Chouette, voilà l’été ! On va pouvoir profiter de la belle saison en famille, être davantage avec les enfants. Euh non. L’école a annoncé aux parents qu’elle fermait du lundi 4 juillet au 22 août cette année. Cela fait 7 semaines où le service public chargé de l’éducation des enfants ne les accueille plus. En plus des 6 semaines de congé scolaires dans l’année, ça fait 13 semaines, sans compter quelques jours fériés ici et là. En Suisse, tout salarié a droit à 4 semaines de vacances par an. Pas besoin d’avoir fait l’uni en math pour voir que ça ne joue pas.
La perspective de l’été devient glaçante. Le patron met la pression. L’été source de vacances et de détente pour les plus fortunés ou chanceux devient un casse-tête et une source d’inégalités pour les plus précaires, classes moyennes, travailleurs pauvres et chômeurs.
Si, dans les années 60, le rythme de la société, les exigences du monde du travail, des familles plus élargies, permettaient en partie de faire face, en 2022, c’est fini. Pour la majorité des gens, les moins fortunés, les plus fragiles, quand un service public fondamental s’arrête, c’est l’enfer. Les temps de déplacements pour aller travailler, l’impossibilité de joindre les deux bouts avec un seul boulot, l’éclatement des familles, la pression mise sur les travailleurs, mettent des milliers de familles et enfants au purgatoire.
Pas de parascolaire, c’est un repas en plus à préparer chaque jour. Occuper les enfants c’est des dépenses supplémentaires, mais surtout, une exigence de temps et de disponibilité maximale. Pour celles et ceux qui n’ont pas d’emplois, c’est l’impossibilité de faire des recherches et d’en trouver un. Regrettable, car durant l’été, ça engage dans les hôtels et restaurants, on y manque de bras. Mais qui s’occuperait alors des enfants ? Et à quoi bon travailler uniquement pour payer quelqu’un qui garderait les petits ? Pour les plus fragilisés, les enfants auront été confiés à quelqu’un (pas forcément formé, c’est la survie, le système D) ou on les laissera se débrouiller seuls, devant la télé. Bonjour les dégâts, mais pas le choix.
Et puis, à la rentrée, certains enfants auront pris du retard sur les gamins des familles plus aisées qui les auront emmenés en vacances, voir des musées, permis de développer des compétences en lecture, etc.
Vous me direz sûrement qu’il existe des camps aérés et des possibilités d’activités l’été pour les enfants, dans les maisons de quartier et grâce à divers organismes. C’est vrai, fort heureusement, et il faut tirer un grand coup de chapeau à celles et ceux qui les animent. Mais c’est aussi connu et reconnu que ces camps aérés sont pris d’assauts et très rapidement complets. Et puis le coût, même s’il est adapté aux revenus, n’est pas négligeable. Enfin, les enfants ne sont pas des pions que l’on case. Il y a bien des journées d’acclimatation à la crèche et de devenir élève à l’école. Un enfant, ce n’est pas une chose que l’on place et transbahute pour deux semaines avec des inconnus dans un coin où ils ne sont jamais allés. Rappelez-vous vous souvenirs de camp d’été quand vous étiez enfants…. pas toujours facile n’est-ce pas ? Et enfin, les enfants des travailleuses et travailleurs qui s’occupent des enfants des autres… qui en prend soin l’été ?
Fatalité ? Non. Une vraie politique familiale permettrait de lutter contre les spirales vicieuses de la précarisation. Et cela, été comme hiver, même quand l’école s’arrête.