Renvoi vers l’Ethiopie : pourquoi ce zèle du Conseil d’Etat ?

  • 04. février 2021
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Alors que la situation en Éthiopie est jugée à risque par de multiples organisations internationales, la Suisse et son Secrétariat d’État aux migrations (SEM) ont décidé malgré tout de renvoyer des Éthiopiens par vol spécial.Le mercredi 27 janvier 2021 au soir, Tahir Telma, Arkisso Solomon, Teklu Feyisa et d’autres ont été déportés en Ethopie, pays en guerre. A Genève, malgré une forte mobilisation citoyenne, associative et le recours d’avocats, le Conseil d’Etat n’a pas exercé sa marge de manœuvre pour surseoir à cette expulsion

Nous aimerions que le Conseil d’État genevois informe la population sur comment et pourquoi Tahir Telma a été arraché du service des urgences des HUG à Genève et embarqué de force dans un vol spécial pour Addis Abeba. Est-il commun que la police se saisisse ainsi d’une personne aux HUG contre l’avis des médecins? Monsieur Tahir Telma est membre de la minorité oromo, sa vie est en danger en Éthiopie. Ses parents ont déjà été assassinés.

Selon La Tribune de Genève, le Conseiller d’État Mauro Poggia aurait donné de faux espoirs à celles et ceux qui se mobilisaient pour éviter ce renvoi. « Il nous a d’abord laissé entendre qu’un certificat médical empêcherait son renvoi, puis quand les choses ont mal tournée, il nous a expliqué que cette décision n’était pas de son ressort ».[1]

Il serait aussi nécessaire de savoir pourquoi le Conseil d’Etat n’a pas utilisé sa marge de manœuvre pour s’opposer à ces renvois, comme il a pu le faire par le passé.

A Zurich, simultanément, deux ressortissantes éthiopiennes ont vu leur renvoi suspendu. Comment s’explique la différence d’appréciation entre Genève et Zurich ? Peut-être par une volonté du Conseil d’État de faire déplacer à Zurich le siège de l’UNHCR, agence des Nations unies pour les réfugiés ?

Enfin, quelle est l’appréciation du Conseil d’État concernant l’invitation de la Ligue Suisse des droits de l’homme aux autorités cantonales de se saisir de ce dossier et interpeller les Autorités fédérales pour œuvrer vers l’arrêt desdits renvois et à questionner la validité de l’accord de réadmission signé entre l’Éthiopie et la Suisse ?[2]

On est en droit d’attendre du Conseil d’Etat qu’il se ressaisisse afin que de telles expulsions vers un pays en guerre qui nuisent à l’image de Genève ne se reproduisent pas. Pour rappel, Amnesty international et et l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés notamment demandent qu’aucun retour forcé ne soit effectué vers l’Éthiopie.

Soit le Conseil d’Etat, ignorait que le renvoi de ces personnes vers l’Ethiopie les exposait à la mort, péchant par soumission au SEM, soit il en avait conscience. Il doit alors être tenu pour responsable d’un zèle coupable, et Mauro Poggia s’en expliquer.

[1]https://www.tdg.ch/tahir-a-bel-et-bien-ete-renvoye-en-ethiopie-572547391472

[2]https://www.lsdh.ch/section-vaud/103-communiques-vaud/294-non-aux-rapatriements-forces-des-demandeurs-d-asile-en-ethiopie

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