aurait « le droit de l’être » que lorsqu’il ne réclame rien, ne dérange pas, sans même recevoir le stricte minimum pour survivre.
L’indécence de la mendicité réside pour certains dans le fait qu’elle affirme malgré tout encore la dignité de celui qui n’a rien et qui le montre plutôt que de crever dans son coin.
Incohérence : la presse se fait écho du manque de lieux d’hébergements d’urgence. Des femmes, enfants, dorment à Genève à la rue par manque de structures. Cela émeut. Tout le monde s’accorde que nul ne devrait dormir dehors… puis on passe à autre chose. On s’en remet à la Caravane de la Solidarité, à une initiative bénévole, pour ouvrir un abri dans une église qui est très vite débordée.
Les distributions alimentaires ont été tolérées un temps du fait du Covid. Les files étaient bien disposées et la métrique respectée. La mendicité est trop sauvage, aléatoire et dérangeante pour ne pas subir les foudres de la bien-pensance et être bannie de facto.
Le législateur, à l’unanimité moins une abstention, a voté une loi sur l’aide aux personnes sans abris[1] qui a pour but de garantir à toute personne sans abris la couverture de ses besoins vitaux (article 1). Les prestations de cette loi sont délivrées à titre inconditionnel (article 2). La compétence unique des communes y est affirmée (article 3). Plusieurs mois après le vote de cette loi et sa mise en vigueur, force est de constater que celle-ci n’est pas effective. Les besoins vitaux ne sont pas couverts, les maladies (psychiques, somatiques) de personnes à la rue ne sont pas considérée ni traitées, et la conditionnalité demeure de vigueur avec des durées de séjour plafonnées et l’établissement de catégories excluantes.
En fonction des places disponibles et des profils, certains sont logés, d’autres non. A part la ville de Genève et quelques maigres communes qui répondent présent, un nombre massif de communes prospères viole la loi et ne contribue pas d’un centime à la réduction du sans-abrisme.
Le scandale, c’est de faire la chasse aux pauvres et criminaliser la mendicité, alors que l’Etat est incapable de faire appliquer une loi en vigueur pour lutter contre la grande précarité et empêcher les communes de se défausser.
Hors-la-loi, ces communes se reconnaîtront aisément à la lecture de ces lignes. Que le Président de l’association des communes Gilbert Vonlanthen nous explique leur inertie et les solutions dignes et durables que l’Association des communes genevoises va rapidement mettre en oeuvre afin que plus personne ne dorme à la rue ni ne soit contraint de mendier pour vivre.