Alors que les caméras du monde entier sont aujourd’hui braquées sur Genève, que les présidents de deux des plus grandes puissances mondiales se rencontrent au parc La Grange, nous souhaitons dénoncer la guerre d’agression lancée par l’Azerbaïdjan le 27 septembre dernier contre les Arméniens du Haut-Karabakh ayant causé plus de 10 000 morts de part et d’autre et alerter sur les menaces qui pèsent lourdement aujourd’hui sur le peuple arménien.
En novembre passé, nous déposions au parlement cantonal genevois une résolution à l’assemblée fédérale condamnant l’attaque de la République d’Azerbaïdjan contre la République d’Arménie ainsi que l’attaque de l’Azerbaïdjan contre la République du Haut-Karabagh. Nous demandions à l’assemblée fédérale de faire tout ce qui était en son pouvoir afin de faire valoir le respect intégral du droit international et du droit humanitaire et particulièrement des Conventions de Genève, dont la ville de Genève et la Suisse sont dépositaires. Nous avons pu éprouver lors des débats parlementaires les résistances de certains députés et les refus d’autres de prendre position, leur volonté crasse de défendre tristement une neutralité passive, une neutralité de compromission avec un silence honteux liés aux intérêts économiques se faisant sur le dos des droits humains. Nous avons pu constater encore combien de chemin reste à parcourir afin d’éveiller les consciences et pousser la Suisse à être plus active et la hisser à la hauteur de son ambition d’ambassadrice des bons offices.
Monsieur Biden, reconnaître le génocide arménien de 1915 en avril a été un moment historique importante qu’il faut saluer à sa juste valeur. Mais il est désormais important d’aller plus loin encore et de reconnaître, en particulier, le droit à l’autodétermination des Arméniens du Haut-Karabagh (Artsakh) comme seule possibilité de garantir leur sécurité, appliquant en l’espèce le principe de la « sécession- remède ».
Monsieur Putin, avoir déployé les forces russes comme casques bleus sur une ligne de front a placé la Russie en maître du jeu, mais seule une solution politique négociée sera durable. Un soutien plein et entier à un processus de paix visant une situation juste et durable au Caucase du Sud, respectueuse des droits de tous les peuples de la région est la seule issue viable.
Enfin, Monsieur Parmelin, à la Suisse, si fière de ses bons offices et de sa capacité à réunir autour d’une table les grands de ce monde, nous devons sans cesse rappeler de ne pas oublier ceux qui vivent à l’ombre de ces derniers, et dont la vie et la survie se joue bien souvent loin des caméras et des communiqués de presse. Nous devons sans cesse, de là où nous sommes, inviter la Suisse à jouer de sa modeste mais parfois décisive influence pour défendre le droit complet à l’autodétermination des peuples.
Alors que les petits plats sont mis dans les grands pour accueillir aujourd’hui ce sommet Biden-Poutine à Genève, que l’argenterie est de sortie, nous souhaitons interroger les bons offices de la Suisse, sa réelle volonté de placer les droits humains au cœur de tout échange. Défendre la neutralité active et le multilatéralisme est chose louable, il faut maintenant que cela se traduise concrètement dans des prises de parole et des actes diplomatiques concrets afin de ne pas devenir complice d’agissements contraires au droits international et au droits humains.
Alors que les discussion ont lieu en ce moment même aux Eaux-Vives, nous demandons que les enjeux du Haut-Karabagh et les menaces pesant sur l’Arménie y soient évoqués.
Longue vie à l’Arménie et au droit à l’autodétermination des peuples !