Il y a-t-il un-e pilote dans la loco ?

  • 26. juin 2022
  • air du temps
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L’Intercity de 9h42 peine à partir de la gare Cornavin. Plusieurs minutes après le départ annoncé, le chef de train fait entendre d’une voix résignée : « par manque de personnel roulant, ce train est immobilisé à quai. » Un peu plus tard, il annoncera un retard dépassant vingt minutes. Les passager-e-s sont priés de rejoindre un régional stationné sur le quai d’en face. Le train se vide. Personne pour parier que les vingt minutes annoncée ne se transformeront pas en heures ou en annulation pure et simple. Va pour le tortillard.

Le petit régio subira évidemment lui aussi son ajournement : « pour assurer une correspondance ». L’état des toilettes est déplorable, l’évier bouché. On a l’impression de rentrer dans les WC d’un festival en bout de soirée. Cahin-caha, la majorité debout et résignée, les passagers arriveront à destination. C’est ainsi que les CFF justifieront certainement leur transbahutement des masses populaires : « on finit toujours par vous amener à bon port ». Oui, même quand ça finit en car postal au milieu de la nuit ou en Über surtaxé. Certitude : si le service n’a cessé de se détériorer, les tarifs ont pris l’ascenseur. Le client paie toujours plus cher un service toujours plus fragile. Voilà 10 ans, un abonnement demi-tarif annuel était à 120.- Le voilà à 165.- …sans pilote dans la loco.

La ponctualité, comme les correspondances, ne sont plus garanties. Les conditions de travail des employé-e-s se détériorent. Des client-e-s renoncent à prendre le train quand ils ont un avion ou un rendez-vous important à assurer. On est passé de l’orgueil national du train précis à la seconde à la joie maussade de pouvoir simplement être déplacé du point A au point B, quitte à passer par Z.

N’importe quelle famille normalement constituée sera tentée de se rabattre sur l’achat d’une bagnole après avoir été soumise à l’exercice de grimper dans les vieux trains CFF, d’être pris dans les retards ou interruptions de lignes. Les CFF se moquent des cyclistes, considérés comme des gêneurs. Pas mieux pour les personnes à mobilité réduite. Au final, tant qu’à être coincé, autant que ce soit dans des bouchons avec ses gamins bien attachés, une petite musique douce et l’air conditionné penseront certains.

On voudrait nous décourager d’utiliser les transports publics qu’on ne s’y prendrait pas autrement. C’est mal nous connaître. On lutte. Dommage que les autorités genevoises, du Conseil d’État aux élus nationaux soient peu enclins à fournir des efforts pour obtenir des résultats à Berne.

Probablement trop absorbés par le parcage des scooters sur les trottoirs ou la largeur des traits de peinture de pistes cyclables, ils en oublient l’essentiel : connecter correctement Genève au reste de la Suisse, défendre à Berne la qualité du transport et les conditions de travail des employé-e-s.

Il est pourtant urgent de remettre un-e pilote dans la loco.

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