Macron Courageuuuh ?

  • 07. février 2022
  • air du temps
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560x315_cmsv2_a67e23e7-66e7-5fc0-8e68-298a08911ef0-5607320.jpgDans l’éditorial du jeudi 6 mai, de la Tribune de Genève le journaliste Alain Rebetez rend hommage à Emmanuel Macron pour son « courage face aux tabous de l’histoire »[1]. L’éloge du président français porte sur sa capacité à aborder la question coloniale (sic!). Macron a « mandaté l’historien Benjamin Stora sur l’Algérie et Vincent Duclert sur le Rwanda ». Ah la belle affaire !

La guerre d’Algérie s’est terminée en 1962 et l’abomination du génocide du Rwanda a duré 90 jours en 1994… il y a presque 60 et 30 ans respectivement ! Les historiens ont fait leur travail, les faits sont largement connus et reconnus, il y a des bandes-dessinées, des pin’s et des films sur le sujet, bien que la France renâcle encore à ouvrir ses archives.[2] Macron arrive plutôt comme une voiture balais à la remorque de l’histoire. Les acteurs principaux se sont éloignés de la scène, les prescriptions sont atteintes, les enjeux politique ont changé. La raison d’État permet de positionner la France autrement sur une question mémorielle en se valorisant même sur un plan éthique, tout en maintenant des zones d’ombre et surtout en poursuivant le sale boulot ailleurs.

En Algérie les gégènes sont froides. Au Mali, la France tue des civils en bombardant mariage et villages.

Macron n’est pas courageux. Il fait cyniquement de la Realpolitik. D’ailleurs, sur le terrain, la Françafrique se porte très bien, merci. Après le coup d’état au Mali en 2020 et la chute du président Ibrahim Boubacar, la France poursuit son ingérence. Au Tchad, l’assassinat du Président Idriss Déby Itno a conduit Macron à adouber son fils en se rendant immédiatement aux funérailles où il a été accueilli en grandes pompes. Les opposants tchadiens parlent de coup d’État. La France maintient ses accointances.[3] Au Cameroun, Paris continue de soutenir à bouts de bras le sénile dictateur Biya au pouvoir depuis… plus de 40 ans. En Côte d’Ivoire, d’Houphouët-Boigny à Ouattara ; au Burkina Faso, de Blaise Campaoré au gouvernement actuel, la France ferme les yeux sur les violations des droits humains et intervient militairement pour défendre ses intérêts contre ceux des peuples. Le réengagement militaire français est massif. Le retour à l’ordre ancien à l’ordre du jour.

Macron courageux ? Allons donc !  Comme le rappelle Christiane Taubira en évoquant le silence d’Emmanuel Macron lors de la cérémonie de mémoire de l’esclavage. : « Il est édifiant qu’il n’ait rien trouvé à dire sur plus de 200 ans d’Histoire de France alors qu’il y a 5 jours il faisait des gammes sur Napoléon. » Le véritable courage serait de rompre avec la Françafrique, une politique néocoloniale tissée de réseaux extra-diplomatiques, d’affairisme, de liens occultes et militaires et d’exécutions sommaires, de modifier la politique migratoire et reconnaître enfin ce qu’a été l’esclavage sans le passer sous silence. [4]

Mais à ce jour, il n’en est pas question… ou alors juste sur le papier, pour distraire la galerie. Peut-être que la France s’en excusera dans 30 ans Mais en attendant, il faut être bien complaisant pour croire au « courage » d’Emmanuel Macron.

 

[1]https://www.tdg.ch/le-courage-demmanuel-macron-face-aux-tabous-de-lhistoire-968462214690

[2]https://www.monde-diplomatique.fr/2021/05/A/63106

[3]https://fr.africanews.com/2021/04/29/tchad-emmanuel-macron-dans-les-vieux-pieges-de-la-francafrique/

[4]https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-tacle-de-christiane-taubira-a-emmanuel-macron-en-marge-de-la-commemoration-de-labolition-de-lesclavage_fr_60995663e4b0aead1b86e0c5

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