Des centaines de hauts fonctionnaires des Nations unies, anciens et actuels, ainsi que des juristes de renommée mondiale, demandent instamment aux Nations unies d’ouvrir immédiatement une enquête sur le massacre perpétré par l’Iran en 1988, qui serait assimilable à des « crimes contre l’humanité » et à un « génocide ».
Dans des lettres adressées au Conseil des droits de l’homme et au Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, des centaines d’experts internationaux en matière de droits de l’homme, dont l’ancien président de la Cour pénale internationale et plus de 100 fonctionnaires actuels et anciens des Nations unies, ont déclaré que le massacre de prisonniers politiques en Iran en 1988 s’apparentait à des crimes contre l’humanité et à un génocide, et ils ont appelé à la mise en place d’une enquête internationale qui permettrait de traduire ses auteurs en justice.
La lettre ouverte publiée jeudi 27 janvier, rédigée par Justice for the Victims of the 1988 Massacre in Iran (JVMI) a été signée par quelque 460 personnes, dont un ancien président de la Cour pénale internationale (CPI), Sang-Hyun Song, et Stephen Rapp, un ancien ambassadeur américain pour la justice pénale mondiale.
Au cours de l’été 1988, sur la base d’une fatwa du guide suprême iranien, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, pas moins de 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés de manière extrajudiciaire ou ont disparu de force. Les victimes appartenaient à divers groupes politiques. La majorité d’entre elles étaient des militants de l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI ou MEK), des détenus marxistes ou de gauche.
Dans une interview accordée à Reuters, Javaid Rehman, L’enquêteur de l’ONU sur les droits de l’homme en Iran avait déjà demandé une enquête indépendante sur les allégations d’exécutions de milliers de prisonniers politiques ordonnées par l’État en 1988 et sur le rôle joué par le président élu Ebrahim Raïssi en tant que procureur adjoint de Téhéran.
« Les auteurs de ces actes continuent de bénéficier de l’impunité. Parmi eux figurent l’actuel président iranien Ebrahim Raïssi et le chef du pouvoir judiciaire Gholam-Hossein Mohseni Ejei », indique la lettre ouverte. M. Ejei a succédé à M. Raisi à la tête du pouvoir judiciaire iranien.
« Le fait qu’Ebrahim Raisi ait accédé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour les crimes contre l’humanité que constituent les meurtres, les disparitions forcées et la torture, est un sombre rappel de l’impunité qui règne en Iran. En 2018, notre organisation avait recueilli des informations sur la manière dont Ebrahim Raïssi avait été un membre de la “commission de la mort”, qui avait soumis à des disparitions forcées et exécuté secrètement de façon extrajudiciaire des milliers de dissidents politiques dans les prisons d’Evin et de Gohardasht près de Téhéran en 1988, a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International,:
L’appel au Conseil des droits de l’homme et au Haut-Commissaire aux droits de l’homme représente le plus grand appel international à l’ONU de l’histoire par la communauté internationale des experts et des droits de l’homme pour que les responsables iraniens soient tenus responsables du massacre de 1988.
« Nous demandons instamment au Conseil des droits de l’homme des Nations unies de s’opposer de toute urgence à l’impunité dont jouissent les responsables iraniens en demandant une enquête internationale sur les exécutions de masse et les disparitions forcées de milliers de prisonniers politiques en 1988, qui constituent des crimes contre l’humanité », indique la lettre.
Une demande que toute personne soucieuse de la défense des droits humains et désireuse que justice soit rendue ne peut que soutenir.
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Texte paru dans le courrier du jeudi 10 février