Pourquoi repousser à hier les journaux que l’on peut lire la veille ?

  • 21. janvier 2023
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C’est devenu une marotte. Chaque semaine je garde précieusement un journal de côté… pour ne pas le lire. On conserve bien du vin durant plusieurs années avant sa consommation pour qu’il se bonifie avec le temps, pourquoi n’en serait-il pas de même avec l’actualité ? Je m’exerce à lire, par exemple, les journaux de la semaine précédente ou du mois passé. Je déguste un grand cru 2022 ou une édition limitée 2020. Je décachète le jeudi 22 juin par exemple, comme on exhibe une bonne bouteille pour un repas de fête. J’ai fait une cave de mes revues de presse, me gardant sous le coude et pour une occasion spéciale Le Temps du 23 mars 2022 ou Le Courrier du 3 septembre 2021, sans aucune raison, simplement en me répétant qu’avec le temps, cette actualité prendra certainement davantage de corps. Sur l’instant, elle était bien trop fraîche, acide ou incertaine pour donner sa pleine saveur.

J’en vois déjà qui froncent les sourcils, mais qu’est-ce qu’il raconte cet hurluberlu ? Ignore-t-il donc que l’actualité va à toute allure, qu’il faut être à la page, informé à la seconde ? Qu’il consulte twitter, se fasse analyser sur les réseaux sociaux, soigne sa manie de remettre à hier ce qui doit se faire le jour même… Eh minute, est-ce qu’un Beaujolais nouveau est meilleur qu’un Châteauneuf-du-Pape vieux de vingt ans ?

Si on regardait cette « actualité » d’un œil critique ? L’Argentine championne du monde de football, trois semaines après, quelle importance ? La mort de la reine Elizabeth apprise aujourd’hui ? Ces émotions si fortes, ces tempêtes minuscules, ces passions déchaînées par la venue d’un Zemmour à Genève ou l’explosion d’un aquarium à Berlin… « La facture du Covid passe mal » voilà la une de l’édition du Courrier du vendredi 13 mai ! Oh, quel frisson… Bon nombre d’articles de l’actualité sont en fait si convenu qu’ils ne font pas leur âge. Leur encre n’est pas sèche, ils sont caduques.

A l’inverse il est des articles indémodables. Leur qualité n’est évidemment pas leur source informationnelle, mais la puissance de leur écriture, puissance du propos, lame de fond.

Qu’ils soient lus avant-hier, aujourd’hui, ou demain importe peu. Il faut les lire. Et une pincée de temps et de recul permettra d’apprécier pleinement leur angle, leur puissance.
En bref : leur littérature.

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