Un blocage salutaire

  • 26. juin 2022
  • air du temps
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Peu avant Pâques, le Pont du Mont-Blanc a été bloqué durant deux heures par des activistes de Renovate Switzerland[1]. Cette action avait lieu dans le cadre d’une campagne de résistance civile qui demande au Conseil fédéral de mettre en place un programme de rénovation massive des bâtiments afin de permettre aux cantons de rénover d’ici à 2040 le million de maisons qui nécessite une isolation d’urgence afin de préserver le climat.

Un électrochoc nécessaire

Devant l’inaction du politique et particulièrement du Conseil fédéral en termes de climat, des citoyen-ne-s ont pris leur courage à deux mains pour s’en coller une sur le bitume, dire stop, ça suffit. Bravo au passage à la police genevoise qui a géré avec professionnalisme cette action, protégeant ces activistes des comportements agressifs. Immobiliser le trafic est un acte fort. Ces intrépides risquent un casier judiciaire. Ils assument pleinement leurs actes. Les déferlements de haine à leur égard sont grotesques. Tirer sur le messager en rassure peut-être certains, mais il est infantile de ne pas entendre leur message.

Illégal peut-être, tout comme la conduite de 90% d’automobilistes

Les moralistes invoquent le fait que le blocage temporaire du pont était une prise d’otage et l’action illégale. Certes… mais pardon : depuis des décennies la ville est prise en otage par les flux incessants de bagnoles. La loi est quotidiennement violée par des automobilistes qui tapotent sur leur téléphone au mépris de la vie des autres, frôlent les cyclistes, refusent des priorités, brûlent les feux, etc. Les excès de vitesse sont désormais la norme. Un enfant qui naît en ville a une espérance de vie de 7 ans inférieure par rapport à la campagne du fait de la pollution. Plus de 120’000 personnes souffrent du bruit excessif à Genève avec des impacts sévères sur leur sommeil, leur santé. Les normes bruits sont explosées. En 2021, le bilan du nombre de morts et de blessés graves sur les routes a atteint des records. Les contrôles sont insuffisants. Les autorités roupillent. Alors, aux hypocrites qui hurlent parce que neuf habitant-e-s se sont assis pacifiquement deux heures sur un pont, à la Conseillère d’État qui les traite d’illuminés, un seul mot : hypocrites, ôtez d’abord la poutre de votre œil et soignez votre strabisme avant de juger la paille de ces courageux. L’histoire leur donnera raison d’avoir sonné l’alarme.

Une connaissance m’a témoigné avoir été pris le jour de l’action dans les bouchons. Il habite aux Eaux-Vives et travaille à Gland. Du fait du Covid-19 il avait pris l’habitude d’aller au boulot en voiture, et avait gardé cette manie. Le blocage du pont a fonctionné comme un déclencheur. Il s’est rendu compte de la stupidité de continuer à prendre sa voiture alors que des moyens de transport publics efficaces, moins coûteux et plus écologiques sont à disposition.

On évalue à environ 50% les gens qui tous les matins ont des alternatives à la voiture, mais par habitude, confort, fausses croyances, continuent à prendre leur voiture individuelle. Cela est une aberration aux coûts sanitaires et écologiques monstrueux.

Les activistes qui se sont collés les mains sur le pont du Mont-Blanc nous invitent à nous décoller de nos habitudes. Alors soit on se bouche les yeux et les oreilles à la colle d’émeri, soit on les ouvre, enfin, pour se donner des perspectives et voir un peu plus clair.

[1]https://renovate-switzerland.ch

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