Covid: l’inéquitable hâte-toi lentement genevois

  • 26. juin 2022
  • air du temps
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Injection du booster, Genève à la traîne. La Tribune de Genève ne va pas par quatre chemins pour décrire le retard qu’a pris notre Canton, notamment en comparaison avec le Canton de Vaud, qui a ouvert la troisième dose à ceux qui ont reçu la deuxième il y a déjà … quatre mois![1]

À Genève, il faut malheureusement encore patienter. Les atermoiements du ministre de la santé Poggia, inversement proportionnels à son activisme sur les réseaux sociaux, ont placé notre canton à la traîne.

Alors que l’épidémiologiste Antoine Flahaut [2] espère que « les trois doses de vaccin permettront de diminuer le risque de transmission d’environ 70% et encore davantage les formes graves, c’est donc une urgence de pratiquer cette dose de rappel, au moins pour les personnes à risque et si possible pour toute la population. »! Il y a urgence ! Pourquoi tant de lenteurs alors au bout du lac? 

 

Alors que les injonctions et les contraintes tombent durement sur les citoyen-ne-s, le manque d’anticipation du ministre de la santé plombe la santé des Genevois. Avant d’avoir leur troisième dose, certains sont désormais contaminés. 

Ce qui n’a pas été pris en compte ni anticipé par Monsieur Poggia, c’est les volumes de candidats cumulés cette fois. Aux « à risques et de plus de 65 ans » qui n’ont pas encore été tous traités (!), s’ajoutent encore beaucoup de « 2ème doses », voire les 1ères « de ceux qui s’y risquent enfin » et tous les « ayant enfin droit à la 3ème de moins de 65 ans». Cela fait certes beaucoup de monde. Pourtant, d’autres cantons ont su l’anticiper.

Ce qui est aujourd’hui problématique, c’est que cela fonctionne comme aux urgences. On s’inscrit, donc on entre dans le pipeline, sauf que le système a évolué, c’est désormais « premier arrivé premier servi ». En clair, le facteur risque/urgence pour chacun des inscrits n’est pas pleinement évalué et peut changer, d’où le temps variable entre chaque inscription. Il est sinistre que Monsieur Poggia se permette de railler les ‘Y’a qu’a faut qu’on ‘ en moraliste plutôt que d’expliquer le jeu. Un jeu digne du Hâte-toi lentement, où les plus rapides passent devant ceux qui sont partis avant, pour sauter des places.

Genève fait à son rythme et à sa façon. Force toutefois est de constater qu’en comparaison avec d’autres cantons, Genève a plus que trois temps de retard. Les Genevois-es passent d’ailleurs la Versoix pour aller se faire tester… d’autres vont même se faire vacciner en Italie ! Si ça n’est pas un constat d’échec.

Il est important de savoir ce qui a été fait pour rouvrir plus de centres et mobiliser davantage de « piqueurs » à l’avance, puisqu’on pouvait anticiper les décisions du Conseil fédéral et le volume du monde qui se ruerait dès que possible. Il est aussi grave aujourd’hui que ce soient les plus malins qui prennent leur téléphone et non ceux qui en ont le plus besoin qui soient contactés et vaccinés en premier.

Actuellement, des gens s’inscrivent sur le site de l’Etat et obtiennent un rendez-vous pour le jour même! D’autres se sont inscrits voilà plus de deux semaines et ont un rendez vous fixé pour début janvier. Cela, nonobstant l’état de santé ou de fragilité des uns ou des autres. Cela n’est ni juste ni équitable.

Chacun devrait donc appeler la hotline pour obtenir un rendez-vous. Quand et comment cela a-t-il été transmis à la population? Il y a quantité de gens qui étaient vaccinés depuis plus de 6 mois et qui n’ont pas obtenu de rendez-vous avant janvier. Ils sont ensuite passé après les malins qui se sont rués sur la Hotline pour se glisser sur les places ouvertes dans l’urgence. Aujourd’hui, c’est la jungle, avec aucun message qui informe ce qu’il faut faire pour décrocher un rdv anticipé. Et pour cause : si tout le monde faisait pareil le système serait saturé.

Les petits malins se prennent un rendez-vous en court-circuitant les listes d’attente, ceux qui ont joué le jeu restent sur le carreau et attendent d’une manière civique et polie le rendez-vous pour lequel l’Etat les a confirmé ultérieurement. 

Quel sera votre choix : rester civique et faire confiance au rendez-vous fixé par l’État ou prendre le téléphone pour avancer de trois cases ? Il semble que la logique défendue par Monsieur Poggia soit de se ruer. Bien entendu, la responsabilité de ce système n’en incombe aucunement aux fonctionnaires et à l’administration qui ont fait et font tout leur possible pour augmenter les capacités de vaccination. Il faut leur tirer notre chapeau. Ces derniers auraient sûrement préféré mettre les bouchées doubles il y a 3 semaines plutôt qu’à Noël dans l’urgence.

La gestion décisionnelle et politique de cette 5e vague est désastreuse, ainsi que la manière de communiquer l’évolution des règles du jeu. Une saine critique doit porter sur le retard qu’a pris Geneve dans la planification et mise en œuvre de cette 3e dose.

Il est compréhensible qu’une frange de la population ne se sente plus en phase avec ses autorités qui semblent fabriquer plus rapidement des irréductibles en défendant mordicus que les règles sont les mêmes pour toutes et tous alors que ce n’est pas le cas.

Au jeu du Hâte-toi lentement genevois, si vous voulez avancer de 3 cases et passer rapidement: appelez la hotline 0800 909 400 ou rendez-vous à la fin de la journée au centre médical de la tour Opale au chemin de la Gravière 3 à Chene-Bourg, à la fermeture de 21h30. Les doses non utilisées sont jetées à la poubelle quand les gens ne sont pas venus à leur rendez-vous obtenu à l’arrache.

On en est là dans la planification de la vaccination.

Elle ne devrait pourtant pas être laissée au hasard du coup de dé ou aux aléas du coup de téléphone, car ce qui est en jeu, c’est la vie des gens.

 

[1]https://www.tdg.ch/injection-du-booster-geneve-a-la-traine-220962910375?fbclid=IwAR2dEvI9oDjNQoRJlFt-yeSHwF37T_g9R63D1SFzJdraNNt2qlJjXPvUHYU

[2]https://www.tdg.ch/dangerosite-et-efficacite-du-vaccin-ce-quon-sait-sur-omicron-842263031882

 

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