Genève fait enfin le pas de réduire la vitesse à 30km/h dans les agglomérations. Il est plus que temps. Notre canton est le troisième plus bruyant de Suisse. Réduire les vitesses est le seul moyen d’atténuer ces nuisances, alors que près de 90% des routes genevoises sont déjà recouvertes de phono-absorbant.
Malheureusement, quelques défenseurs du musée de l’automobile donnent de la voix pour critiquer cette mesure. Alors que dans de nombreuses villes de Suisse (Lausanne, Zürich, Berne) ces mesures sont déjà mises en oeuvre, sont plus ambitieuses, et réduisent intelligemment l’emprise des véhicules motorisés sur la vie des citoyen-ne-s, à Genève, chaque mesurette doit être arrachée au forceps. Il est plus que temps de réduire l’emprise démesurée des véhicules motorisés – héritage d’un autre temps- dans notre canton. A Genève nous avons 20 ans de retard.
Essayons de raisonner ensemble et laissons de côté les idéologies crispées pour dépasser les positions arrêtées évoluer dans notre pensée afin de chercher des points de compromis pour le bien de notre population.
Un fait d’abord : la population souffre du trafic de transit et de niveaux sonores qui endommagent leur qualité de vie et leur santé. 90% des véhicules motorisés qui entrent dans les agglomérations ne font que les traverser. 80% de la population des villes souffrent du bruit excessif de véhicules à moteur. Les taux d’alerte sont dépassés et Genève est l’un des plus mauvais élève de Suisse en terme de dépassement de ces mesures. Sans réaction, la situation va encore de se pérorer. On devrait également faire respecter et appliquer le plan climat cantonal qui prévoit une réduction de 60% des émissions de C02 à l’horizon 2030 et donc travailler à une réduction significative de la circulation, des vitesses, et du bruit routier.
Le bruit routier : une attaque contre la santé publique
Environ un million de Suisses sont atteints par le bruit de façon excessive. La Confédération estime à 2,6 milliards de francs les coûts de la santé induits par le bruit du trafic. Ce bruit augmente les risques dans plusieurs domaines : cardio-vasculaire, psychique, et le sommeil. En 2018, une étude réalisée à Lausanne démontrait le lien entre quartier bruyant, et forte somnolence durant la journée, donc manque de sommeil.Même si le bruit ne réveille plus après des années passées à côté d’une autoroute ou d’un aéroport, il continue d’influencer le système cardio-vasculaire.[1]
Une cohorte nationale a ainsi montré une augmentation du risque d’insuffisance cardiaque, d’hypertension et d’accident vasculaire cérébral chez les personnes exposées à des niveaux élevés de bruit de circulation routière, indépendamment des autres sources de bruit. Une augmentation de 10 décibels entraîne également une augmentation de 4% du risque d’infarctus du myocarde.On estime que le seul bruit routier, ferroviaire et aérien serait responsable chaque année en Suisse de 500 décès.[2]
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les nuisances sonores sont la deuxième cause de morbidité parmi les facteurs de risques environnementaux, derrière la pollution de l’air. En effet, chaque année dans l’Union européenne, 12’000 morts et 48’000 maladies cardiovasculaires sont attribués aux bruits routiers et autres nuisances sonores, selon les chiffres de l’Agence européenne de l’environnement. En Suisse, une personne sur sept est exposée à un bruit routier excessif à son domicile le jour, et une personne sur huit la nuit, soit près d’un million de personnes.[3]Le bruit du trafic routier rend fortement malade, quand il ne tue pas. Le stress induit est monumental.
Réduire la vitesse à 30km/h est une première prise en considération du degré de souffrance des habitant-e-s qui n’en peuvent plus du bruit et des nuisances dû au trafic de transit. Il n’est plus acceptable aujourd’hui de ne rien faire alors que la santé des habitant-e-s est lourdement péjorée. La pose de phono absorbants l’augmentation des voitures électriques ne règle fondamentalement ni la question des pics de bruits, ni du climat, encore moins quand les prévisions annoncent de massives augmentations de trafic. Des experts le rappellent : « en ville, il faut se déplacer à pied, à vélo ou en transports publics. Nous n’avons aucun besoin d’une voiture spécifique pour la ville. C’est absurde sur le plan environnemental. » Plébisciter les voitures électriques à grande échelle, c’est plébisciter les centrales nucléaires et les centrales à charbon. Si c’est sur une petite échelle seulement, alors cela ne règlera pas les questions de fond.[4]
Seul une réduction importante du trafic individuel motorisé est écologiquement durable et souhaitable pour la santé.
Abaisser les vitesses n’enlève à personne sa sacro-sainte liberté de prendre encore sa bagnole. Mais laissez nous dormir et marcher en Ville sans que nos oreilles et nos bronches, celles de nos enfants et des aînés ne soient perforées ou encrassées.
Réduire la vitesse à 30Km/h est une simple mise en oeuvre de la loi, une première mesure pour la préservation de la santé, et la limitation de la pollution. Que quelques pithécanthropes du tout bagnole fassent encore du bruit pour lutter contre ne nous étonne pas. Mais de grâce, ne leur donnons pas trop d’importance. Même bruyants, ils appartiennent au passé.
[1]https://www.rts.ch/info/suisse/10396850-le-bruit-enjeu-majeur-de-sante-publique.html#chap01
[2]https://www.illustre.ch/magazine/quand-le-bruit-nous-rend-malades
[3]https://www.invivomagazine.com/fr/mens_sana/prospection/article/603/nuisances-sonores-un-mal-silencieux
[4]https://www.letemps.ch/lifestyle/voiture-electrique-une-aberration?gclid=CjwKCAiArOqOBhBmEiwAsgeLmW8kCgbN829dD-Oj8GHE3iG9JksUgmTC5ojgVVlvyzKYz_IzRwkNkhoCe9QQAvD_BwE