L’ancien conseiller national UDC Christoph Mörgeli a signé dans la Weltwoche, officine de ce parti, un article de 4 pages traînant dans la boue le conseiller fédéral Alain Berset. Réchauffant une vieille histoire de liaison extra-conjugale, son objectif était clair : salir le Conseiller fédéral en tapant sous la ceinture. La presse romande a suivi docilement l’UDC dans le caniveau, voyant un intérêt public là où il n’y avait que manœuvre politique. Le thème a fait la manchette de la Tribune de Genève. Pour quel intérêt ? On s’en moque bien de savoir avec qui couche Berset. Chacun-e à le droit de gérer sa vie privée comme il l’entend. Cet épisode illustre par contre bien à quel niveau l’UDC place le débat public. La gestion de la pandémie est un casse-tête, les taux d’infection inquiétants, les décisions politiques difficilement acceptées par la population. L’UDC propose … d’aller fouiller dans la culotte de notre ministre de la santé. A ces méthodes d’apprentis paparazzis vivant du scandale qu’ils créent, une seule réponse possible : le mépris et le refus de laisser ramener la vie politique suisse à un épisode de la série Sex/life.
L’émission infrarouge de la RTS, est tombée dans le panneau de l’UDC, en faisant une émission spéciale sur le fond de la culotte de Berset, descendant sans honte dans le caniveau people. La RTS invoquera sûrement l’intérêt public. Ah bon. Etonnant pour un media qui, lorsque les scandales sur les harcèlements sexuel en son sein avaient éclaté n’avait pas daigné ouvrir son émission au débat. Sûrement trop personnel comme enjeu public. Concernant Berset, c’est l’exact inverse: il s’agit d’une affaire privé d’un personnage public, cela mériterait retenue. Comme quoi la notion « d’intérêt public » semble plus soumis à l’audimat que sujet à interprétation.
Surtout, en tirant sur l’ambulance Berset, l’UDC et ceux qui le suivent font le lit des fascistes, complotistes, anti-vax et autres. Pendant que Maurer se balade avec le T-shirt des « Freiheitstrychler », groupe de sonneurs de cloches fermement opposé aux mesures de lutte contre le coronavirus, cassant et la collégialité du Conseil fédéral et le message sanitaire que les autorités défendent, la diversion de l’UDC sur Berset permet de déplacer le curseur politique sur des affaires de moeurs… et quelques jours plus tard les extrémistes anti-mesures de protections sanitaires assiègent le palais fédéral.
L’UDC indique le caniveau, son objectif est clair, couler Berset dans le purin. Cela n’étonnera personne de la part du parti d’extrême droite. La complicité avec laquelle la presse marche dans la combine est plus discutable, faisant le lit des extrémistes et d’un débat vicié cautionnant attaques personnelles et dénigrement. Des autocollants antisémites, immondes, grimant Berset en Adolf Hitler avec « mein kampf » en bandeau sont collés sur des murs à Genève. Dégoût total.