Qui bloque la Ville ?

  • 07. février 2022
  • air du temps
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Le mouvement extinction rébellion a demandé que le Conseil fédéral déclare l’urgence climatique, sinon ils passeront à l’action. Les activistes du climat ont annoncé qu’il bloqueront la ville de Zurich pacifiquement si les autorités n’écoutent pas la communauté scientifique. Cela en a fait frémir certain-e-s… mon Dieu bloquer une ville! Des images d’embargo, de siège, de barricades ont surgi.

Des élu-e-s se sont distancé-e-s en rappelant qu’évidemment si la cause était juste il fallait utiliser le dialogue et la concertation pour avancer. D’autres ont sévèrement condamnés, appelant presque à mobiliser les chars de l’armée pour écraser les mutins. Après avoir entendu tout cela on est descendu dans la rue. Qu’avons-nous vu?

La ville est déjà bloquée et ce n’est pas à cause d’extinction rébellion. Elle est bloquée 365 jours par an par des colonnes de voitures et des camions qui entravent les déplacements, immobilisent la population, mettent des obstacles urbains à la marche des piétons, imposent le risque d’accident aux habitant-e-s.

Qui bloque la Ville au quotidien ?

Les véhicules motorisés individuels. Qui la pollue également : les mêmes! Qui nous brise les oreilles et met en danger la santé des habitant-e-s? Les pétaradeurs, les champions du klaxon, les accrocs du champignon qui s’en foutent que les excès de décibels rendent les autres malades. Ils vivent dans une coque en métal et se moquent du monde environnant comme des quartiers qu’ils traversent à toute allure ; des écoles devant lesquelles ils passent en colonnes fumeuses. La ville est à eux depuis des décennies, ils y croisent comme des propriétaires heureux à et s’y parquent en exploitant des espaces démesurés. Taules, ferrailles et bitume, l’emprise est totale. Au point que lorsque deux présidents viennent pour une rencontre au sommet à Genève et interdisent le trafic sur certains tronçons une partie de la population le vit comme une libération. Plaisir de redécouvrir ce qu’est une ville apaisée, et ce qu’elle pourrait être au quotidien.

Comment débloquer le blocage ?

La ville est colonisée jusqu’au sous-sol par la bagnole. Solutions? Les piétons disent-ils n’ont qu’à se ranger sur des trottoirs étroits (que leurs disputent les deux roues parqués illégalement). Les habitant n’ont qu’à fermer leurs fenêtre, installer du double vitrage, couler du phonoabsorbant sur les routes puisque le bruit les dérange. La voiture voyez-vous c’est la liberté, celle de nuire aux autres en toute légalité. Qui peut l’arrêter?

Puisque la ville est bloquée par la bagnole et qu’elle en meure, il faut l’en libérer. Et puisque les mouvements de l’immobilisme s’accrochent à leurs carcasses de métal comme le pendu à sa corde; alors que ceux qui défendent depuis des décennies la voiture en ville le font au nom même de l’économie alors cela la tue par une ville toujours plus inhospitalière; et puisque par leur inaction ils aggravent les maux mortels qui menacent notre existence même : pollutions, réchauffement, épuisement liés aux bruits, maladies; et parce que, constitutionnellement, moralement, physiquement, nous avons le droit d’habiter un espace sain et la faiblesse de croire que nos enfants y auront droit également, il faut résolument bloquer les bloqueurs, et freiner ces pollueurs.

Saluons donc celles et ceux qui ont le courage de secouer le vieux monde et ses lenteurs, ses demies mesures et ses impuissances. Pour que la ville respire et que la vie demain y soit toujours possible, libérons-la de ce qui l’a rendu invivable : le trafic motorisé et ses défenseurs du droit de polluer et nuire à autrui impunément.

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